mercredi 26 mai 2010
[MEMOIRE] A la source des indépendances africaines (France Info)
En 1960, la France octroie l’indépendance à la plupart de ses anciennes colonies africaines à l’issue d’un long processus. Il a commencé en 1944, sous la pression extérieur, et la France n’a concédé l’indépendance que pas à pas, non sans tenter de conserver le contrôle des territoires concernés.
Dès la Seconde guerre mondiale, la France a dû lâcher du lest dans ses colonies, en grande partie à cause de ses alliés. Si la France libre du général de Gaulle veut être reconnue par les Etats-Unis, elle doit tenir compte du tropisme anti-colonial de Washington. Les dirigeants gaullistes convoquent donc une conférence à Brazzaville en 1944, qui, sous l’impulsion du Guyanais Félix Eboué, donnera le “la” aux orientations prises après-guerre.
De fait, en 1946, l’Assemblée constituante de la IVème République abolit le travail forcé dans les colonies et monte un programme de financement de structures sociales. Elle assouplit le régime colonial en créant des assemblées élues dans chaque territoire, et un grand conseil élu qui siège à côté du gouverneur français, élu toutefois par des collèges de notables. Mais elle donne aussi des garanties aux assimilationnistes, c’est-à-dire à la doctrine coloniale, en réaffirmant l’indivisibilité de la République et en introduisant des députés africains à l’Assemblée nationale.
La France comptait bien en rester là, mais la pression des évènements l’a obligée à pousser plus loin. Les émeutes de Madagascar en 1947, la défaite en Indochine en 1954, le déclenchement de la guerre d’Algérie la même année, les indépendances de colonies britanniques et la conférence des non-alignés de Bandung en 1955, montrent l’aspiration croissante des peuples colonisés à l’émancipation.
LOI-CADRE DE GASTON DEFFERRE
C’est dans ce cadre qu’est votée la fameuse loi-cadre, en 1956, initiée par Gaston Defferre, qui servira de rampe de lancement aux indépendances africaines, même si son promoteur espérait plutôt “maintenir et renforcer l’union nécessaire entre la France et les peuples des territoires d’outre-mer”. Elle crée des conseils de gouvernement élus au suffrage universel dans chaque territoire, qui augmentent l’autonomie de l’exécutif local.
Cette loi et le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958 remettent la question des indépendances au cœur du débat. Mais loin de s’en saisir, la plupart des dirigeants africains restent modérés, voire tièdes. Le soutien de la France leur permettant de consolider leurs pouvoirs, ils ne souhaitent pas couper le cordon, attitude qui conduira à la “France-Afrique” d’Houphouët-Boigny. En 1958, le référendum constitutionnel lancé par le général de Gaulle propose la création d’une Communauté franco-africaine. Tous les pays, sauf la Guinée, immédiatement lâchée et combattue par Paris, acceptent. Mais le refus du Gabon et de la Côte d’Ivoire de s’associer dans des structures fédérales qui reprennent à peu près les contours des anciennes AOF (Afrique occidentale française) et AEF (Afrique équatoriale française) conduisent finalement la France à accorder les indépendances en ordre dispersé. Nous sommes en 1960. Colonisation, décolonisation et postcolonialisme (vidéo).Conférence de l’historien Elikia M’Bokolo.
dimanche 23 mai 2010
[POLITIQUE] Diane Abbott, une femme noire pour succéder à Blair et Brown ? (Rue 89)
Première femme noire élue à Westminster, Diane Abbott se lance dans la course pour diriger le Parti travailliste. Sa candidature surprise dans un univers d'hommes blancs anime la course à la succession au sein du Labour britannique, usé par treize ans de pouvoir.
Depuis la retraite anticipée de Gordon Brown après la défaite électorale du 6 mai, six candidats se sont déclarés pour prendre la tête du Parti travailliste, désormais dans l'opposition. Dans la liste, on dénombre :
- 4 anciens ministres : en ordre d'entrée en scène, David Milliband (ex-Affaires étrangères), Ed Milliband (ex-Environnement), Ed Balls (ex-Education), Andy Burnham (ex-Santé).
- 4 quadras : les mêmes (dans l'ordre, 44, 40, 43, 40 ans).
- 5 hommes blancs : les mêmes, plus John Mc Donnell (59 ans).
- 2 « Milliband » : l'aîné David, et son petit frère Ed.
- 2 « Ed » : Milliband Junior et Balls.
Cherchez l'erreur. Diane Abbott vient semer la zizanie dans ce qui s'annonçait déjà comme une bataille masculine et monocolore. À 56 ans, cette fille d'immigrés jamaïcains, députée de l'est de Londres depuis 23 ans et porte-parole de l'aile gauche du Labour, joue clairement la carte de la différence, comme elle l'a expliqué à la BBC :
« Les autres candidats sont tous gentils et feraient de bons dirigeants pour le Parti travailliste, mais ils se ressemblent tous.
On ne peut pas se permettre d'offrir un choix de candidats qui sont tous pareils. Le Parti travailliste est bien plus divers que ça. »
Bien sûr, le parallèle avec Barack Obama vient tout de suite à l'esprit. Pendant sa campagne en 2008, le sénateur de l'Illinois se plaisait à répéter, de meetings en meetings, qu'il n'avait pas la même tête que les présidents américains dont le portrait s'affiche sur les billets de dollars.
Comme l'actuel occupant de la Maison Blanche, Diane Abbott a déjà écrit une page d'histoire en devenant, en 1987, la première femme noire à siéger à la Chambre des communes.
Autre point commun avec Barack Obama, Diane Abbott est une opposante de la première heure à la guerre en Irak. Au Royaume-Uni, où l'engagement militaire en Irak et en Afghanistan bat des records d'impopularité, sa position est un indéniable atout dans les primaires travaillistes.
Plutôt Jesse Jackson que Barack Obama
Mais la comparaison avec le président américain s'arrête là. Si on veut poursuivre le parallèle avec les Etats-Unis, Diane Abbott serait plus proche du révérend militant Jesse Jackson. Loin de se présenter comme une candidate post-raciale, la députée britannique a d'abord à cœur de défendre les minorités ethniques.
Dans sa circonscription de Hackney North-Stoke Newingon, dans l'est de Londres, l'une des plus déshéritées du pays, trois électeurs sur quatre sont issus des minorités ethniques.
Alors que les autres candidats travaillistes courent après la droite en prônant un discours plus ferme sur l'immigration, Diane Abbott navigue à contre-courant, comme elle l'explique dans un entretien au Guardian :
« L'une des raisons qui m'a poussée à entrer dans la course, c'est d'entendre les autres candidats dire que c'est l'immigration qui nous a fait perdre l'élection.
Plutôt que de nous focaliser sur la classe ouvrière blanche et l'immigration, nous devrions nous attaquer aux raisons sous-jacentes qui rendent les Blancs et les Noirs hostiles à l'immigration, comme le logement et la sécurité de l'emploi.
Il faut faire attention à ne pas faire des immigrés des boucs émissaires en période de récession. On sait où ça peut conduire. »
Quelle est la meilleure stratégie pour les travaillistes, face à une coalition inédite entre conservateurs et libéraux-démocrates, qui risque de condamner le Labour à une cure d'opposition prolongée ? C'est en fait la première fois depuis 1994, lorsque Tony Blair en a pris la tête, que la course au leadership est véritablement ouverte.
Coup de barre à gauche
Les quatre quadras qui briguent la succession sont de purs produits du « New Labour ». Diane Abbott (et dans une moindre mesure, John Mc Donnell) incarne plus clairement la rupture par rapport à l'ère Blair-Brown, dont elle n'a jamais hésité à dénoncer les dérives sur l'économie, sur les interventions militaires extérieures ou encore sur les restrictions des libertés publiques.
Elle revendique un sérieux coup de barre à gauche, aux antipodes de la course à l'électorat centriste engagée depuis Tony Blair. Mais au-delà des idées, la candidature de Diane Abbott a aussi une forte dimension symbolique.
Elle témoigne du fossé entre le discours d'inclusion de la gauche britannique et la réalité de la sous-représentation des femmes et des minorités dans ses instances dirigeantes.
Trente-cinq ans après l'élection de Margaret Thatcher à la tête du Parti conservateur, aucune femme n'a jamais été en position de jouer les premiers rôles chez les travaillistes. Si plusieurs élus issus des minorités ethniques ont été nommés au gouvernement ces treize dernières années, ils ont toujours été cantonnés à des postes de second rang.
Les contradictions de Diane Abbott
Diane Abbott a beau jeu de dénoncer l'élitisme de ses concurrents, alors qu'elle est aussi, comme eux, passée par « Oxbridge » (un raccourci pour les prestigieuses universités d'Oxford et de Cambridge). Elle se bat pour l'école publique, mais elle a scolarisé son fils dans un établissement privé. Elle critique le marketing politique, mais est abonnée des plateaux de télévision.
Diane Abbott peut-elle écrire une nouvelle page d'histoire en devenant la première femme à diriger le Labour ? On ne connaîtra pas le résultat des primaires travaillistes avant le 25 septembre, après un long processus de consultation des adhérents.
Avec son étiquette de pasionaria de la gauche du Labour, les chances de Diane Abbott de l'emporter sont minces. Elle pourrait même avoir du mal à réunir les 33 signatures de députés indispensables pour valider toute candidature. Mais le simple fait qu'elle se lance dans la bataille va changer la physionomie de la course à la succession.
[SOIREE] Les Amazones présentent la soirée Old School au Black and White
Cette soirée est une invitation à voyager dans le temps.A tous les anciens, du mouvement HIP HOP, cette soirée est votre soirée.
La New School, est aussi invitée, à partager les goods vibes, véhiculées lors de cette soirée, qui promet d'être riche en émotion.
Les meilleurs sons des années 80 et 90 vont faire vibrer, vos c...orps.
Quoi de mieux, que des retrouvailles, dans le même contexte que dans nos bonnes vielles soirées d'en-temps.
Venez nombreux, et surtout faites passer le mot, ne soyez pas égoïstes, des moments garantis 100% pure bonheur ça se partagent.
A noter en rouge dans vos agendas, le vendredi 11 juin 2010, c'est du côté du Black & White que ça se passe......
BLACK AND WHITE MELTINGPOT CLUBBING
18 QUAI ROMAIN ROLLAND
69005 LYON
jeudi 6 mai 2010
[NIGERIA] Le président Yar'Abua est mort (Le Figaro)
Le pays le plus peuplé d'Afrique a officiellement perdu son président. Mercredi soir, un porte-parole a confirmé l'information d'un quotidien local qui avait annoncé plus tôt la nouvelle : Umaru Yar'Adua est décédé dans la soirée à la villa présidentielle des suites d'une longue maladie. Il avait 58 ans.
Son état de santé était l'un des secrets les mieux gardés du Nigeria et les spéculations allaient bon train. D'autant plus qu'un président par intérim, Goodluck Jonathan, avait été désigné le 9 février pour éviter de prolonger une trop longue vacance du pouvoir. Il est désormais officiellement le nouveau président du Nigeria, après avoir prêté serment dès jeudi.
Malade depuis des mois, Umaru Yar'Adua s'était rendu en novembre dernier en Arabie saoudite pour soigner ses problèmes cardiaques. Il était revenu le 24 février incognito dans son pays.
Ce professeur de chimie, musulman et père de neuf enfants, était devenu président du Nigeria en 2007. Pour la première fois dans l'histoire du pays, un civil succédait démocratiquement à un autre civil, même si le vote avait été entaché d'irrégularités. Yar'Adua s'était néanmoins attiré les faveurs de la communauté internationale en devenant le premier dirigeant nigérian à déclarer publiquement ses biens.
L'hommage de Barack Obama
Son bilan présidentiel reste quant à lui plutôt décevant : il n'a pas réussi à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la corruption qui gangrène ce pays de 150 millions d'habitants. Yar'Adua a également échoué à mettre fin à l'insurrection dans la région pétrolière du delta du Niger, même s'il avait réussi à négocier une trêve de trois mois en 2009. Après la nouvelle de sa mort, le président des Etats-Unis Barack Obama a fait part de sa tristesse en saluant un dirigeant qui avait «travaillé à la promotion de la paix et de la stabilité en Afrique».
Au Nigeria, le gouvernement par intérim s'est aussitôt réuni pour organiser les funérailles de Yar'Adua. Sept jours de deuil national ont été décrétés et jeudi sera férié. L'enterrement du dirigeant aura lieu dans l'Etat de Katsina, sa région d'origine, dans le nord du pays.
Selon la constitution nigériane, le gouvernement par intérim reste en place. Ce jeudi, Goodluck Jonathan a prêté serment à Abuja, devenant le cinquième président du Nigeria indépendant. En attendant le prochain scrutin présidentiel, en avril 2011, son mandat s'annonce délicat : le pays fait actuellement face à un regain de violence. Dans le centre du pays, des affrontements intercommunautaires ont fait des centaines de morts ces derniers mois tandis que, dans le sud pétrolier du pays, les rebelles ont redoublé d'activité. Et, pour couronner le tout, le Parti démocratique du Peuple (PDP) de feu Yar'Adua et Goodluck Jonathan doit gérer ses nombreuses dissensions internes.
mardi 4 mai 2010
[BD] «Tintin au Congo» doit-il être retiré de la vente? (Libération)
Un Congolais a assigné en justice l'éditeur de «Tintin au Congo», Casterman, afin d'obtenir l'interdiction de cet ouvrage des années 1930 du géant de la BD belge Hergé, qu'il estime «raciste» à l'égard des Africains, a indiqué lundi une porte-parole de la maison d'édition.
«Nous comparaîtrons le mercredi 12 mai après avoir été assignés en tant qu'éditeur et que distributeur», a déclaré Valérie Constant.
Le plaignant, Bienvenu Mbutu Mondondo, un Congolais de la République démocratique du Congo (RDC), résidant en Belgique, «demande que l'album soit retiré de la vente ou à défaut qu'un avertissement y soit inséré», car il considère que la vision des Noirs africains qu'il véhicule est offensante, a-t-elle précisé.
«La position de Casterman est de s'opposer au retrait. Cela fait 80 ans que cet ouvrage, qui n'est qu'une photographie de sentiments de l'époque, est distribué aussi bien en Europe qu'en Afrique, sans causer de problèmes», a souligné Mme Constant.«Tintin au Congo fait partie du patrimoine mondial de la bande dessinée»
Quant à insérer un avertissement, a-t-elle poursuivi, «Casterman ne peut pas prendre seul une telle décision, qui touche au droit moral des ayants droit», c'est-à-dire de la veuve d'Hergé, Fanny Rodwell.
Invoquant une loi belge de 1981 réprimant le racisme, M. Mondondo avait entamé une action au pénal dès l'été 2007 contre Moulinsart S.A., société ayant les droits dérivés d'exploitation et de reproduction autres que les droits d'édition et gérée par Nick Rodwell, second mari de la veuve d'Hergé, Fanny.
La procédure n'ayant pas encore débouché, il a intenté à la mi-avril une action au civil, affirmant le caractère «urgent» d'une interdiction de «Tintin au Congo».
Lors de la première séance du tribunal de première instance de Bruxelles, le 28 avril, le juge a renvoyé l'affaire au 5 mai pour que Moulinsart SA ait le temps d'étudier le dossier au civil.
A cette occasion, le tribunal doit aussi décider s'il joint au dossier une autre plainte déposée entre temps au civil par un diplomate congolais à la retraite, Yves Otoka. Il ne réclame lui que l'adjonction d'un avertissement sur les «préjugés» raciaux reflétés par l'ouvrage, comme c'est déjà le cas dans l'édition anglaise.