Pour les Africaines et nord-africaines, une peau claire est synonyme de beauté et de réussite. La publicité de show-business reprennent et entretiennent le cliché.
© RF / Sophie Parmentier
La mairie de Paris se prépare à lancer une campagne d’information et de prévention sur le blanchiment de la peau. De nombreuses personnes originaires d’Afrique ou d’Asie succombent au préjugé d’une peau claire qui serait plus belle. Mais pour y parvenir, elles ont souvent recours à des produits qui peuvent s’avérer dangereux.
Sophie Parmentier a mené l’enquête... (4'04") | |
Parti des Etats-Unis dans les années 60, le phénomène du blanchiment de la peau a gagné toute la planète. Selon les psychologues, il puise ses racines dans le passé esclavagiste et colonial. Un traumatisme qui découle du préjugé coriace de la prétendue supériorité du Blanc, inculquée par les colonisateurs et autres esclavagistes.
Dans les sociétés africaine ou asiatique, un teint clair est encore largement synonyme de beauté et de réussite sociale. Cette idée traditionnelle est relayée par la société de consommation et de spectacle, avec ses mannequins à la peau claire et ses stars au teint à peine marbré, comme Rihana ou Beyoncé, coqueluches des ados.
Ian Brossat, président du groupe communiste à la Mairie de Paris, est à l’origine de la campagne (0'39") | |
Mais la beauté n’est pas la seule motivation. La discrimination fait là aussi ses ravages. Confrontés au racisme ordinaire et aux difficultés d’intégration, de nombreux jeunes cherchent à se blanchir la peau. Le phénomène est difficile à évaluer, du fait de la loi du silence qui pèse dessus. Mais ils serait en expansion.
Isabelle Mananga-Ossey est la présidente de l’association Label Beauté Noire. (1'57") | |
Si les Occidentaux n’ont qu’à s’exposer au Soleil pour changer de couleur, c’est plus compliqué pour ceux qui sont originaires de pays où les peaux sont plus sombres. Depuis une quarantaine d’année, la chimie s’offre en magicienne, pas toujours bienveillante.
“Black beauty business”
Avec l’explosion de la demande, de nombreux produits se sont développés pour occuper ce marché juteux. Les méthodes vont de l’adjonction d’eau de javel aux produits de beauté classiques à l’achat de crèmes et de baumes prétendument miracles.
Blanchir la peau peut provoquer des maladies très graves, explique le docteur Antoine Petit, l’un des rares spécialistes des peaux noires (1'49") | |
Produits vendus à Paris, dans le triangle du "Black beauty business", près de Chateau d'eau. Ces crèmes et flacons contiennent souvent des produits à terme nocifs.
© RF / Sophie Parmentier
En France, le temple du blanchiment de la peau est le triangle du “Black beauty business”, à Paris, autour du métro Château d’eau et Château rouge. Les coiffeurs “afro” y côtoient les magasins de produits de beauté. Mais certains des cocktails vendus là n’ont rien à envier à l’eau de javel. Beaucoup de ces produits, aux prix plus modiques que ceux des pharmacies (un rapport de 1 à 6), contiennent des corticoïdes. D’autres comportent plus de 2% d’hydroquinone, un produit utilisé dans le développement de photographies. Son usage médical est interdit dans l’Union européenne, à cause de ses effets potentiellement cancérigènes.
Les clients de ces produits bricolés se mettent en danger en croyant améliorer leurs vies. Dans leurs cabinets, les médecins voient défiler des corps couverts de tâches brunes, effet ultime de ces produits. Autres conséquences possibles : des cancers de la peau, du diabète, de l’hypertension, des problèmes osseux, rénaux ou hormonaux.
Dans les cabinets médicaux, les victimes du blanchiment de la peau croisent les Occidentaux trop exposés au Soleil pour bronzer leurs peaux claires. Des aspirations contraires qui ont les mêmes conséquences : le risque d’un cancer.
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