mercredi 22 septembre 2010
[MUSIQUE] Le chanteur camerounais Longuè Longuè retourne en prison à Bordeaux (Afrik.com)
Le chanteur camerounais a été condamné à 10 ans de prison dans une affaire de mœurs
Chanteur très célèbre au Cameroun depuis son titre Ayo Africa dans lequel il se positionnait en libérateur de l’Afrique, le chanteur de Makossa Longuè Longuè a écopé de dix ans de prison ferme, devant la cour d’assise de Bordeaux, en France, dans l’affaire de viol qui l’oppose à la famille de son ex-épouse. Les avocats du chanteur, qui a toujours clamé son innocence, ont annoncé qu’ils feront appel de cette décision.
Retour à la case prison pour le chanteur camerounais Longuè Longuè dit « le libérateur ». Poursuivi pour « viol par personne ayant autorité », l’artiste de Makossa très célèbre au Cameroun, de son vrai nom Longkana Agno, a été condamné, le 16 septembre, à 10 ans de prison par la cour d’assise du tribunal de grande instance de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Un verdict d’autant plus sévère que le chanteur, qui bénéficiait d’une mise en liberté sous caution dans la même affaire a interrompu son séjour au Cameroun pour se présenter devant la justice française. Il espérait être « définitivement blanchi » dans cette affaire de mœurs qui le poursuit depuis près de cinq ans.
C’est en novembre 2005 que commencent les déboires de l’artiste. Longuè Longuè est alors interpellé de façon spectaculaire à Nantes, en France, où il s’apprête à donner un concert. Il est peu après transféré à la maison d’arrêt de Bordeaux. Une camerounaise du nom d’Ebéné Mbassi est à l’origine de la plainte qui a motivé cette interpellation. Alors qu’elle se présente comme son épouse, elle l’accuse d’avoir violé sa nièce, âgée de 17 au moment des faits. La communauté camerounaise est d’autant plus émue par cette affaire que Longuè Longuè n’est pas n’importe qui. Chanteur engagé, révélé au public une décennie plus tôt par le titre « Ayo Africa » dans lequel il plaint le sort du continent africain victime de dictature et de pillage, il a réussi à s’installer dans les cœurs par ses chansons destinées à éveiller les consciences sur fond de mélodies endiablées. C’est sans doute fort de cette popularité qu’un bienfaiteur – le footballeur Eto’o Fils, selon certains - paye sa caution. Après trois mois de détention préventive, il est donc remis en liberté conditionnelle le 22 février 2006.
Il a toujours clamé son innocence
C’est l’occasion, pour lui, de clamer tout haut son innocence. Selon l’artiste, l’affaire ne serait qu’une sombre machination orchestrée par son épouse qui lui reprocherait en réalité de l’avoir laissée tomber. « C’est plus d’un an après notre séparation que, frustrée, elle m’a collé cette affaire au dos. La fillette en question disait être vierge. Or son copain convoqué par les enquêteurs a avoué avoir eu plusieurs rapports sexuels avec elle. La fille a confessé finalement avoir menti », confiera-t-il au quotidien camerounais Mutations, lors d’une interview. Longuè Longuè semble même très confiant, puisqu’il met sur le marché, en juillet de la même année, un nouveau disque au titre très évocateur : « le libérateur libéré ». Les paroles de Examen de conscience, un des titres phares de cet opus, semblent d’ailleurs résumer son état d’esprit : « avant de condamner, fais ton examen de conscience, car tu seras jugé (…) chacun a son tour chez le coiffeur », déclame-t-il. Dans le clip qu’il consacre à cette chanson, il met aussi en scène son arrestation musclée quelques mois plus tôt, par des policiers français. Le clip fait un buzz sur internet, tandis qu’au Cameroun, l’album s’installe au sommet des charts, en dépit du piratage des œuvres qui parasite jusqu’à la moelle la production musicale.
La roue ne semble pas avoir tourné dans le sens qu’espérait Longuè Longuè dans sa chanson. Avant de quitter le Cameroun pour venir à son procès, le chanteur avait sollicité l’intervention du couple présidentiel camerounais et l’annonce de la venue de l’ancien footballeur Roger Milla à son procès le réconfortait, tant il appréhendait son passage devant la cour d’assise. « La cour d’assise c’est comme la loterie, car les jurés peuvent voter à leur guise, sachant que c’est une affaire de mœurs », avait-il confié au quotidien Mutations. Ceux-ci ont donc voté contre lui, d’où sa condamnation à dix ans de prison. Longuè Longuè chez qui semble s’être réveillée une vocation religieuse, puisque dans son dernier album il y consacre deux titres - demande à Dieu et Merci seigneur -, pourrait bien méditer la maxime très connue des chrétiens : « Les voies du ciel sont insondables ». Peut-être rebondira-t-il plus haut qu’après sa première incarcération ? Ses avocats ont décidé de faire appel de sa condamnation.
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