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lundi 25 octobre 2010

[IMMIGRATION] Sarko ne veut, ni des immigrés, ni de leur histoire (Libération)

Il y a le musée voulu par Nicolas Sarkozy : la Maison de l'histoire de France. Et il y a un autre, ignoré, méprisé, boycotté : la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI), que le chef de l' Etat n'a pas jugé bon d'inaugurer depuis son ouverture le 10 octobre 2007.

"La part de l'immigration dans l'histoire de France est essentielle", observe l'historienne Nancy Green. Peut-être, mais preuve qu'en haut lieu, on n'en est pas convaincu, la CNHI ne fait pas partie des neuf musées nationaux que la Maison de l'histoire de France est censée fédérer (1).

A l'origine, la CNHI avait pourtant pour mission d'inscrire l'histoire de l'immigration dans le roman national. Certes, son ouverture ne s'est pas faite sous de très bonnes auspices. En mai 2007, six mois avant son ouverture, huit historiens, dont Nancy Green, ont démissionné de ses instances dirigeantes pour protester contre la création, par Sarkozy, d'un ministère dont l'intitulé associe immigration et identité nationale.

Pour autant, ces universitaires n'ont pas totalement claqué la porte de la CNHI dont ils continuent à défendre le projet. Par ailleurs, ils sont toujours en désaccord avec la politique d'immigration du gouvernement.

Hier, 22 octobre, Nancy Green et deux de ses collègues démissionnaires, Gérard Noiriel et Marie-Christine Volovitch-Tavarès, se sont rendus à la CNHI pour apporter leur soutien aux 500 travailleurs sans-papiers qui l'occupent depuis le 7 octobre afin d'obtenir du gouvernement qu'il mette en application les textes définissant des critères de régularisation pour les salariés en situation irrégulière qu'il a lui-même publiés.
Suite à ces engagements, la CGT, qui encadre le mouvement, avait déposé 1800 dossiers de demandes de régularisation dans les préfectures. Depuis, 58 titres de séjour seulement ont été délivrés. D'où l'occupation de ce lieu symbolique qu'est la CNHI.

Aux sans-papiers rassemblés dans le forum, au rez-de-chaussée de la Cité, Nancy Green, Gérard Noiriel et Marie-Christine Volovitch-Tavarès rappellent à quel point leur combat est historique : "L'histoire de la France s'est faite à travers des luttes comme celles-ci. Votre mouvement s'inscrit dans le prolongement de cette histoire", déclare Gérard Noirel. "Vous vous inscrivez dans la longue histoire des luttes sociales", souligne Marie-Christine Volovitch-Tavarès.

Tandis que le gouvernement fait quelques concessions dans la coulisse, et que les préfectures chargés de l'examen des dossiers freinent des quatre fers, Sarkozy le dit et le redit, il ne veut pas des étrangers en situation irrégulière : "Quand on n’a pas de papiers, on n’a pas vocation à rester en France", a-t-il répété jeudi en réponse à une question sur la prévention de la délinquance. Et la Cité nationale de l'histoire de l'immigration, en veut-il? Marie-Christine Volovitch-Tavarès se pose la question : "elle n'a pas été inaugurée, ce qui veut dire qu'elle n'est pas vraiment assumée comme un musée national, nécessaire et légitime".

(1) Le musée national de Préhistoire des Eyzies de Tayac, le musée des Antiquités nationales du château de Saint Germain-en-Laye, le musée national du Moyen-Age de l’hôtel de Cluny à Paris, le musée national de la Renaissance du château d’Ecouen, le musée national du château de Pau, le musée national du château de Fontainebleau, le musée national de la Malmaison, le musée national du château de Compiègne et le musée des plans-reliefs aux Invalides

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