(Source : La Croix)
« On pensait pouvoir entrer dans la mosquée, mais il y a beaucoup plus de monde que prévu ! », s’étonne Salim, franco-comorien de 37 ans. Jeudi 2 juillet, il a quitté le bureau plus tôt que d’habitude pour ne pas manquer cette « prière des absents » à la Grande Mosquée de Paris. Sur le trottoir, en plein milieu de la rue, ils sont venus par centaines pour rendre hommage aux disparus : jeunes, personnes âgées, familles entières, ils veulent soutenir les proches des 152 victimes.
Pour Salim, cette foule réunie malgré la chaleur témoigne bien de la solidarité de la communauté comorienne de France : « Même si on n’est pas tous touchés à titre personnel, on est là par solidarité pour ceux qui ont perdu un proche ». C’est le cas d’Oumi et de sa sœur Maria, dont la tante fait partie des victimes. « Depuis deux jours, nous recevons des visites de condoléances, nos voisins et nos amis viennent prier le Coran à la maison ». Un deuil propre à la communauté comorienne et qui va durer neuf jours.
Une façon de commencer leur deuil
La prière de jeudi soir est pour elles une façon de commencer leur deuil, puisqu’elles ne verront probablement jamais le corps de la disparue. Sous un châle traditionnel comorien, le visage est grave, recueilli, mais la colère n’est jamais bien loin : « on connaissait le danger concernant les avions de cette compagnie… et pourtant, rien n’a été fait ! », souligne Oumi. Avec sa sœur, la jeune fille devait d’ailleurs partir pour les Comores dans une semaine, par un vol Yemenia. « Nous avons tout annulé pour rester avec la famille ». Aujourd’hui, donc, c’est le temps du deuil.Mais déjà, nombreux sont ceux qui ont décidé de passer à l’action, à l’exemple du mouvement de la jeunesse comorienne de France. Nabihou, 25 ans, est venu avec ses amis pour se montrer proches de ceux qui ont perdu un des leurs. « Aujourd’hui, nous sommes recueillis, la colère c’est pour demain. » Depuis deux jours, lui et ses compagnons se sont quand-même rendus à Roissy pour obtenir l’annulation des vols prévus pour les Comores. Ils se sont donné rendez-vous à l’aéroport dès 6 heures demain matin.
« Nous, les jeunes, on n’agit pas comme nos parents, continue Nabihou. Eux, ils restent dans la douleur, nous on veut faire bouger les choses ! » Et en premier lieu, faire payer les responsables de la catastrophe. Plusieurs tracts circulent d’ailleurs dans la foule pendant la prière. Sur l’un d’eux, on peut lire tous les reproches que la communauté comorienne fait au gouvernement de Moroni. Alors non, malgré le recueillement, la colère n’est vraiment pas loin.
Anna LATRON |
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