La discrimination religieuse en France a pour résultat que le revenu moyen des immigrés musulmans est de 15% inférieur à celui de ceux de religion chrétienne, selon une étude américano-française publiée aujourd'hui et menée auprès d'immigrés sénégalais de seconde génération. Ces chercheurs ont conduit une enquête auprès de 511 enfants d'immigrés sénégalais chrétiens et musulmans qui vivaient en France en 2009. Ils ont montré qu'au sein de ce groupe, les musulmans gagnaient en moyenne 400 euros de moins par mois (15%) que ceux appartenant à la communauté chrétienne.
Les auteurs de cette étude relèvent en outre que leurs travaux pourraient avoir sous-estimé le degré de discrimination visant les musulmans en France car une partie de la population française n'associe pas les Sénégalais à l'islam. Ils ont également testé les réponses des entreprises françaises à des candidats fictifs soumettant un CV virtuellement identique qui se différenciait seulement par l'appartenance religieuse. Ces chercheurs ont ainsi envoyé plusieurs centaines de CV identiques à l'exception du nom et de deux autres indices de l'appartenance religieuse.
Pour différencier l'influence de la religion d'autres facteurs comme le pays d'origine, les auteurs de l'étude s'en sont tenus à des familles, chrétiennes et musulmanes, venant toutes du Sénégal.
Ils ont constaté que pour 100 réponses positives pour un entretien obtenues par une demandeuse d'emploi fictive, chrétienne et d'origine sénégalaise appelée Marie Diouf, celle de confession musulmane, appelée Khadija Diouf n'en a reçu que 38, soit deux fois et demie moins.
L'expérience des CV "nous a permis d'identifier statistiquement et de façon substantielle une discrimination religieuse dans au moins un secteur du marché du travail, à savoir le secrétariat et la comptabilité", écrivent les chercheurs dont la communication paraît dans les Annales de l'Académie nationale américaine des Sciences (PNAS) datée du 20-26 novembre. "Ceci montre une des causes potentielles expliquant pourquoi les descendants de la première génération d'immigrants sénégalais musulmans en France dans les années 70 ont moins réussi économiquement que ceux de confession chrétienne", ajoutent-ils.
Les chercheurs ont également avancé plusieurs hypothèses pour expliquer cette différence, comme la sympathie naturelle ressentie par les Français de souche --dont les quatre grands-parents sont nés en France-- envers des immigrants ou des descendants d'immigrants partageant la même tradition religieuse. Les Sénégalais chrétiens pourraient, du fait de leur appartenance religieuse, susciter une plus grande confiance et mieux communiquer leur désir d'intégration et de réussite que les immigrants sénégalais musulmans, supputent aussi les chercheurs. Enfin, les pratiques culturelles des musulmans pourraient être perçues par les employeurs français comme conduisant à être moins engagés dans leur travail, relèvent-ils également.
L'étude intitulée "L'intégration en Europe: identification d'un effet musulman" ("Integration into Europe: Indentifying a Muslin effect") a été menée par Claire Adida et David Laitin, de l'Université Stanford (Californie) ainsi que par Marie-Anne Valfort, de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
mercredi 24 novembre 2010
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