(Source : http://www.liberation.fr/societe/0101319988-guadeloupe-barrages-en-feu-et-vitrines-eventrees
Source AFP
Photo prise lundi 16 février à Pointe-à-Pitre (en Guadeloupe) (Reuters)
La situation n'en finit pas de s'enliser en Guadeloupe. Après une nouvelle journée de fortes tensions lundi, la nuit dernière a été agitée, avec des barrages routiers en feu et des devantures de magasins éventrées.
L’annonce par Nicolas Sarkozy d’un rendez-vous jeudi avec les élus de tous les départements d’Outre-mer -première initiative directe du chef de l’Etat dans la crise antillaise- n’a en rien entamé la détermination des manifestants.
Cette nuit, une cinquantaine de jeunes (pour certains le visage masqué) ont jeté des pierres sur un escadron de gendarmes mobiles qui intervenaient pour lever des barrages routiers. Rue Frébault, la principale artère commerciale de Pointe-à-Pitre, plusieurs devantures de magasins ont été éventrées, selon le récit à l’AFP d’une équipe de télévision de RFO, qui a assisté à l’interpellation, au flash-ball, de trois jeunes poursuivis par des policiers.
Plus d’une vingtaine de sapeurs-pompiers ont combattu durant près de deux heures l’incendie d’un magasin, où étaient entreposés de nombreuses matières plastiques et produits inflammables.
Appel à un renforcement de la mobilisation
Plus tôt dans la soirée lundi, plusieurs centaines de personnes ont assisté à un meeting du LKP à Pointe-à-Pitre, au cours duquel ses principaux dirigeants ont appelé à «un renforcement de la mobilisation».
«Tout ce qui pourra se produire dans l’accentuation de la mobilisation nous place en légitime défense», a déclaré Charlie Lendo, "adjoint" du leader du LKP Elie Domota. Le «durcissement» du mouvement est selon lui «la conséquence du mépris que le gouvernement et le Medef ont manifesté en ne respectant pas l’accord du 8 février» et «montre la colère des Guadeloupéens». «La responsabilité, a-t-il estimé, incombe exclusivement au patronat et au gouvernement français».
Jégo ne veut pas «acheter une illusoire paix provisoire»
Dans une tribune au Figaro datée de mardi, Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, affirme que la politique du gouvernement vis-à-vis de la Guadeloupe «n’est pas d’acheter» une «illusoire paix provisoire».
«Notre politique n’est pas d’acheter, comme ce fut tant de fois le cas auparavant, une illusoire paix provisoire. Il ne s’agit pas d’un mouvement de protestation sporadique, mais bien d’une triple crise. Une crise économique qui frappe toute la planète et atteint plus vite les économies fragiles, une crise structurelle liée aux dérives ultimes mais encore observables de l’héritage d’une économie de comptoir, et enfin, et peut-être surtout, une crise existentielle, en tout cas une crise sociétale».
Yves Jégo estime que «ceux qui crient aujourd’hui au désengagement de l’Etat ne font en réalité que jouer sur les peurs: la réalité, c’est que le budget 2009 consacre 16,7 milliards à l’Outre-mer contre 15 milliards en 2008».
Un collectif anti-grève
Alors que le mouvement se durcit, un «Comité pour la sauvegarde des libertés» guadeloupéen a appelé hier soir à une manifestation silencieuse aujourd'hui à Pointe-à-Pitre contre la paralysie de l’île en raison de la grève.
Dans un communiqué, ce collectif, qui a lancé une pétition sur internet, juge «pas normal de ne pas pouvoir envoyer nos enfants à l’école, de ne pas pouvoir travailler librement, de ne pas pouvoir nourrir convenablement nos enfants», en raison de la fermeture des écoles, services publics et commerces.
Parmi les signataires, Nicolas Vion, président de la fédération des professionnels de l’hôtellerie, a souhaité auprès de l’AFP que cette manifestation se passe «dans le calme», tout regrettant les «exactions» qui ont marqué la journée de lundi.
Les compagnies aériennes acceptent le report des vols
Les compagnies aériennes qui desservent la Guadeloupe ont donné leur «accord de principe» pour autoriser le report des vols vers cette destination en proie à des troubles depuis plusieurs semaines, s'est félicité ce mardi le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, Hervé Novelli.
Les voyagistes s’étaient déjà engagés à permettre des reports dans l’année et il était nécessaire que les transporteurs en fassent autant pour «que la chaîne (du voyage) ne soit pas déséquilibrée», a ajouté Hervé Novelli, à l'issue d'une réunion avec les tours-opérateurs, les agences de voyages et les compagnies aériennes.
Le secrétaire d’Etat a redit sa préférence pour le report des voyages sur la même destination plutôt que le report sur d’autres destinations pour ne pas trop «handicaper les Antilles» françaises.
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