Le gouverneur général du Congo, Félix Eboué, et le général de Gaulle, en 1944, à Brazzaville, au cours de la conférence qui a lancé le long processus de décolonisation de l'Afrique coloniale française. © AFP
En 1960, la France octroie l’indépendance à la plupart de ses anciennes colonies africaines à l’issue d’un long processus. Il a commencé en 1944, sous la pression extérieur, et la France n’a concédé l’indépendance que pas à pas, non sans tenter de conserver le contrôle des territoires concernés.
Dès la Seconde guerre mondiale, la France a dû lâcher du lest dans ses colonies, en grande partie à cause de ses alliés. Si la France libre du général de Gaulle veut être reconnue par les Etats-Unis, elle doit tenir compte du tropisme anti-colonial de Washington. Les dirigeants gaullistes convoquent donc une conférence à Brazzaville en 1944, qui, sous l’impulsion du Guyanais Félix Eboué, donnera le “la” aux orientations prises après-guerre.
De fait, en 1946, l’Assemblée constituante de la IVème République abolit le travail forcé dans les colonies et monte un programme de financement de structures sociales. Elle assouplit le régime colonial en créant des assemblées élues dans chaque territoire, et un grand conseil élu qui siège à côté du gouverneur français, élu toutefois par des collèges de notables. Mais elle donne aussi des garanties aux assimilationnistes, c’est-à-dire à la doctrine coloniale, en réaffirmant l’indivisibilité de la République et en introduisant des députés africains à l’Assemblée nationale.
La France comptait bien en rester là, mais la pression des évènements l’a obligée à pousser plus loin. Les émeutes de Madagascar en 1947, la défaite en Indochine en 1954, le déclenchement de la guerre d’Algérie la même année, les indépendances de colonies britanniques et la conférence des non-alignés de Bandung en 1955, montrent l’aspiration croissante des peuples colonisés à l’émancipation.
LOI-CADRE DE GASTON DEFFERRE
C’est dans ce cadre qu’est votée la fameuse loi-cadre, en 1956, initiée par Gaston Defferre, qui servira de rampe de lancement aux indépendances africaines, même si son promoteur espérait plutôt “maintenir et renforcer l’union nécessaire entre la France et les peuples des territoires d’outre-mer”. Elle crée des conseils de gouvernement élus au suffrage universel dans chaque territoire, qui augmentent l’autonomie de l’exécutif local.
Cette loi et le retour du général de Gaulle au pouvoir en 1958 remettent la question des indépendances au cœur du débat. Mais loin de s’en saisir, la plupart des dirigeants africains restent modérés, voire tièdes. Le soutien de la France leur permettant de consolider leurs pouvoirs, ils ne souhaitent pas couper le cordon, attitude qui conduira à la “France-Afrique” d’Houphouët-Boigny. En 1958, le référendum constitutionnel lancé par le général de Gaulle propose la création d’une Communauté franco-africaine. Tous les pays, sauf la Guinée, immédiatement lâchée et combattue par Paris, acceptent. Mais le refus du Gabon et de la Côte d’Ivoire de s’associer dans des structures fédérales qui reprennent à peu près les contours des anciennes AOF (Afrique occidentale française) et AEF (Afrique équatoriale française) conduisent finalement la France à accorder les indépendances en ordre dispersé. Nous sommes en 1960. Colonisation, décolonisation et postcolonialisme (vidéo).Conférence de l’historien Elikia M’Bokolo.
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