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samedi 23 avril 2011

[MUSIQUE] Retour triomphal de Sexion d'Assaut soutenu par le Printemps (Le Monde)

Habillés de survêtements blancs, les garçons du collectif de rap parisien Sexion d'Assaut ont clôturé, jeudi 21 avril, la soirée hip-hop du Printemps de Bourges. Si leur carrière n'avait pas été brisée en plein essor à la suite de propos antihomosexuels tenus par l'un deux, Lefa, dans un magazine de rap en juin 2010, ils auraient dû remplir le Palais omnisport de Bercy en ce mois de mai.
Mais la tournée des scènes de musiques actuelles (SMAC) qu'ils devaient réaliser à l'automne 2010 avait été annulée dans sa quasi intégralité à la demande d'associations gay, de directeurs de salles et d'élus locaux. Des partenariats radio avaient été stoppés. Directeur du Zénith parisien, et du Printemps de Bourges, Daniel Colling s'était refusé à jouer le rôle de policier. "Leurs propos n'ont pas été condamnés par la justice, ils ne chantent pas de textes homophobes", avait-il expliqué en maintenant leur concert dans la salle parisienne cet hiver.

Numéros un du classement des ventes de disques avec l'album L'Ecole des Points vitaux, en bonne route vers les sommets avec En attendant l'apogée, paru en avril, les Sexion d'Assaut avaient multiplié les débats citoyens, fait amende honorable, et parlé avec franchise des préjugés dont les homosexuels sont victimes "dans les milieux de la rue", autant que chez les footballeurs.

"IL NE FAUT PAS LES OSTRACISER"

Le 21 avril, dans les coulisses du Phénix, Daniel Colling est presque porté en triomphe par la bande de la Neuvième Zone (9e arrondissement de Paris) parce qu'il "a compris le problème", qu'il n'a pas cédé au principe de double peine "noir, rappeur". A ses côtés, Doudou, directeur de la programmation du Printemps de Bourges, son dauphin pressenti, qui vient de donner un entretien à France Inter : "En 1977, l'idée première du Printemps de Bourges était que tout le monde puisse s'exprimer. La culture dominante était celle de Claude François, mais il fallait que Renaud aussi puisse chanter devant un public nombreux. Sexion d'Assaut n'a pas de textes homophobes, donc ne propage pas de propos homophobes. Il faut dialoguer avec eux, plutôt que de les ostraciser. Or, il y a des gens qui préfèrent laisser de jeunes noirs de côté. Si l'on me demande de déprogrammer un artiste, j'ai encore plus envie de l'accueillir."

Sous le chapiteau du Phénix de Bourges, la foule bigarrée – 6 000 jeunes chantant jusqu'à 1 heure du matin – reprenait en chœur, rigolards, les mains levées les rimes de Maître Gims, Petrodollars, Lefa, Doumams, Black Mesrimes, Barack Adama , Maska, JR O Chrome : "OK, 5 renois dans une caisse immatriculée 9-4/Sur un fond sonore du prototype 3/ fonçaient vers la capitale quand l'un 2/Sortit l'flash de rhum pour se mettre bi-1/Il est minuit 6 quand ca part en 7-su/La caisse fait des loopings ca devient le grand 8… Echoué, le plan a échoué" (Changement d'ambiance).

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