Pages

lundi 14 février 2011

[RACISME] Une affaire de racisme à l’école secoue le village de Treffort (01) (Le Progrès)

Parents d’élèves, habitants et membres de l’équipe pédagogique se sont mobilisés après une affaire de racisme à l’école de Treffort-Cuisiat. Ce qui n’a pas empêché la famille Traoré de quitter la commune fin janvier

La famille Traoré est arrivée à Treffort-Cuisiat le 1 er janvier 2010. Nancy, maman de cinq enfants et surveillante pénitentiaire, est alors mutée à la prison de Bourg-en-Bresse.

Originaire de Côte-d’Ivoire, elle arrive du Bouscat, près de Bordeaux, où elle est conseillère municipale. Mais dès l’arrivée de la famille, tout se complique pour les trois enfants scolarisés : « Ils me disaient que les autres ne jouaient pas avec eux, qu’ils regardaient leurs cheveux… Mais je leur répondais de patienter, que c’était parce qu’ils étaient arrivés en milieu d’année. En plus, on était les premiers Noirs à vivre à Treffort, donc je disais que les enfants de l’école devaient s’habituer », explique Nancy Traoré. Mais les choses s’enveniment vite. D’abord, quelques remarques : « Vous êtes Haïtiens, vous portez la poisse ! ». La mère de famille décide de ne pas s’en soucier. Jusqu’au jour où ce que certains appellent de la « curiosité » va trop loin : « Mon aîné est rentré en pleurs. Il avait mal au ventre, faisait des cauchemars mais ne disait rien. En fait, des CM2 les avaient encerclés à la cantine, avaient jeté leurs plateaux au sol en leur disant « Les Noirs, vous mangez par terre ». Au début, je ne croyais pas mes enfants, tellement ça me paraissait d’un autre siècle. Mais d’autres élèves et les dames de la cantine l’ont confirmé », précise la mère, encore émue. Commence alors une phase de repli. « J’avais peur pour eux. Ils n’avaient pas d’amis, on tirait sur leurs manteaux. Je me renfermais chez moi ». C’est à ce moment-là que des parents d’élèves s’inquiètent et viennent voir Nancy Traoré, qui hésite même à leur ouvrir la porte. Déterminées, elles obtiendront un rendez-vous avec la directrice de l’école de l’époque qui envoie une lettre aux parents sans les convoquer. Les agissements continuent jusqu’au dernier jour de l’année, où M me Traoré récupère un de ses fils « le visage enflé », après avoir reçu des coups. Pendant les vacances, face au mal-être de ses enfants, elle décide d’alerter l’inspection académique (lire par ailleurs). Malgré des souvenirs difficiles, elle ne veut « pas mettre tout le monde dans le même panier. Beaucoup de gens du village sont ouverts d’esprit », dit-elle. À la mairie, Chantal Hutin-Fromont, adjointe aux affaires scolaires, a d’abord conseillé la maman pour trouver des appuis : l’animatrice jeunes, le CCAS… Mais aujourd’hui, elle a plutôt tendance à minimiser. « Depuis son arrivée, M me Traoré voulait vraiment retrouver sa ville d’origine. » Finalement, Nancy Traoré a demandé sa mutation et l’a facilement obtenue compte tenu du contexte, seulement un an après son installation à Treffort-Cuisiat.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire