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vendredi 27 février 2009

[Politique] Antilles, ce qui doit changer

Des personnalités guadeloupéennes disent à « La Croix » ce qu’il faudra entreprendre dans l’avenir pour apaiser durablement les tensions


Pointe-à-Pitre, le 24 février 2009. Des Guadeloupéens attendent l’issue des négociations (Bonaventure/AFP).

(Source : http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2366319&rubId=788)


«Trouver des lieux pour que les gens se connaissent»

George Pau-Langevin, députée PS de la 21e circonscription de Paris

« Ce qui manque le plus : le fait que les gens, Noirs, Blancs, métros, Antillais, se fréquentent et se connaissent. Je suis née en Guadeloupe (NDLR : à Pointe-à-Pitre, en 1948) et je vis à Paris depuis que j’ai 18 ans. Quand je retourne là-bas, je suis étonnée : il y a des gens qui vivent depuis des années aux Antilles et qui n’ont pas d’amis antillais ! Ils continuent à vivre entre eux. Il faudrait qu’on trouve des lieux, des points de passage, pour que les gens se connaissent.

Dans les années 1960, les gens qui restaient vivre aux Antilles s’intéressaient aux Antillais, il y avait des échanges, tout le monde se recevait, beaucoup de mariages mixtes, aussi. Aujourd’hui, de nombreux métropolitains viennent pour le climat, l’agrément de la vie, mais sans curiosité. Il y a même quelques préjugés. Pour que les choses aillent mieux, il faudrait que ceux qui s’installent outre-mer fassent l’effort de mieux comprendre la population.

Autre sujet : l’accès à l’emploi. Outre-mer, beaucoup de jeunes quittent l’école sans qualification : il faut les aider à suivre une formation professionnelle, à avoir une expérience professionnelle ailleurs, en métropole ou à l’étranger. C’est ce que faisait une entreprise (ANT) dépendant du secrétariat d’État à l’outre-mer, que j’ai dirigée pendant longtemps. Mais son budget a été rogné l’an dernier. J’ajoute que quand un jeune revient formé, il devrait pouvoir trouver une place plus facilement dans une entreprise.

Dans l’administration, l’effort a été fait de recruter des cadres locaux. Mais cet effort doit être fait aussi dans les entreprises. Quand une entreprise métropolitaine se crée aux Antilles, elle recrute la plupart du temps son encadrement en métropole. C’est mal vécu par la population. En métropole, les entreprises doivent s’ouvrir à la diversité. C’est encore plus vrai aux Antilles, où la majeure partie de la population est colorée. C’est d’autant plus important que l’entreprise est un lieu pour se connaître, se découvrir. »

« Lancer des forums de la réconciliation »

Max Jasor, 56 ans, patron d’une entreprise moyenne, porte-parole de l’Union des chefs d’entreprise guadeloupéens

« Créer des emplois et de la richesse est difficile dans une société malade comme la nôtre. Depuis vingt ans, la Guadeloupe va de grève en grève. Et je vous passe l’ampleur de la criminalité et de la délinquance, notamment chez les jeunes, l’étendue de la toxicomanie et du sida, les relations déplorables entre hommes et femmes… Le problème ne se limite pas aux salaires. Les racines des difficultés résident dans les divisions entre races, entre classes, entre sexes, entre générations.

La Guadeloupe et aussi la Martinique ont besoin en priorité de réconciliations, qu’il conviendrait d’organiser dans le cadre de forums. La première des réconciliations est celle des races. L’esclavage, avec la négation de la part d’humanité chez l’autre qu’il comportait, a été le pire des crimes sur cette terre qui n’a jamais connu jusqu’à présent la fraternité.

Il faut enfin que cela soit dit et que pardon soit demandé et donné. Je parle bien de réconciliation, comme celle qui s’est déroulée en Afrique du Sud, et pas de repentance, qui est dangereuse dans la mesure où son ressort peut être l’humiliation. La réconciliation implique un geste de part et d’autre. Les békés doivent assumer cette part maudite de leur héritage liée à l’esclavage. De leur côté, les descendants d’esclave ne doivent pas faire de la haine un fonds de commerce. Ces forums de la réconciliation sont indispensables pour que la société aille mieux dans tous les domaines. Si cela pouvait être l’objet des états généraux envisagés par le président Nicolas Sarkozy, j’en serais ravi. »

« Il faut organiser un référendum »

Leila Cassubie, 48 ans, intervenante sociale à Pointe-à-Pitre

« On a une société à deux vitesses, marquée par les injustices sociales et par une crise identitaire. Au niveau économique, il y a le poids des grands groupes en situation de monopole. Au plan politique, la majorité de nos élus et leur entourage n’ont pas vraiment conscience de la situation et sont coupés de la population, celle-ci subissant leurs décisions. C’est le mode de gouvernance qu’il faut surtout changer dans les Antilles.

Les citoyens doivent apporter leur pierre à l’édification d’une société plus juste. Au plan local ou communal, c’est possible par la création de comités de quartier, que les élus doivent consulter. Il conviendrait, en outre, de repenser le cadre institutionnel en envisageant de remplacer le double statut actuel (région et département) par un statut unique, qui comporterait une seule assemblée exerçant l’ensemble des compétences et dans lequel le rôle de l’État serait redéfini. On peut même imaginer davantage d’autonomie, dans le domaine économique et social notamment, grâce à une assemblée unique et un gouvernement qui en serait issu.

Mais cette évolution ne doit pas être menée sans que la population soit impliquée. Elle doit être consultée par référendum, après l’instauration d’un débat. Ensuite, il faut imaginer des modalités pour l’associer aux prises de décision. Le pouvoir ne doit plus être confisqué par quelques-uns. Cela implique, bien sûr, le sens de la prise de responsabilités, qui est à développer dès l’école. On participe, on se sent plus concerné, on retrouve sa dignité. Cela est à la portée des Antilles, où la culture traditionnelle prédispose au partage et à la solidarité. »

«Le mot exploitation doit disparaître, au moins dans les actes»

Mgr Jean Hamot, administrateur diocésain de Basse-Terre

« Les Guadeloupéens veulent être considérés comme des Français à part entière. Nous faisons partie d’un ensemble, avec une culture et une histoire propres. Peut-être faudrait-il prendre davantage en compte cette histoire. C’est un peu cela que la grève a souligné.

Notre société n’a pas pansé toutes ses blessures, les plus anciennes comme les plus récentes. Notamment celles issues de l’histoire coloniale. Cet apaisement se joue dans les liens entre la métropole et l’île. À travers ce profond malaise se dessine une question identitaire et culturelle. Pour ces raisons, un travail de réconciliation doit être mené entre les citoyens et les élus, et donc à plus forte raison avec l’État.

L’Église reste une institution encore très écoutée en Guadeloupe. Nous souhaitons aider les gens à comprendre, à retrouver qui ils sont, comme nous y invite l’adage “Deviens ce que tu es”, repris dans le thème de notre projet pastoral. Chaque baptisé est appelé à prendre sa place dans la société, dans le monde professionnel…

L’Église favorise ce travail de conscientisation. Ici, les chrétiens sont très actifs dans le syndicalisme. Il faut saluer par ailleurs le rôle important qu’a joué la commission Justice et Paix, en proposant des pistes de réflexion au début de ce conflit. De plus, nous entretenons des liens étroits avec l’Église de métropole : les 11 et 13 février, les quatre évêques des DOM se sont réunis avenue de Breteuil pour analyser la situation. Nous voulons aider les chrétiens à relire ces événements avec un regard plein d’espérance. Mais le mot “exploitation” doit disparaître, au moins dans les actes. »


Recueilli par Antoine Fouchet (envoyé spécial), François-Xavier Maigre et Solenn de Royer

jeudi 26 février 2009

[Justice] Diffamation et haine raciale: 6 mois ferme requis en appel contre Kemi Seba

L'avocat général a requis jeudi à Paris six mois de prison ferme à l'encontre de Kemi Seba, fondateur du groupuscule noir ultra-radical dissous Tribu Ka, pour avoir diffusé en août 2006 sur son site internet des propos antisémites.

En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné le 30 novembre 2007 Kemi Seba, 27 ans, de son vrai nom Stellio Capochichi, à un mois d'emprisonnement ferme. Le parquet avait requis cinq mois ferme.

(Source : http://www.la-croix.com/afp.static/pages/090226175047.lv22j2h4.htm)

Sur son site internet, Kemi Seba estimait que les institutions internationales comme la Banque Mondiale, le FMI ou l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) étaient "tenues par les sionistes qui imposent à l'Afrique et à sa diaspora des conditions de vie tellement excrémentielles que le camp de concentration d'Auschwitz peut paraître comme un paradis sur terre".

Il est poursuivi pour diffamation, injure, incitation à la haine raciale et contestation de crime contre l'humanité. Le jugement a été mis en délibéré au 2 avril, selon son avocate Me Isabelle Coutant-Peyre.

La Tribu Ka avait été dissoute en juillet 2006 sur décision du Conseil des ministres à la suite d'incidents à caractère antisémite qui avaient éclaté deux mois plus tôt à Paris lors d'une manifestation du groupuscule au coeur du quartier juif.

M. Capochichi a été déjà plusieurs fois condamné pour des faits d'outrage ou de provocation à la haine raciale. Condamné le 7 octobre 2008 à quatre mois avec sursis pour diffamation raciale, il devait être jugé jeudi en appel. La 11e chambre de la cour d'appel a renvoyé ce procès au 4 juin.

[Justice] Les comptes français d'Omar Bongo ont été saisis

La saisie est intervenue dans le cadre de l'affaire opposant le président gabonais à l'industriel René Cardona qui avait été emprisonné au Gabon et avait dû verser une rançon pour sortir.

Omar Bongo (Reuters)

Omar Bongo (Reuters)

Les comptes français du président gabonais sont saisis dans le cadre d'un jugement prononcé à Bordeaux", affirme, jeudi 26 février, à sa "une" le quotidien régional Sud-Ouest. Une information confirmée par la suite par l'avocat du plaignant René Cardona, Me Jean-Philippe Le Bail.
"Les comptes détenus par Omar Bongo dans deux banques françaises ont été saisis. Il s'agit du Crédit Lyonnais -- dans lequel le président gabonais possède deux comptes de dépôt, deux comptes sur livret et un compte-titre-- et de comptes à la BNP, où il possède deux comptes-chèque, un compte-épargne et un compte-titre", a indiqué Me Le Bail à l'AFP.
"Sur l'ensemble de ces comptes il y a un peu plus de 4 millions d'euros, sous réserve des opérations en cours", a ajouté l'avocat.

(Source : http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20090226.OBS6435/les_comptes_francais_domar_bongo_ont_ete_saisis.html)

Une rançon de 457.000 euros


Selon le quotidien, "les comptes courants et les comptes titres du président gabonais ouverts dans plusieurs agences du Crédit Lyonnais et de la BNP sont verrouillés. Les comptes déposés dans ces deux banques -4,2 millions d'euros ont été saisis" depuis le 13 février.
La saisie est intervenue dans le cadre d'une "procédure diligentée par l'avocat girondin Me Jean-Philippe Le Bail", à la suite d'un arrêt rendu le 29 septembre par la cour d'appel de Bordeaux. Celle-ci avait condamné Omar Bongo à "restituer la rançon de 457.000 euros exigée pour la libération de René Cardona en 1996".

1,131 million d'euros dus à ce jour


René Cardona, un industriel français, avait été écroué pendant plusieurs semaines à la prison de Libreville à la suite d'un différend financier avec le président gabonais. Auparavant, il avait vendu une pêcherie avec sa flottille à une société contrôlée par Omar Bongo et sa famille. Mais le président gabonais avait ensuite demandé à René Cardona de reprendre son bien. Devant le refus de celui-ci, il avait porté plainte pour escroquerie auprès d'un juge d'instruction qui était son neveu.
Pour obtenir la libération de son père alors qu'une épidémie de fièvre Ebola sévissait à la prison de Libreville, le fils de René Cardona avait alors dû verser 457.000 euros. Les avocats du président Bongo ont toujours affirmé devant la justice française qu'il s'agissait du règlement d'une dette pour "le dédommager pour lui avoir cédé un bateau en mauvais état". La Cour d'appel de Bordeaux n'a pas admis cette version et sa décision est exécutoire. Selon Sud-Ouest, la somme, intérêts compris, due aujourd'hui par Omar Bongo à René Cardona s'élève à 1,131 million d'euros.


Un pourvoi non-suspensif


Toujours selon le quotidien régional, Omar Bongo a effectué un pourvoi en cassation de la décision de la cour d'appel de Bordeaux, mais ce pourvoi n'est pas suspensif et ne peut être examiné que si les sommes dues sont réglées. Les avocats du président gabonais disposent d'un délai de trois mois pour trouver une parade juridique à la saisie de ses comptes français. (avec AP)

mercredi 25 février 2009

[Santé] Mouss Diouf victime d'un accident vasculaire cérébral

Mouss Diouf ©  CAPMAN/SIPA

Mouss Diouf © CAPMAN/SIPA


Le comédien Mouss Diouf, âgé de 45 ans, a été hospitalisé d’urgence ce lundi en raison d’un accident vasculaire cérébral avec complication rénale.

L’agent du comédien précise dans dans un communiqué que Mouss Diouf est actuellement au service de réanimation de l’hôpital Lariboisière à Paris dans un état stationnaire. Toutes les dates de son dernier spectacle, “Naturellement humain”, sont annulées.

Mouss Diouf, révélé sur TF1 avec la série policière “Julie Lescaut”, présentait des extraits de son spectacle lors d’un showcase au théâtre du Gymnase lorsqu’il s’est effondré.

[Politique] Guadeloupe : la grève justifiée pour 78% des Français

Pour près de huit Français sur dix (78%), le mouvement social qui paralyse la Guadeloupe depuis plus d'un mois est justifié selon un sondage BVA pour Orange, L'Express et France-Inter.

(Source : http://www.leparisien.fr/politique/guadeloupe-la-greve-justifiee-pour-78-des-francais-24-02-2009-422157.php)

Seuls 17% des personnes interrogées considèrent que le mouvement n'est pas justifié, et 5% sont sans avis.

Les sympathisants de droite sont 67% à trouver le mouvement justifié, tout comme 89% des personnes interrogées proches de la gauche et 68% des personnes sans préférence partisane.

Selon l'analyste Jérôme Sainte-Marie (Isama), cité par BVA, «ce score est le plus élevé depuis que cette question est posée par l'institut BVA à l'occasion de divers mouvements sociaux. Cela renseigne non seulement sur la perception des problèmes antillais, mais aussi sur le climat très réceptif en métropole à l'égard de toute protestation sociale».

La Guadeloupe vient d'entrer dans son deuxième mois de crise et, ce mardi, les négociations semblaient toujours dans l'impasse.

Sondage réalisé les 20 et 21 février par téléphone auprès de 977 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus (méthode des quotas). Notice détaillée disponible auprès de la commission nationale des sondages.

dimanche 22 février 2009

[Politique] Taubira : "Pour Sarkozy, l'Outre-mer c'est terra incognita"

L'omniprésident semblait s'être mué en un Président transparent. Un mois après le début de la crise en Guadeloupe, Nicolas Sarkozy est enfin sorti de son mutisme et a proposé jeudi une série de mesures économiques pour les Antilles. Christiane Taubira, députée PRG de Guyane, a commenté ce plan de 580 millions d'euros, ce vendredi à "Parlons Net", le club de la presse Internet de France Info, dont Rue89 est partenaire.

(Voir la vidéo)



Le retour sur le devant de la scène du chef de l'Etat s'est articulé en deux temps. Après une rencontre avec les élus d'Outre-mer jeudi après-midi, Nicolas Sarkozy est intervenu dans la soirée sur RFO, pour mettre fin au "profond malaise qui étreint un nombre croissant" d'Antillais et pour présenter ses trois mesures phares:

"Pour soutenir le pouvoir d’achat, nous avons décidé avec le Premier ministre, avec le gouvernement, que l’Etat exonèrera de toutes les cotisations sociales, à la fois patronales et salariales, les augmentations que les entreprises vont accorder à leurs salariés et c’est bien aux entreprises de payer les salaires.

"Les règles du RSA seront également adaptées pour les 110 000 foyers concernés dans les départements d’Outre-mer, afin de permettre au total une amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs à bas salaires de l’ordre de 200 euros.

"Pour réduire les écarts de prix inacceptables avec la métropole, j’ai demandé à la grande distribution de s’engager sur une liste de produits de référence qui seront désormais commercialisés à un prix plus proche de celui de la métropole."

Monopole sur l'essence et "apartheid social"

Un "geste" salué par Christiane Taubira, mais elle attend de "voir ce qui va en sortir":

"On verra si le gouvernement est rentré de vacances, car pour l'instant, à part l'envoi de troupes supplémentaires de gendarmes mobiles, le gouvernement n'a accompli aucun acte."

Et de dénoncer le "reniement" d'Yves Jégo, secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer, et surtout le non-rôle de sa ministre de tutelle, Michèle Alliot-Marie:

"Elle a été ministre de l'Intérieur au bout d'un mois, et n'a pas été ministre des Collectivités locales et de l'Outre-mer."

La députée de Guyane décortique les véritables problèmes qui saignent les Antilles. Des problèmes économiques, avec le monopole de la Société anonyme de la raffinerie des Antilles sur l'essence, alors même qu'ont été relevées "des pratiques au moins suspectes dans la formation des prix par la Sara".

Des problèmes sociétaux aussi, avec le racisme, cette "ligne de couleur" qui sépare les Antillais, matérialisée notamment par "des quartiers résidentiels où vous n'avez que des blancs avec des clôtures qui font deux fois [sa] taille" et qui conduisent à ce qu'elle n'hésite pas à appeler un "apartheid social".

L'absence de prise en compte de ces problèmes par le gouvernement "ressemble a du mépris", poursuit-elle, "même si c'est plus profondément à [son] avis de la méconnaissance". La palme en reviendrait au Président: "Pour Sarkozy, l'Outre-mer c'est terra incognita." Il faudra plus que des millions alignés sur la table pour y remédier.

[Politique] 500 personnes réunies à Lyon dont des Antillais «fiers d’être nègres»

500 personnes environ se sont rassemblées hier après-midi place Bellecour à Lyon pour apporter leur soutien aux populations antillaises.


Partis politiques (PS, PC dont le sénateur Guy Fischer juste rentré des Antilles, Nouveau parti anticapitaliste, Parti de gauche, coordination des mouvements anarchistes) et syndicats (CGT, LO) composaient le gros du rassemblement aux côtés des Antillais de Lyon.

« Je suis convaincu que ce mouvement historique va apporter un autre regard sur les Antilles », souligne Michaël Coppet, 38 ans, un Martiniquais né à Lyon.

Selon Léonce Lebrun, Martiniquais lui aussi, ce qui se passe dans les DOM-TOM n’est pas uniquement un mouvement contre la vie chère.

« Nous avons obtenu la liberté en 1848 quand a été aboli l’esclavage. Ce fut un changement juridique, mais pas des moyens économiques », déplore M. Lebrun qui s’est dit « très fier d’être nègre ».

J.B.

[Politique] Au moins 10.000 manifestants à Paris pour soutenir la Guadeloupe

Les manifestants ont observé une minute de silence en hommage à Jacques Bino, syndicaliste tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi.

(Source : http://www.liberation.fr/societe/0101321011-au-moins-10-000-manifestants-a-paris-pour-soutenir-la-guadeloupe)

Samedi 21 février à Paris.

Samedi 21 février à Paris. (REUTERS)

De 10.000 (police) à 15.000 (organisateurs) personnes ont manifesté ce samedi après-midi à Paris en solidarité «avec les mouvements initiés en Guadeloupe contre la vie chère», à l'appel du collectif «Continuité LKP» (Liyannaj kont Pwofitasyon) soutenu par des syndicats et des partis de gauche.

Les manifestants, la plupart d'origine antillaise, ont quitté la place de la République peu avant 14h30 en direction de la place de la Nation derrière une banderole «Continuité LKP».

Parmi les manifestants figuraient Harlem Désir (PS), Denis Baupin (Verts), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud (LO) et Alain Krivine (NPA), suivis des cortèges de la CGT, la CFDT et de Sud.

Pour Razzy Hammadi, secrétaire national du PS aux services publics, «il y a une revendication de dignité et de respect qui, elle, est universelle. Ce n'est pas une manifestation de Noirs et d'Antillais, ce n'est pas un territoire particulier». «Le gouvernement doit accepter sa défaite», a-t-il lancé.

«Notre vraie solidarité serait de faire comme eux pour faire reculer le gouvernement», a dit Sandra Demarcq (NPA), parlant d'«oppression de classe et d'oppression coloniale» dans les Antilles, alors que le leader de son parti Olivier Besancenot se trouve actuellement en Guadeloupe.

«La vie est chère sous les cocotiers»

Pariant également sur l'effet de contagion, Nathalie Arthaud (LO) a estimé que «si un mouvement aussi puissant qu'en Guadeloupe se produisait en métropole, le gouvernement serait forcé de reculer». «Nos revendications sont les mêmes», a-t-elle relevé.

Certains manifestants portaient un brassard blanc en signe de deuil après la mort du syndicaliste Jacques Bino, tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi en Guadeloupe. Une minute de silence a été observée en hommage à cet homme, dont les obsèques auront lieu dimanche. Des militants de la CGT-impôts brandissaient des portraits de Jacques Bino.

Parmi les banderoles et slogans, on pouvait lire ou entendre «la vie est chère sous les cocotiers», «200 euros ici aussi, yes we can», «Dom-Tom métropole solidarité» et «Guadeloupe, Martinique, Guyane, Réunion: ce combat est le nôtre».

Environ 500 personnes se sont par ailleurs rassemblées devant la mairie de Marseille en solidarité avec la Guadeloupe et en hommage à Jacques Bino.

A Toulouse aussi, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devants la préfecture (lire le reportage sur LibéToulouse).

vendredi 20 février 2009

[Politique] Les Antillais de Lyon, entre espoir et indignation

ANTILLES - Sylvain Ouikede, 42 ans, originaire de Guadeloupe, est installé à Lyon depuis trente ans. IL suit de près le conflit qui enflamme son île depuis un mois. «Je ne suis pas étonné, dit-il, la crise était largement prévisible, elle couvait depuis des dizaines d'années ». Cet ancien danseur chorégraphe, devenu directeur de la radio RMJ Tropical installée à Genève, suit le conflit dans la presse, prend des nouvelles auprès de ses proches installés sur place. Il sait tout des revendications du LJP (Collectif contre l’exploitation outrancière), qui mobilise chaque jour des milliers de manifestants là-bas. Le mot d'ordre, « contre la vie chère » est bien compris des 35 000 afro-caribéens qui résident dans l'agglomération lyonnaise...

(Source : http://www.libelyon.fr/info/2009/02/les-antillais-d.html)

Les parents de Sylvian Ouikede vivent à Marie-Galante, une île de la Guadeloupe, à quelques miles nautique de Pointe à Pitre. « Mes parents s'en sortent très bien, dit-il, ils ont un bout de jardin qui leur permet de subvenir parfaitement à leurs besoins alimentaires. Ils se contentent de peu...». Pour lui qui a beaucoup d'amis engagés dans le collectif contestataire LKP, « la crise est en réalité une crise sociale. Les différences entre les riches et les pauvres sont exacerbées chez nous, ça dure depuis de nombreuses années. » Installé en Guadeloupe jusqu'à l'âge de douze ans, il dit avoir « toujours entendu parler de la vie chère, depuis toujours». Ses parents et ses grands parents en parlait déjà.

Après les affrontements avec la gendarmerie et la mort d'un syndicaliste, Sylvain espère que la grève va bientôt s'arrêter, « on va bientôt s'en sortir », pronostique-t-il.

Léonce Lebrun positive encore plus. « Après cette grève, rien ne sera plus jamais comme avant », affirme ce Martiniquais installé à Lyon depuis quarante ans. Fondateur du site internet afcam.org, il défend l'idée d'une union africaine, des Caraïbes et Américaine noire. La crise, selon lui, est non seulement économique, sociale, mais également politique. « Depuis l'abolition de l'esclavage en 1848, dit-il, les Békés, les anciens négriers ont conservés leurs terres. Ils disposent toujours de 80 % du patrimoine mobilier et immobilier en Martinique et en Guadeloupe. Jusqu'à présent, les caribéens ont accepté cette situation en silence, mais la victoire d'Obama aux Etats-Unis a tout changé. Elle leur a donné des ailes». Cela dit, sur place, ni le LKP, ni aucun manifestant n'appellent ouvertement à l'indépendance.

Léonce Lebrun dénonce la politique de la France outre-mer : « Ce sont des pays où les gens consomment trop. Le parc automobile est excessif. En Martinique et en Guadeloupe, dans un foyer de cinq personnes, il y a cinq voitures. Pourquoi ? En partie, parce que les fonctionnaires français qui viennent s'installer chez nous bénéficient de salaires majorés de 40 % . C'est un privilège colonial qui participe automatiquement à de l'augmentation des prix». Une situation qui frustre l'immense majorité de la population selon lui, « surtout quand on sait que là bas 50 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage ». En soutien « au peuple gaudeloupéen en lutte », Léonce Lebrun et les associations caribéennes de Lyon organisent une grande manifestation samedi 21 février, à 14 heures, de la place Bellecour à la préfecture.

Albertine, guadeloupéenne installée à Lyon depuis trente cinq ans sur les Pentes de le Croix Rousse, n'y participera certainement pas. En lien avec sa famille en Guadeloupe, elle juge à 63 ans que les jeunes qui manifestent « n'ont vraiment rien dans la cervelle ». Elle ne comprend pas pourquoi ils n'ont pas accepté la main tendue des élus locaux, présidents des conseils général et régional qui avaient accepté d'augmenter les bas salaires de 100 euros jusqu'à l'été. « Ils ne se rendent pas compte, dit elle. Ici aussi il y a des problèmes, des gens qui crèvent de faim dans la rue ». Là bas, à 8.000 kilomètres de Lyon, les insurgés, comme les nomme Léonce Lebrun, se préparent pour une nouvelle journée de grève.

Lucie BLANCHARD

[Politique] Taubira : "Sarkozy doit faire respecter l'État de droit dans les milieux d'affaires"

Christiane Taubira a pointé "les pratiques suspectes" de certaines entreprises en situation de monopole dans les DOM. "Ou bien l'État est complice et il continue à couvrir ces pratiques, ou bien l'État a été abusé et il saisit la justice", a-t-elle lancé.

Par Chloé Durand-Parenti

(Source : http://www.lepoint.fr/actualites-societe/dom-taubira-sarkozy-doit-faire-respecter-l-etat-de-droit-dans-les/920/0/319131)

DOM - Taubira :


La député PRG de Guyane, Christiane Taubira, a vertement exhorté vendredi le président Nicolas Sarkozy à rétablir "l'État de droit" dans les départements d'Outre-mer. "J'entends par là le respect des droits de la République par les milieux d'affaires", "le fonctionnement normal des institutions sur place" et "le respect des libertés individuelles et publiques, notamment celle de manifester", a-t-elle insisté sur RTL . L'ancienne candidate à l'élection présidentielle de 2002 a pointé les "pratiques au moins suspectes" de certaines entreprises en situation de monopole, telle que la SARA (Société anonyme de la raffinerie des Antilles), unique fournisseur de carburant aux Antilles et en Guyane et telle que "l'entreprise de transport, la Socatra, parce que ce sont exactement les mêmes actionnaires".

"Ces pratiques d'élaboration du prix au moins opaques, nous les avions signalées dès le mois d'octobre", a-t-elle lancé. "Enfin ! L'État commence à dire : nous allons regarder de près, nous allons envoyer l'autorité de la concurrence. Mais l'autorité de la concurrence devrait faire son travail tous les jours pour commencer", a-t-elle fustigé. "Ensuite, quand on signale des pratiques délictueuses, on n'envoie pas l'autorité de la concurrence, regardez comment ça se passe par le trou de la serrure, on saisit la justice", a-t-elle reproché, soulignant par ailleurs que, "par le système des prix administrés, l'État a validé, dans l'ignorance sans doute, ces pratiques pendant des années". "Alors, ou bien l'État est complice et il continue à couvrir les pratiques de la Sara, ou bien l'État a été abusé, et il saisit la justice", a-t-elle conclu.

jeudi 19 février 2009

[Média] Quand I-Télé anticipe la répression en Guadeloupe

La chaîne d’information en continu du groupe Canal+ s'est emmêlé les vidéos. Dans un reportage consacré à la Guadeloupe se sont glissées… des images des émeutes malgaches.



(Source : http://www.marianne2.fr/Quand-I-Tele-anticipe-la-repression-en-Guadeloupe_a175264.html)

Les émeutes dans les îles, ça a un inconvénient majeur : elles se ressemblent toutes ! Enfin, surtout pour I-Télé. Dans un reportage consacré à la Guadeloupe, diffusé hier en début d’après-midi, des images tournées à Madagascar se sont glissées (à partir de 34'' sur la vidéo ci-dessus). C’est ce qu'a découvert un observateur malgache de France 24.



Ennuyeuse affaire car sur ces images appartenant à RFO et reprises par I-Télé, on voit des membres des forces de l’ordre en treillis tirer des grenades lacrymogènes en direction de la foule. D'autant plus ennuyeuse que la Guadeloupe a connu, aujourd'hui, son premier mort : un syndicaliste du LKP, Jacques Bino a été tué par balles à un barrage dressé par des jeunes dans un quartier sensible de Pointe-à-Pître.


Contactée dans la journée, I-Télé a, dans un premier temps, expliqué qu’il s’agissait bien d’images en provenance du département français. Mais en début de soirée, la chaîne a fini par reconnaître son erreur et, dans un communiqué officiel, a présenté « ses excuses » et tenu « à préciser que le sujet [avait] été corrigé instantanément après [son] premier passage. »


Pour LeMonde.fr, dès cet après-midi, l'erreur ne faisait aucun doute. Pour preuve : une photo de Reuters prise au même endroit que la scène incriminée. Et cet endroit, c'était bien l’île de Madagascar…



Article réactualisé à 18h10 suite au retrait d'une vidéo postée par I-Télé sur le site Video.msn.com puis à 19h55 après réception du communiqué officiel d'I-Télé.

[Musique] La plainte de Manu Dibango n'aboutit pas

MUSIQUE - Le musicien attaquait les maisons de disques de Mickael Jackson et Rihanna... Nouveau rebondissement pour Manu Dibango. Un magistrat parisien a jugé «irrecevable à agir» une action engagée par le musicien camerounais contre les maisons de disque des chanteurs Michael Jackson et Rihanna pour avoir utilisé sans son autorisation le thème musical de l'un de ses titres, selon une ordonnance rendue mardi.

(Source : http://www.20minutes.fr/article/302686/Culture-La-plainte-de-Manu-Dibango-n-aboutit-pas.php) Créé le 18.02.09 à 19h09 | Mis à jour le 18.02.09 à 19h21

Manu Dibango sur scène
Manu Dibango sur scène/V. DAMOURETTE / SIPA



En 1972, Manu Dibango a écrit et composé le morceau «Soul Makossa». Dans les années 1980, Michael Jackson en avait intégré une partie dans le titre «Wanna Be Starting Something», extrait de l'album «Thriller».

Quand Dibango s'en était rendu compte, il avait engagé une procédure contre le chanteur américain, procédure qui s'était finalement soldée par un arrangement financier à l'amiable.

Juxtaposition de procédures

Alors que l'affaire aurait dû s'arrêter là, elle a rebondi récemment, lorsque que Michael Jackson a autorisé la chanteuse Rihanna à utiliser son titre qui contient lui-même «Soul Makossa».





S'estimant lésé, Manu Dibango a assigné en référé les maisons de disque Sony BMG, EMI, Warner et Universal Music, afin que les droits d'auteur générés par cette chanson en France soient bloqués dans l'attente d'une décision sur le fond.

La juge des référés Marie-Christine Courboulay rappelle que le juge des référés de Nanterre, saisi il y a un an par Manu Dibango dans la même affaire, a «déjà donné acte à Universal Music de mentionner le nom de Manu Dibango sur la pochette des retirages» de l'oeuvre de Rihanna en France. Manu Dibango s'était alors désisté de son action.

Pour Courboulay, ce désistement signifie que l'artiste avait renoncé à son droit moral dans cette affaire. Laquelle sera plaidée ultérieurement devant les juges du fond.
Avec agence

mercredi 18 février 2009

[Politique] Un homme tué par balles en Guadeloupe

Agé d'une cinquantaine d'années, il aurait été atteint par une balle tirée par de jeunes émeutiers, dans la nuit de mardi à mercredi à Pointe-à-Pitre. Une nuit marquée par une escalade dans la violence avec des tirs contres les forces de l'ordre. Le LKP et le gouvernement ont lancé un appel au calme.

(Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/02/18/01016-20090218ARTFIG00334-plusieurs-policiers-blesses-par-balles-en-guadeloupe-.php)

  • Scène d'émeute à Pointe-à-Pitre.
    Scène d'émeute à Pointe-à-Pitre. Crédits photo : AFP



    La violence franchit un nouveau cap en Guadeloupe. Alors que plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés dans la nuit de mardi à mercredi, la cellule de crise installée à la préfecture du département a annoncé qu'un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par balle. Il a été visé par un tir provenant d'un barrage tenu par des jeunes ou des immeubles de la cité Henri IV, à Pointe-à-Pitre, où il se trouvait.

    La victime, Jacques Bino, était «un syndicaliste de la Confédération générale du travail de la Guadeloupe (CGTG). Il revenait d'un meeting» et a été tué alors qu'il se trouvait à bord d'une voiture, dans la cité, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre. «Ce n'est pas un mort lié aux forces de l'ordre», a assuré la même source. Une personne qui accompagnait la victime est actuellement auditionnée par la police judiciaire. Il a expliqué qu'ils avaient été victimes de plusieurs tirs en provenance d'un barrage de jeunes ou de la cité.

    C'est en accompagnant des pompiers venus porter secours à ce syndicaliste que trois policiers avaient été légèrement blessés plus tôt dans la soirée, par des tirs de plombs, provenant «vraisemblablement d'une arme de chasse», a encore indiqué un responsable de la cellule de crise. Les secours avaient été prévenus vers 00h18 locales (5h18 en métropole) de la présence de cette personne blessée. Mais après avoir essuyé des tirs de projectiles, ils ont demandé à la police de les accompagner. Et ce n'est qu'une fois le site «sécurisé», vers 2h50, qu'ils ont pu approcher du syndicaliste, entre-temps décédé, selon la préfecture.

    Le secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-Mer, Yves Jégo, a estimé que le syndicaliste retrouvé mort en Guadeloupe avait été «manifestement assassiné par les émeutiers». «Il faut vraiment qu'il y ait une trève dans ces violences», a-t-il souhaité à la sortie du conseil des ministres. De son côté, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités Territoriales, tiendra ce mercredi à 16h une réunion consacrée à la sécurité publique aux Antilles.

    «Abandonné par la force publique»

    La nuit de mardi à mercredi a été marquée par une flambée de violence. Plusieurs magasins ont été pillés à Pointe-à-Pitre, selon la préfecture, et des barrages, dont certains enflammés, dressés sur plusieurs rues de la ville désertées par les habitants. Commentant les incidents qui avaient déjà émaillé la nuit de lundi à mardi, le maire de Pointe-à-Pitre, Jacques Bangou, a estimé que sa ville avait été «abandonnée par la force publique». «Les habitants ont vu les rues, les véhicules, les poubelles, les entreprises, les magasins livrés à des exactions commises par quelques bandes de jeunes», dont des adolescents de 12-13 ans, a-t-il déclaré mardi. «C'est un sentiment d'impuissance de ne plus appartenir à un Etat de droit, le sentiment de ne pas être en sécurité, d'avoir été abandonnée par la force publique», a-t-il jugé.

    À Baie-Mahault, une localité située à 10 kilomètres au nord de Pointe-à-Pitre, de violentes échauffourées ont opposé, dès 19h locales mardi, une centaine de jeunes à des gendarmes mobiles. Selon le maire de la ville, Ary Chalus, ces jeunes étaient présents dans une zone commerciale qui avait brièvement rouvert le week-end sous haute surveillance policière. Certains, munis de fusils à pompe, ont tiré à balles réelles en direction de la police, a-t-il également indiqué. Trois gendarmes ont été légèrement blessés, a ajouté le maire, tandis que trois jeunes ont également été interpellés. «Si ça continue, on risque d'avoir des familles endeuillées, il y a des enfants de 15 ans qui sont en train d'affronter les gendarmes : la Guadeloupe n'avait pas besoin de cela», a déclaré le maire de Baie-Mahault, en quittant les lieux.

    Les actes de vandalisme, d'incendies de commerce et de véhicules se sont poursuivis tard dans la nuit de mardi à mercredi. Outre Pointe-à-Pitre, les communes de Capesterre-Belle-Eau et Saint-François ont été touchées. La préfecture a recensé 15 commerces pillés, 7 établissements incendiés, 21 véhicules brûlés, 13 interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers sur l'île.

    Premier accord en Martinique

    Face à ce regain de violences mais avant l'annonce de la mort d'un homme à Pointe-à-Pitre, le «collectif contre l'exploitation» (LKP), qui mène la grève générale depuis le 20 janvier, a lancé «un appel au calme». «Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger», a déclaré le leader charismatique du LKP, Elie Domota. «Ne répondez pas à la provocation», a-t-il lancé aux jeunes, demandant dans le même temps au préfet de «retirer ses gendarmes». Un peu plus tôt son ton était pourtant différent. Vers 20h locales, sur RFO Télé-Guadeloupe, il avait appelé les manifestants à «laisser les gendarmes ‘débarrer' (retirer les barrages, ndlr) et à les reconstituer après leur départ». Appelant à «renforcer la mobilisation», Elie Domota avait aussi affirmé que «plus il y a de Guadeloupéens sur les routes, plus Sarkozy, Fillon et consorts comprendront qu'il faut satisfaire nos revendications».

    Le pouvoir et le président de la République en particulier sont la cible des protestations sur l'île.
    Le pouvoir et le président de la République en particulier sont la cible des protestations sur l'île. Crédits photo : AFP

    Mercredi matin sur RTL, il a répété cet appel au calme. Elie Domata a jugé que le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer et le préfet de région portent «l'entière responsabilité» des violences de la nuit. Il a aussi dénoncé les violences de certains membres des forces de l'ordre à l'encontre des manifestants et même des «propos racistes» comme «sales nègres» assénés à certains d'entre eux. Le dirigeant du LKP a estimé que la Guadeloupe représentait toujours aux yeux du pouvoir métropolitain une «colonie» traitée avec «mépris». Il a appelé Yves Jégo à «respecter ses engagements» plaidant notamment en faveur d'un plan «pour l'emploi et la formation des jeunes». Un peu plus tôt sur Europe 1, le gouvernement, par l'intermédiaire de son porte-parole Luc Chatel, a également lancé «un appel au calme». Il s'est refusé à donner des engagements, alors que le collectif qui mène la grève générale et les élus locaux insistent sur le fait qu'un pré-accord conclu avec Yves Jégo prévoyait une garantie de l'Etat à compenser par des baisses de charges une hausse des bas salaires.

    Ces violences surviennent alors que le président de la République doit recevoir jeudi à Paris les parlementaires et présidents des collectivités territoriales de Guadeloupe et Martinique.

    En Martinique, un accord a été conclu entre le «collectif du 5 février contre la vie chère et pour l'emploi» et les représentants de la grande distribution de l'île. Cet accord pourrait permettre une baisse du prix de certains produits de première nécessité. Les négociations doivent reprendre mercredi.

    » Le gouvernement doit-il être plus ferme vis-à-vis de la Guadeloupe ?

    » Guadeloupe: les élus appelés à un «front uni» face à Sarkozy

  • [Association] Campagne de l'AMAF avec les femmes Ministres d'Afrique contre l'émigration clandestine


    A la demande de certaines femmes Ministres d'Afrique et de certaines associations d'Afrique , l'AMAF a été sollicitée pour mener une campagne contre l'émigration clandestine pour éviter que de jeunes meurent chaque année en traversant la méditérranée. Nous avons donné notre accord en disant à nos partenaires que notre contribution sera morale car nous ne disposons pas de moyens financiers pour élaborer des affiches où se déplacer sur le terrain. Certains ministres nous ont proposé de prendre en charge notre séjour et notre billet d'avion dès qu'elles auront finaliser le projet.
    Nous remercions nos partenaires du Maroc qui ont choisi l'AMAF comme partenaire pour l'organisation de leur 1er Congrès en mars et qui nous ont proposé de nous joindre à elles. Nous les remercions vivement d'avoir acceptées de prendre en charge à notre demande les billets d'avion et le séjour de nos partenaires d'Afrique et de Belgique., ainsi que mon billet d'avion. Nos amies marocianes prennent en charge le séjour de nos invitées de Rhône Alpes. Seules sont conviées que des associations travaillant avec deux trois pays d'Afrique. Déjà en décembre 2005 au Sommet de la francophonie au Niger, le Ministre de la Jeunesse et des Sports du Maroc nous avait proposé de travailler ensemble faute de temps nous n'avions pas pu donner suite à son invitation.
    J'ai été très agréablement surprise par la réaction des femmes de l'AMAF et de certains sympathisants, des femmes Africaines d'Afrique, des femmes françaises et du neveu du défunt Cardinal Congolais Emile Biayenda suite aux calomnies dont j'ai été victime.Je tiens à témoigner toute ma gratitude à toutes ces personnes pour leur précieux soutien. Nous remercions également tous et toutes qui qui me portent dans leurs prières juifs , musulmans et chrétiens. Nous continueros nos actions tant que nous le pourrons . celles qui sont aigries peuvent vérifier auprès des institutions et désormais je ne me justifierais plus
    .. L'année dernière en avril nous avons reçu trois mille euros de la ville pour les journées d'Afrique qui ont eu lieu début avril , nous avons reçu une femme Ministre du Niger , une femme Député,, un directeur de l'ANPE du Niger et des chercheurs et des Universitaires . ces personnalités sont restées quatre jours à Lyon. C'est Mme la Député honoraire Bernadette Issac Sibille, M. Yannick Ducrot , le Président de la CGPME M. François Turcas, M. le Consul général du Maroc à Lyon et qui ont contribué au succès de nos journées d'Afrique. le Président de l'Université Jean Moulin Lyon 3 avait à notre disposition la salle et le Père carava la salle Polyvalente des Minimes.. Ces 14 personnalités ont été logées à l'hôtel et il fallait assurer leur repas, leur hébergement et transport.
    Grâce à cette visite , Mme le Ministre du Niger a permis à une entreprise Lyonnaise de travailler avec le Niger . Nous n'avons sollicité aucune contribution à cette entreprise.
    Ce qui importe pour nous c'est de trouver des débouchés pour nos entreprises et de contribuer au rayonnement de la France, de l'Afrique etbdu Moyen Orient à notre modeste
    niveau.
    Félicitations à Shoki Ali Saïd qui a permis aux autorités Villeurbanaises de découvrir l'hospitalié africaine. et de permettre une coopération entre une ville et Ethiopienne et la ville de Villeurbanne.
    A très bientôt. delphine BAYA0632061291 site www.amaf-web.fr

    [Société] Traque aux sans-papiers dans une communauté Emmaüs

    Emmaüs y voit une «grave atteinte au principe de l'accueil inconditionnel» des plus pauvres garanti par Nicolas Sarkozy. Cet après-midi, 17 février, la police a perquisitionné les locaux de la communauté Emmaüs de Marseille Pointe-Rouge pour y prendre les «dossiers des compagnons ayant des noms à consonnance étrangère», raconte Teddy Roudaut, le chargé de communication d'Emmaüs France.

    (Source : http://immigration.blogs.liberation.fr/coroller/2009/02/traque-aux-sans.html)

    Tout commence par l'arrestation hier, à l'extérieur des bâtiments, d'un sans-papiers accueilli par cette communauté. Convoqué ce mardi par la police, le responsable du centre Pointe-Rouge s'y rend et est placé en garde-à-vue puis libéré quelques heures plus tard sans savoir si des charges vont être retenues contre lui. Sur décision du parquet de Marseille, une perquisition a lieu, dans le même temps, dans la dite communauté afin de recenser la présence d’éventuels compagnons sans-papiers.

    A Emmaüs France, la nouvelle scandalise. «Le rôle des communauté est d'accueillir les personnes qui sont dans la misère sans leur demander leurs papiers», déclare Teddy Roudaut.

    Cette affaire a un précédent, plus grave: le 29 août 2007, la police avait pénétré à l'intérieur du centre Emmaüs de Foulain, près de Dijon (Côte d'Or), pour contrôler l'identité des compagnons. Un Tchadien, un Arménien, un Ukrainien et un Congolais avaient été interpellés, emmenés au centre de rétention du Mesnil-Amelot, près de l'aéroport de Roissy, en région parisienne, puis relâchés. Le président d'Emmaüs France avait alors adressé un courrier au ministère de l'Intérieur pour condamner ces pratiques.

    Quelques mois plus tard, le 17 octobre 2007, Nicolas Sarkozy avait prononcé, devant le Conseil économique et social, un discours dont l'association Emmaüs se revendique aujourd'hui. «Quand quelqu'un est dans la rue, on ne va pas lui demander ses papiers», avait alors déclaré le chef de l'Etat. Se disant favorable à un accueil «inconditionnel» en centre d'hébergement d'urgence, Sarkozy avait conclu par ces mots: «Toute autre politique est absurde et n'aura donc pas mon soutien».

    mardi 17 février 2009

    [Politique] Guadeloupe: barrages en feu et vitrines éventrées

    L’annonce par Nicolas Sarkozy d’un rendez-vous jeudi avec les élus de des départements d’Outre-mer n’a en rien entamé la détermination des manifestants.

    (Source : http://www.liberation.fr/societe/0101319988-guadeloupe-barrages-en-feu-et-vitrines-eventrees

    Source AFP

    Photo prise lundi 16 février à Pointe-à-Pitre (en Guadeloupe)

    Photo prise lundi 16 février à Pointe-à-Pitre (en Guadeloupe) (Reuters)

    La situation n'en finit pas de s'enliser en Guadeloupe. Après une nouvelle journée de fortes tensions lundi, la nuit dernière a été agitée, avec des barrages routiers en feu et des devantures de magasins éventrées.

    L’annonce par Nicolas Sarkozy d’un rendez-vous jeudi avec les élus de tous les départements d’Outre-mer -première initiative directe du chef de l’Etat dans la crise antillaise- n’a en rien entamé la détermination des manifestants.

    Cette nuit, une cinquantaine de jeunes (pour certains le visage masqué) ont jeté des pierres sur un escadron de gendarmes mobiles qui intervenaient pour lever des barrages routiers. Rue Frébault, la principale artère commerciale de Pointe-à-Pitre, plusieurs devantures de magasins ont été éventrées, selon le récit à l’AFP d’une équipe de télévision de RFO, qui a assisté à l’interpellation, au flash-ball, de trois jeunes poursuivis par des policiers.

    Plus d’une vingtaine de sapeurs-pompiers ont combattu durant près de deux heures l’incendie d’un magasin, où étaient entreposés de nombreuses matières plastiques et produits inflammables.

    Appel à un renforcement de la mobilisation

    Plus tôt dans la soirée lundi, plusieurs centaines de personnes ont assisté à un meeting du LKP à Pointe-à-Pitre, au cours duquel ses principaux dirigeants ont appelé à «un renforcement de la mobilisation».

    «Tout ce qui pourra se produire dans l’accentuation de la mobilisation nous place en légitime défense», a déclaré Charlie Lendo, "adjoint" du leader du LKP Elie Domota. Le «durcissement» du mouvement est selon lui «la conséquence du mépris que le gouvernement et le Medef ont manifesté en ne respectant pas l’accord du 8 février» et «montre la colère des Guadeloupéens». «La responsabilité, a-t-il estimé, incombe exclusivement au patronat et au gouvernement français».

    Jégo ne veut pas «acheter une illusoire paix provisoire»

    Dans une tribune au Figaro datée de mardi, Yves Jégo, secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, affirme que la politique du gouvernement vis-à-vis de la Guadeloupe «n’est pas d’acheter» une «illusoire paix provisoire».

    «Notre politique n’est pas d’acheter, comme ce fut tant de fois le cas auparavant, une illusoire paix provisoire. Il ne s’agit pas d’un mouvement de protestation sporadique, mais bien d’une triple crise. Une crise économique qui frappe toute la planète et atteint plus vite les économies fragiles, une crise structurelle liée aux dérives ultimes mais encore observables de l’héritage d’une économie de comptoir, et enfin, et peut-être surtout, une crise existentielle, en tout cas une crise sociétale».

    Yves Jégo estime que «ceux qui crient aujourd’hui au désengagement de l’Etat ne font en réalité que jouer sur les peurs: la réalité, c’est que le budget 2009 consacre 16,7 milliards à l’Outre-mer contre 15 milliards en 2008».

    Un collectif anti-grève

    Alors que le mouvement se durcit, un «Comité pour la sauvegarde des libertés» guadeloupéen a appelé hier soir à une manifestation silencieuse aujourd'hui à Pointe-à-Pitre contre la paralysie de l’île en raison de la grève.

    Dans un communiqué, ce collectif, qui a lancé une pétition sur internet, juge «pas normal de ne pas pouvoir envoyer nos enfants à l’école, de ne pas pouvoir travailler librement, de ne pas pouvoir nourrir convenablement nos enfants», en raison de la fermeture des écoles, services publics et commerces.

    Parmi les signataires, Nicolas Vion, président de la fédération des professionnels de l’hôtellerie, a souhaité auprès de l’AFP que cette manifestation se passe «dans le calme», tout regrettant les «exactions» qui ont marqué la journée de lundi.

    Les compagnies aériennes acceptent le report des vols

    Les compagnies aériennes qui desservent la Guadeloupe ont donné leur «accord de principe» pour autoriser le report des vols vers cette destination en proie à des troubles depuis plusieurs semaines, s'est félicité ce mardi le secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, Hervé Novelli.

    Les voyagistes s’étaient déjà engagés à permettre des reports dans l’année et il était nécessaire que les transporteurs en fassent autant pour «que la chaîne (du voyage) ne soit pas déséquilibrée», a ajouté Hervé Novelli, à l'issue d'une réunion avec les tours-opérateurs, les agences de voyages et les compagnies aériennes.

    Le secrétaire d’Etat a redit sa préférence pour le report des voyages sur la même destination plutôt que le report sur d’autres destinations pour ne pas trop «handicaper les Antilles» françaises.

    lundi 16 février 2009

    [Politique] "En Guadeloupe, rien n'a changé depuis l'esclavage"

    Patricia Braflan-Trobo, universitaire guadeloupéenne, auteure de "Conflits sociaux en Guadeloupe" et directrice d'une agence ANPE à Pointe-à-Pitre, analyse la crise sociale et les tensions raciales, alors que le département d'outre-mer va entrer dans sa cinquième semaine de grève générale.


    En Guadeloupe, les négociations sont bloquées. Comment sortir de cette impasse ?

    Le seul moyen d'en sortir, c'est que l'Etat dégage des moyens financiers pour les bas salaires (à hauteur de 200 euros). Il s'était engagé auprès du collectif LKP. Aujourd'hui, Yves Jégo dit qu'il n'a jamais rien promis. Mais, en Guadeloupe, tout le monde a en mains un document qui prouve le contraire.

    Si l'Etat finissait par accorder une hausse de 200 euros des bas salaires, les entreprises guadeloupéennes pourraient-elles mettre en place une telle mesure ?

    En Guadeloupe, il y a plusieurs catégories d'entreprises et de patrons. Les patrons des 40.000 très petites entreprises, qui représentent environ 80% du tissu économique, se sont réunis. Ils sont prêts à faire des concessions, à réfléchir à des pistes, même s'ils n'ont pas les moyens de financer cette mesure.

    Et il y a le patronat le plus réfractaire, celui du Medef. Ce sont les concessionnaires d'automobiles, par exemple. C'est ce patronat qui a les moyens de payer, et qui refuse de le faire. Beaucoup de chefs d'entreprises se sont nettement démarqués du Medef. Celui-ci est totalement isolé en Guadeloupe. Cette crise sociale, le Medef ne peut pas la concevoir.

    Pour quelle(s) raison(s)?

    Les 200 euros représentent un symbole, qui dépasse le cadre de la revendication salariale. C'est un symbole destructeur et négatif pour le Medef, aux mains des békés, les blancs créoles. Et ces descendants de colons ont beaucoup de mal à comprendre que leur autorité soit contestée. Payer 200 euros pour eux représente une atteinte portée à leur hégémonie.

    On a l'impression que plus le conflit s'enlise, plus les tensions raciales remontent à la surface.

    La Guadeloupe est un département français, certes, mais c'est surtout un département post-esclavagiste et post-colonial. Rien n'a changé. L'économie coloniale et l'économie actuelle ont la même structure, avec d'un côté les colons et de l'autre les esclaves. Après l'abolition de l'esclavage, ce sont toujours les mêmes qui détiennent le pouvoir économique.

    Il persiste un vrai problème de répartition des richesses. Les marges faites par les békés sont absolument abyssales en Guadeloupe et en Martinique, et je dirais même injurieuses pour l'être humain.

    Quatre pots de yaourt coûtent 1,99 euros en métropole et 7,99 euros en Martinique. Le yaourt devient un produit de luxe. Si le collectif martiniquais revendique une hausse des bas salaires de 450 euros (contre 200 en Guadeloupe), ce n'est pas au hasard. Nous connaissons les marges, le profit fait par les békés. Même l'Etat a dit qu'il fallait sanctionner ces profits.

    Après les blocages routiers, quelle est la prochaine étape de la contestation en Guadeloupe ?

    Je ne peux pas dire avec certitude. Mais le conflit va certainement se durcir. La Guadeloupe a l'habitude des ruptures. Elle a aboli l'esclavage en 1794, bien avant la Martinique. C'est un territoire à révoltes, alors que la Martinique est par tradition beaucoup plus calme.

    Et puis, les personnes du collectif LKP maîtrisent leurs dossiers et savent pertinemment que les grands groupes, comme Total, ont les moyens de donner. Ils font des profits grâce au travail des Guadeloupéens d'origine africaine et indienne et à leur consommation. Les Guadeloupéens réclament la justice sociale et la justice raciale.

    [Politique] Rama Yade : «Lourd malaise» dans les DOM

    La secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, Rama Yade, a déclaré dimanche qu'«on ne peut pas avoir une société à deux vitesses» en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion, relevant sur Canal+ l'existence d'un «lourd malaise» dû notamment à un «problème de répartition des richesses».


    (Source : http://www.leparisien.fr/politique/rama-yade-lourd-malaise-dans-les-dom-15-02-2009-412048.php) 15.02.2009, 16h30 | Mise à jour : 17h31

    «C'est vrai que là-bas il y a un lourd malaise dû à la cherté de la vie, au niveau du pouvoir d'achat, et, au-delà, à un problème de répartition des richesses», a déclaré la ministre, interrogée sur le mouvement de grève générale aux Antilles dans l'émission Dimanche+ de la chaîne.

    "Société à deux vitesses"
    «On ne peut pas avoir une société à deux vitesses en Guadeloupe, ni en Martinique, ni à la Réunion, et c'est la raison pour laquelle (le secrétaire d'Etat à l'Outre-mer) Yves Jego s'y est rendu pendant 10 jours, y est reparti avec deux médiateurs», a ajouté Rama Yade.

    Interrogée sur les revendications «raciales» lancées en Guadeloupe à l'égard de la minorité blanche, notamment la communauté des békés, descendants d'anciens colons, la secrétaire d'Etat a estimé qu«il n'y a de tensions de type, disons culturelles, que parce qu'aussi il y a un contexte social qui exacerbe ce genre de tensions».

    Selon elle le président Nicolas Sarkozy «n'a pas attendu cette crise sociale qui agite aujourd'hui la Guadeloupe pour réagir» en lançant la création d'un comité interministériel.

    «Je rappelle qu'avant même cette crise, un projet de loi sur le développement économique avait été adopté en Conseil des ministres et sera présenté au Parlement le 10 mars prochain», a-t-elle ajouté.

    Ce texte «va bien au-delà, finalement, de la crise sociale ponctuelle que nous connaissons et due aux conséquences de la crise financière, et qui va saisir la réalité de tous les problèmes qui touchent finalement la Guadeloupe et l'outre-mer», a ajouté Rama Yade.


    leparisien.fr

    [Football] John Mensah nouvelle victime d'insultes racistes

    FOOT - Un supporter havrais a été arrêté lors de Lyon-Le Havre...

    Il y a des cartons rouges qui se comprennent plus que d’autres. Victimes d’insultes racistes répétés d’un supporter havrais lors de Lyon-Le Havre dimanche (3-1), le latéral ghanéen de l’OL a craqué en fin de match se faisant expulser. Mensah avait d’ailleurs demandé à sortir à la mi-temps. Son entraîneur, Claude Puel, qui n'a pas entendu les insultes, a déclaré au micro de Foot+ avoir fait une «faute» en ne sortant pas son défenseur plus tôt.

    (Source : http://www.20minutes.fr/article/301204/Sport-John-Mensah-nouvelle-victime-d-insultes-racistes.php)Créé le 16.02.09 à 08h29 | Mis à jour le 16.02.09 à 09h10

    John Mensah contre la Fiorentina le 25 novembre 2008
    John Mensah contre la Fiorentina le 25 novembre 2008/M. Rossi / REUTERS



    Le spectateur auteur de ses propos racistes a été arrêté par les forces de l'ordre en fin de rencontre puis placé en garde à vue dans les locaux de l'hôtel de police de Lyon où il a été entendu. Une nouvelle audition est prévue lundi matin. Il fera ensuite l'objet de poursuites pénales de la part du parquet à l'issue de l'enquête.

    Annonce dans le stade

    «Dès l'échauffement, des supporteurs du Havre ont proféré des insultes racistes envers John Mensah mais aussi Kader Keita, Frédéric Piquionne ou encore Karim Benzema», explique pour sa part le président de l'Olympique lyonnais, Jean-Michel Aulas. «John a très mal pris la chose. Cela a continué durant la rencontre. Cela l'a amené à avoir une attitude de rébellion»,
    précise le président de l'OL, faisant référence à l’expulsion de son joueur.

    «Nous avons sans doute fait une erreur au niveau du club de ne pas avoir prévenu les délégués et l'arbitre de ce qui se passait. Nous avons fait un certain nombre d'annonces dans le stade. La police a décidé d'interpeller les auteurs de ces cris de singes. Il s'agit essentiellement d'un supporteur du Havre qui était dans la tribune et qui a été arrêté», ajoute Jean-Michel Aulas.

    14 interpellations pour actes racistes en 2007/2008

    Le spectateur a été interpellé dans la tribune Jean-Bouin. Le speaker du stade en a fait l'annonce en début de seconde période, vers la 55e minute, avant de rappeler les termes de la loi en matière d'insultes racistes dans un lieu public.

    Lors de la saison 2007-2008, 14 interpellations pour actes racistes autour des matches de L1 avaient été effectuées, dont 5 hors des stades, a indiqué le commissaire divisionnaire Michel Lepoix, ancien coordinateur national football, lors d'un colloque intitulé «football professionnel, racisme et engagement citoyen», le 9 février à l'Assemblée nationale.
    A.P.

    samedi 14 février 2009

    [Economie] Bongo, Sassou-Nguesso, Obiang: ces trois chefs d'Etat africains possèdent-ils en France des "biens mal acquis"?

    L'affaire "BMA" secoue la FrançafriqueBongo, Sassou-Nguesso, Obiang: ces trois chefs d'Etat africains possèdent-ils en France des "biens mal acquis"? Ont-ils détourné des fonds publics pour y acheter propriétés et voitures de luxe? A Paris, la justice doit bientôt se prononcer sur les suites à donner à la plainte déposée contre le trio. Un dossier explosif pour ces pays pétroliers.

    (Source : http://www.lexpress.fr/outils/imprimer.asp?id=740477) Par Philippe Broussard, publié le 13/02/2009 10:00 - mis à jour le 13/02/2009 16:37


    BMA. Trois lettres qui fâchent. BMA pour "Biens mal acquis". La suite est proverbiale - "ne profitent jamais..." - et vise trois dirigeants africains suspectés d'avoir détourné des fonds publics pour acquérir des dizaines de logements et de véhicules de luxe en France: Omar Bongo Ondimba (Gabon), Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville) et Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale).

    L'inventaire des biens en question est si long qu'il ferait pâlir d'envie nombre d'agents immobiliers et de concessionnaires automobiles.

    Quant à la liste des bénéficiaires, elle confine au Who's Who ouest-africain: outre les présidents déjà cités, il y a là des épouses, des filles, des fils, des neveux, des gendres de présidents... Bref, un aréopage assez relevé pour affoler le Quai d'Orsay, mobiliser l'Elysée et irriter le trio incriminé, pressé que la justice française mette un terme à cette procédure largement médiatisée.

    OMAR BONGO ONDIMBA (Gabon) Immobilier : 39 propriétés, dont 17 au nom du président lui-même.Comptes bancaires : 70, dont 11 au nom du président lui-même.Voitures de luxe : au moins 9 (montant total : 1 493 444 euros).

    AFP

    OMAR BONGO ONDIMBA (Gabon)

    Immobilier : 39 propriétés, dont 17 au nom du président lui-même.

    Comptes bancaires : 70, dont 11 au nom du président lui-même.

    Voitures de luxe : au moins 9 (montant total : 1 493 444 euros).

    La décision ne tardera pas: la juge d'instruction parisienne Françoise Desset se prononcera, début mars, sur les suites à donner à la plainte déposée, à Paris, en décembre 2008, pour "recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de bien social, abus de confiance et complicités".

    Si la juge estime cette plainte irrecevable, l'affaire entrera dans un tunnel procédural à l'issue incertaine. Si, au contraire, elle la considère comme recevable, ce sera un premier pas - hautement symbolique - vers une enquête approfondie, confiée à un magistrat instructeur, afin de connaître l'origine de l'argent déboursé en France.

    Au Gabon comme au Congo-Brazzaville, les deux pays les plus touchés par le soupçon, une telle décision serait perçue comme un geste de défiance. Pour en convaincre Paris, les présidents visés multiplient les avertissements, plus ou moins voilés. Et apprécient sans doute à sa juste valeur la coïncidence d'actualité que constitue l'"affaire Kouchner".

    Pour mesurer l'ampleur du scandale BMA, il faut revenir en mars 2007 et au dépôt, à Paris, d'une première plainte. Sont alors visés les trois chefs d'Etat déjà cités, mais aussi le Burkinabé Blaise Compaoré et l'Angolais José Eduardo Dos Santos. Les poursuites émanent de trois associations: la Fédération des Congolais de la diaspora, Survie et Sherpa, un groupement de juristes. Leur démarche s'appuie en partie sur un rapport du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), intitulé "Biens mal acquis... profitent trop souvent".

    Dossier complet

    L'affaire "BMA" sur LEXPRESS.fr, c'est aussi:

    - les biens immobiliers des chefs d'Etat africains en France, sur notre carte interactive

    - la liste complète ainsi que les photos de leurs voitures de luxe

    - la colère du Gabon

    Fort de ces éléments, le parquet demande à l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) d'enquêter. Les policiers dressent la liste des présidents et de leurs proches, recensent les adresses françaises, les comptes bancaires, les voitures, et constituent ainsi un dossier d'une extrême richesse, au propre et au figuré.

    Les appartements se comptent par dizaines, dans la capitale, en proche banlieue et dans le Sud. Avec une mention spéciale, toutefois, pour le clan Bongo. En septembre 2007, quand l'OCRGDF fait le bilan de ses recherches, le président gabonais et son entourage arrivent largement en tête, avec 39 propriétés. Trois appartements avenue Foch (XVIe)? Bongo. Un sept-pièces boulevard Lannes (XVIe)? Bongo. 219 mètres carrés rue Laurent-Pichat (XVIe), 284 mètres carrés avenue Rapp (VIIe), 125 mètres carrés et 13 garages à Aix-en-Provence? Bongo, Bongo, Bongo...

    Le joyau de l'inventaire: un hôtel particulier de 19 millions d'euros

    Sans oublier une propriété niçoise comprenant deux maisons, trois appartements et une piscine. Le joyau de l'inventaire reste toutefois un hôtel particulier (actuellement en travaux) situé rue de la Baume, à Paris (VIIIe). Sa valeur en juin 2007? Près de 19 millions d'euros. Il a été acquis par une société civile immobilière (SCI) dont trois porteurs de parts sont l'épouse d'Omar Bongo et deux de ses enfants mineurs.

    Immeuble rue de la Baume, 75008 Paris.

    Immeuble rue de la Baume, 75008 Paris.

    Le beau-père d'Omar Bongo, le président congolais Denis Sassou-Nguesso, dispose lui aussi - directement ou par ses proches - de pied-à-terre enviables: un appartement de 10 pièces rue de la Tour (XVIe), un autre de 328 mètres carrés avenue Niel (XVIIe)... Ou encore, au Vésinet (Yvelines), la villa Suzette, une demeure de 500 mètres carrés.

    Pour les trois familles concernées, la liste des voitures de luxe est à l'avenant. Avec, parfois, des conditions d'achat surprenantes. Ainsi, en 2004, l'épouse du président gabonais s'offre une Maybach 57 bleu clair d'une valeur de 326 752 euros, mais le chèque, tiré sur le compte de la Paierie du Gabon (les caisses publiques), est supérieur à ce montant (390 795 euros).

    Explication: la différence (64 000 euros) est un acompte sur l'achat d'une Mercedes classe E 55 pour sa fille Pascaline, directrice du cabinet privé du président. En 2006, cette même Pascaline fait l'acquisition d'une autre Mercedes (75 558 euros) payée en partie grâce à un chèque (41 370 euros) tiré d'un compte de Me François Meyer, l'un des avocats parisiens de son père. Me Meyer précise à L'Express qu'il s'agissait d'un "cadeau": "Pascaline est quelqu'un que je connais depuis vingt ans. Chacun sait que je gagne bien ma vie. J'ai quand même le droit de faire ce que je veux de mon argent!"

    DENIS SASSOU-NGUESSO (Congo-Brazzaville)Immobilier : 18 propriétés. Comptes bancaires : 112. Voitures de luxe : au moins un véhicule (172 321 euros).

    AFP

    DENIS SASSOU-NGUESSO (Congo-Brazzaville)

    Immobilier :
    18 propriétés.

    Comptes bancaires :
    112.

    Voitures de luxe :
    au moins un véhicule (172 321 euros).

    Si complètes soient-elles, les investigations ne suffisent pas à convaincre le parquet d'aller plus avant dans les recherches. Le 12 novembre 2007, la plainte est classée sans suite pour "infraction insuffisamment caractérisée". Sous-entendu: rien ne prouve l'origine frauduleuse de l'argent ayant permis ces dépenses, dont les intéressés eux-mêmes ne font d'ailleurs pas mystère. Les plaignants ont beau assurer que les présidents ne perçoivent pas des salaires compatibles avec un tel train de vie et que la plupart de leurs proches sont sans profession, le parquet estime, lui, qu'il n'y a pas matière à fouiller.

    Reste que le dossier est là, avec ses factures, ses virements, ses listes d'adresses. Autant d'informations dont la divulgation agace les chefs d'Etat mis en cause. Leur colère est d'autant plus grande que l'adversaire ne s'avoue pas vaincu... Une autre plainte, assortie d'une constitution de partie civile, est déposée le 2 décembre 2008 devant le doyen des juges d'instruction de Paris. Cette fois, seuls trois présidents sont visés: Bongo, Sassou et Obiang (Guinée équatoriale). Ceux sur lesquels il existe le plus d'éléments.

    "Notre but n'est pas de stigmatiser l'Afrique mais le rapport est accablant"

    Cette plainte émane d'un citoyen gabonais, Gregory Ngbwa Mintsa, et d'une prestigieuse association de lutte contre la corruption et le blanchiment: Transparency International (TI). En s'associant à ces poursuites, la branche française de TI leur donne une crédibilité supplémentaire.

    La composition de l'organisation laisse en effet peu de doute sur le sérieux de la démarche. Daniel Lebègue, président de TI France, est un ancien président de la Caisse des dépôts et consignations. Parmi les membres de l'association figurent Jean-Claude Paye, ancien secrétaire général de l'OCDE, et Anne-José Fulgéras, ex-chef de la section financière du parquet de Paris.

    "Notre but n'est pas de stigmatiser l'Afrique et ses dirigeants, précise Daniel Lebègue à L'Express, mais le rapport est accablant. C'est même exceptionnel, pour un magistrat, d'avoir un dossier aussi précis, complet, exhaustif. La disproportion est telle entre les revenus officiels des uns et des autres et leur patrimoine qu'il y a, à nos yeux, des présomptions fortes et concordantes de détournements de fonds publics. Nous parlons tout de même de biens dont la valeur totale est évaluée à 160 millions d'euros! Et nous savons qu'ils ont d'autres actifs, en Suisse, aux Etats-Unis, peut-être en Espagne."

    Les avocats français des "suspects" contestent cette thèse et certaines assertions des plaignants. Ainsi, au nom d'Omar Bongo, Me François Meyer rejette les conclusions de l'enquête préliminaire. Selon lui, son client n'a pas 17 propriétés à son nom, mais cinq, et quatre d'entre elles auraient été acquises entre 1967 et 1974, à une époque où le coût de l'immobilier était "très bas".

    Le président congolais monte lui-même au front

    "Ce patrimoine est compatible avec ses revenus de président depuis quarante ans, insiste Me Meyer. Des revenus supérieurs aux 15 000 euros mensuels évoqués par certains médias. Rappelons aussi que les chefs d'Etat du monde entier ont à disposition des fonds souverains permettant d'acquérir des biens au nom de leur pays. Quant aux personnes de l'entourage du président, elles travaillent et ont les moyens d'être propriétaires à Paris. A mes yeux, la plainte est vouée à l'échec. Les gens qui la portent le savent, mais cherchent avant tout un écho médiatique. Mon client vit très mal cette affaire absurde. Ses compatriotes aussi. Pour eux, il est logique qu'il dispose de logements à Paris. Il lui faut bien des endroits où se reposer!"

    Du côté congolais, c'est le président lui-même, Denis Sassou-Nguesso, qui monte au front pour qualifier de "bourgeois de Neuilly" les dirigeants des ONG Sherpa et TI France: "Si on regarde bien, déclarait-il en décembre, ce sont des descendants de l'esclavagisme et du colonialisme qui veulent se donner bonne conscience en parlant aux Africains, en ayant pitié."

    Le cas du dirigeant équato-guinéen Obiang, au pouvoir depuis 1979, est différent. Cet homme de 66 ans, dont le pays produit aussi du pétrole et peut compter sur ses ressources forestières, n'a, semble-t-il, qu'une ou deux adresses en France. L'OCRGDF a surtout recueilli des éléments sur le parc automobile de son fils aîné, Teodorin: au moins huit véhicules, d'une valeur totale de 4,2 millions d'euros, achetés en France entre 1998 et 2007.

    TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO (Guinée équatoriale)Immobilier : au moins une propriété au nom du président lui-même. Compte bancaire : un compte (Barclays), au nom de son fils. Voitures de luxe : au moins 8 véhicules détenus par le fils (montant total : 4 213 618 euros).

    AFP

    TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO (Guinée équatoriale)

    Immobilier : au moins une propriété au nom du président lui-même.

    Compte bancaire : un compte (Barclays), au nom de son fils.

    Voitures de luxe : au moins 8 véhicules détenus par le fils (montant total : 4 213 618 euros).

    L'avocate du président Obiang, Me Isabelle Thomas-Werner, ne voit là aucune raison d'accuser son client. "Que son fils soit riche et apprécie les belles voitures, c'est une chose. Mais je ne comprends pas pourquoi mon client apparaît dans ce dossier. Que lui reproche-t-on? Il se demande pourquoi les Français lui en veulent tant. L'acharnement contre ce petit pays est incompréhensible! Les poursuites de Transparency reposent juste sur un rapport rédigé en 2004 par deux sénateurs américains."

    De fait, ce rapport figure au dossier, mais d'autres sources confirment, sur la base d'informations plus récentes (septembre 2007), les soupçons contre les Obiang, en particulier le fils. Ces sources détaillent les mécanismes financiers qui lui ont permis de transférer des sommes colossales de Guinée équatoriale aux Etats-Unis, en transitant par des banques françaises. Entre avril 2005 et juin 2007, une quinzaine de virements sont ainsi passés par la Banque de France, Fortis France et Natixis. Avec cet argent, le fils Obiang s'est offert une villa à Malibu (35 millions de dollars) et un jet (33,8 millions de dollars).

    Dans ce cas, comme dans ceux des dirigeants gabonais et congolais, la justice s'apprête donc à prendre une décision lourde de conséquences politiques. En attendant, la tension monte. A Libreville, le seul plaignant gabonais a été incarcéré pendant deux semaines en janvier. Son avocat français, Me Thierry Lévy, n'a pas pu se rendre sur place, les autorités locales ayant refusé de lui accorder un visa.

    En France, aussi, la fièvre gagne. A Orléans, un opposant congolais, dont l'épouse s'était jointe à une plainte précédente, a fait l'objet de menaces. Quant à Me William Bourdon, responsable de Sherpa et défenseur de TI France, il affirme avoir subi des pressions de la part de deux personnes - dont un avocat du barreau de Paris - se présentant comme des émissaires du Gabon.

    La tension est tout aussi vive dans l'entourage des présidents incriminés, où l'on redoute les ennuis judiciaires. Si les chefs d'Etat se savent protégés par l'immunité liée à leur fonction, il n'en est rien, en effet, pour leurs proches. Une note du ministère des Affaires étrangères, versée au dossier, le rappelle : ceux-ci ne bénéficient d'une forme d'immunité qu'en cas de visites ou de missions officielles. Une protection peu efficace contre les charges explosives du dossier BMA.