La direction Ile-de-France - Nord de Lidl discriminerait certains employés. L’affaire a été confiée à la PJ de Creil (Oise) et deux dirigeants ont été mis sous contrôle judiciaire.
Dans un mois, le 18 août, le directeur régional de Lidl Ile-de-France - Nord et son directeur administratif devront répondre de discrimination à l’embauche en raison de l’origine. Une infraction punie de trois ans de prison et 45000 € d’amende. Au terme de plus d’un an d’enquête menée par la PJ de Creil (Oise), ces deux dirigeants ont été placés sous contrôle judiciaire.
L’aboutissement d’une telle procédure est assez rare. Faty Diop, substitut, préside la cellule de veille anti-discrimination au parquet de Senlis. « La difficulté est de rapporter la preuve. Les justiciables se découragent. C’est la première procédure qui aboutit », souligne-t-elle.
En mars 2010, Hawa*, une salariée d’origine ivoirienne, employée dans le Lidl de Nogent-sur-Oise, est remerciée brusquement après une promesse d’embauche. Sa plainte déposée auprès du commissariat va ouvrir la boîte de Pandore. Les langues se délient bien au-delà de l’Oise. Cette direction régionale gère 70 magasins dans six départements (Paris, Hauts-de-Seine, Yvelines, Val-d’Oise, Oise et Aisne).
Au moins six responsables de réseau s’épanchent devant les enquêteurs. Lidl aurait donné pour consigne à tous ses cadres de ne plus recruter les étrangers titulaires d’une carte de séjour « vie privée et familiale ». Si cela est confirmé, la discrimination serait caractérisée. D’autre part, lors des sessions de formation, la direction produit devant ses nouveaux manageurs un document PowerPoint où ces cartes de séjour sont barrées d’un trait rouge. Dans ce dossier, ce titre de séjour constitue le nerf de la guerre. Il est attribué à tout étranger marié à un(e) Français(e). C’est le cas de Hawa. Chez Lidl, Fatiha Hiraki, déléguée du personnel Unsa, est montée au créneau. Son syndicat s’est porté partie civile. « J’ai déjà réuni une trentaine de CV refoulés sur cette base », confie-t-elle. La carte de séjour complique la vie des entreprises. Lors du renouvellement de leur carte, les salariés peuvent demander à l’employeur leur prise en charge. « Cela représente plusieurs centaines d’euros par an et par salarié », explique la syndicaliste. La direction nationale de Lidl laisse le soin à son avocat de préparer la contre-offensive. Me Olivier Gutkes balaie en bloc les accusations : « Dans cette direction régionale, le tiers de la main-d’œuvre est étrangère. Le directeur que l’on accuse est lui-même d’origine étrangère. » La thèse est limpide selon lui : « Une personne qui n’a pas obtenu l’emploi qu’elle souhaitait a porté plainte. Elle est d’ailleurs la seule. »
* Le prénom a été changé.
samedi 16 juillet 2011
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