À l'approche du premier tour des régionales organisé le 14 mars, lepoint.fr emboîte le pas à des novices de la politique. Aujourd'hui, Alain Dolium, tête de liste du MoDem en Ile-de-France, nous raconte sa première campagne.
En visite à La Courneuve lundi, Alain Dolium rencontre une pharmacienne de la cité des 4.000. Elle lui explique qu'elle ne croit plus aux politiques, qu'ils ne cessent de mentir. Et lui lâche : "Mais quand je vous vois, vous, ça me donne envie de voter." Ce souvenir restera dans la mémoire de la tête de liste du MoDem pour les régionales en Ile-de-France comme "une tranche de vie incroyable". "Quand j'arrive, on voit l'homme, pas le politique. Je ne suis pas langue de bois, je ne le serai jamais. Quand on veut être concret, on peut", assure Alain Dolium pour expliquer l'engouement de la pharmacienne. D'ailleurs, lorsqu'il évoque ses projets pour la région, il demande sans cesse à son interlocuteur : "Vous voulez un exemple concret ?" Ainsi parle Alain Dolium, 43 ans, "afro-français, ultramarin, noir tout simplement", comme il se décrivait lui-même en décembre, élevé en banlieue parisienne, en campagne pour la première fois. La bataille semble perdue d'avance, le MoDem étant crédité de 5 % dans les sondages . Mais ces pronostics - qu'il juge de toute façon "mensongers" - n'entament pas son enthousiasme.
François Bayrou et Alain Dolium font connaissance en septembre 2009. "Une rencontre d'hommes avec un grand H . Sans round d'observation. On a parlé d'éducation, d'Europe, de développement agricole... Bref, de tout, sauf des régionales", raconte ce chef d'une petite entreprise spécialisée dans les technologies de la téléphonie. Toujours est-il que le leader du MoDem le choisit dans la foulée comme candidat pour cette échéance. Aussitôt décrit comme "le nouvel Obama français" (par son propre staff !), parfaite "nouvelle icône de la diversité", Alain Dolium tranche : "C'est des conneries, tout ça. Me désigner était un choix basé sur mes compétences." Et c'est pour cela qu'il a accepté.
Le MoDem, un "parti démocratique"
Un jour, son fils de 7 ans et demi s'exclame en voyant François Bayrou à la télé : "Papa, c'est lui ton nouveau patron ?" Alain Dolium en rit encore, lui qui se sent à l'aise au sein de ce parti tant critiqué , justement parce que François Bayrou y règnerait en maître. Bien sûr, le Béarnais est un patron, juge le manager, "et il est normal que la stratégie d'un parti soit décidée par un exécutif".
Ses piques, il les réserve donc aux mécontents du bayrousime. "Je ne comprends pas ceux qui vont à la soupe avant de cracher dedans. Quand on voit cette nouvelle génération que promeut le MoDem, je trouve cela très positif. Quant à nos méthodes, nous sommes plus démocratiques que les autres partis." Il en veut pour preuve de n'avoir reçu "aucune consigne de parole". "Pour un novice, c'est très rare. Quand François me présente en réunion publique, il assure ne pas vouloir me formater". Un minimum, diront les mauvaises langues...
"Centriste dans l'âme"
Autre luxe que lui offre la politique : pouvoir véhiculer ses idées dans des conditions idéales. "Faire de la politique me permet d'avoir des moyens, plus que dans le milieu associatif par exemple. De sillonner tous les départements, un jour au pied des tours, un autre dans un quartier résidentiel. De parler avec tout le monde : précaires, membres de la classe moyenne ou plus nantis. De prendre conscience de la vulnérabilité de l'ensemble de la population francilienne." Le diagnostic de ce "centriste dans l'âme" au soir de la campagne ? "Il faut se battre pour que l'État propose la même ligne de départ pour tout le monde, le même accès au service public, un accès à l'éducation non discriminatoire, la même offre de santé pour tout le monde", récite-t-il, impeccable.
Dès lors, quelle stratégie d'alliances adopter pour arriver à ces fins, lui demande-t-on ? Celui qui se définit comme "centriste dans l'âme", a voté François Bayrou au premier tour en 2007 et Ségolène Royal au second (tout en rêvant que Bayrou accepte le poste de Premier ministre proposé par Royal...) ,répond : "En Ile-de-France, nous étions au départ la seule formation à évoquer sérieusement la question de l'emploi. Aujourd'hui, tout le monde en parle. Je ne peux envisager l'alliance avec un parti que si nous avons des engagements sur cette question. Je veux comprendre quelles sont les propositions concrètes faites par les uns et les autres sur ce thème et je vais donc demander un débat pour cela. Chaque chose en son temps. Pour l'heure, nous sommes dans une campagne de premier tour." S'il n'est pas langue de bois, Alain Dolium a en tout cas vite appris les codes.
lundi 8 mars 2010
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