Ce samedi, avant le match OL-Evian, des individus d'extrême droite s'en sont pris aux spectateurs du concert de rap Sniper, au Ninkasi Kao, à proximité du stade de Gerland. Un groupe qui s'était fait connaitre par le passé pour la teneur violente de ses textes. Bouteilles, pétards et barrières ont été lancés. Une banderole raciste a été dressée.
M. a 18 ans d'origine algérienne. "J'aime la France mais j'ai l'impression qu'elle ne m'aime pas". M. en a surtout "ras-le-bol" des actes racistes. Samedi dernier, alors qu'il allait assister au concert du groupe Sniper au Ninkasi Kao (Gerland), il a essuyé des violences. Il était dans la file d'attente quand, vers 19h30, un groupe d'une trentaine d'individus selon la police, une quarantaine selon les agressés, a foncé vers eux. "Il y avait pas mal de supporters avec des écharpes et des vêtements de l'OL", précise Thomas, co-président de SOS Racisme Rhône. Ils ont brandi une banderole "la France tu l'aimes ou tu rentres au bled". Pleuvent alors crachats et insultes, des pétards sont jetés, des barrières sont lancées.
Jets de bouteilles d'urine
"Ils ont urinés dans des bouteilles de vins et nous les ont lancées violemment", relate l'une des victimes. Une femme voilée a été prise à partie. "Cette action était très bien construite et anticipée en amont, en mettant en avant deux, trois fauteurs de troubles afin d'attirer quelques jeunes vers eux, pour ensuite jaillir en grand nombre", raconte un autre. Le service d'ordre de l'établissement a bien géré l'incident. "On a répondu un peu mais légèrement. La sécurité nous a fait rentrer", explique l'une des victimes. Quelques jeunes ont cependant reçu des coups.
"On est là pour tous niquer"
Ce concert n'a pas été choisi au hasard. Sniper est dans la ligne de mire des militants d'extrême droite depuis la sortie en 2001 du titre La France. La chanson s'attaque aux discriminations et aux bavures policières mais prend un tour très provocateur : "la France est une garce et on s'est fait trahir (…) on nique la France sous une tendance de musique populaire (…) frère je lance un appel on est là pour tous niquer, leur laisser des traces et des séquelles avant de crever". Face à la polémique qui s'en était suivie - poursuites judiciaires et prises de position de responsables politiques dont Nicolas Sarkozy -, il avait édité en 2006 La France, itinéraire d'une polémique qui y répondait : "ils ont pris nos textes mais déformé nos propos (…) ne pas confondre un appel au meurtre et un appel au secours", (se) corrigeait Sniper. Ninkasi Kao, qui a une activité de location de salle, laisse le programmateur libre de ses choix. En revanche, l'établissement dispose d'une salle de concert intégrée au bar. "Nous n'aurions pas programmé Sniper car on a une programmation plus festive. Leur style ne correspond pas à notre établissement", indique le directeur, Vincent Covolo.
Le temps de réaction des policiers
Après l'agression de samedi, SOS-Racisme lance un appel à témoins afin d'intenter une action en justice. L'association souligne que "les forces de l'ordre présentes ce soir-là pour le match qui avaient pourtant anticipé le risque d'agression ont mis plusieurs dizaines de minutes avant de réagir". La direction du Ninkasi nuance cette accusation : "une première voiture de deux policiers est arrivée quasi immédiatement après les premiers heurts. Ils ont bien assuré, ils ont calmé le jeu", affirme Vincent Covolo. Selon lui, les renforts sont arrivés "un bon quart d'heure après". D'après nos informations, la police n'a procédé à aucune interpellation.
SOS-Racisme demande "à l'Olympique lyonnais, aux groupes de supporters, à la préfecture mais aussi à la ville de Lyon, propriétaire du stade de Gerland, de prendre conscience de la gravité de la situation lyonnaise et de mener les actions nécessaires pour éradiquer ces actes racistes du stade et des alentours". Dans son témoignage écrit, M. précise : "Je suis français, je suis né en France, j'aime ce pays et je le respecte".
Compléments d'information : la préfecture confirme l'altercation "entre des spectateurs du concert et des supporters de football". "La Brigade anti-criminalité et la police, qui étaient proches, sont intervenues rapidement. Et pour cause : il n'y a pas de blessés", ajoute le service communication de la préfecture.
mardi 27 décembre 2011
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