Hier, les locaux du parti de Jean-Pierre Fabre ont été investis par la gendarmerie qui a notamment emporté les ordinateurs et les PV électoraux sur lesquels comptait l’opposition pour prouver qu’il y a bien eu, selon elle, une fraude du pouvoir. Le Franco-Togolais Kofi Yamgnane, ancien ministre de Mitterrand, qui avait été empêché in extremis de se présenter à cette élection présidentielle togolaise, s’est rangé derrière Fabre durant la campagne et est devenu son porte-parole.
La manifestation à laquelle avaient appelé les opposants hier à Lomé a peu mobilisé…
KOFI YAMGNANE. Mais parce que le régime réprime toute manifestation ! Les jeunes veulent en découdre car ils savent que ce qu’ils ont voté ne correspond pas aux résultats annoncés. Beaucoup de monde avait commencé à se masser mais la place où devait avoir lieu le rassemblement a été bouclée et il y a eu des tirs de grenades lacrymogènes.
Comment réagissez-vous à la perquisition des locaux de l’opposition ?
Ils ont brûlé les 6 300 PV électoraux que nos militants nous avaient apportés. Cela démontre qu’ils n’ont pas la conscience tranquille et que c’est bien nous qui avons gagné ces élections. Ces documents étaient le seul moyen pour nous de faire un recours et de prouver la fraude…
Qu’attendez-vous de la communauté internationale ?
Si elle est objective et n’est pas pieds et poings liés à ce régime autoritaire, elle doit demander à ce que ces élections soient annulées. L’Union européenne, qui avait envoyé des observateurs, a remis il y a quelques jours un rapport très critique sur la collecte des résultats électoraux. J’apprécie pour l’instant l’attitude de la France qui a dit qu’elle attendait de se prononcer sur les résultats. Ces élections ont quand même coûté la bagatelle de 17 millions d’euros : les Etats-Unis ont donné 1 million et l’Union européenne 16 millions pour que cela se déroule dans de bonnes conditions, et cela n’a pas été le cas. Les citoyens européens sont en droit de dire que c’est amoral de donner autant d’argent pour qu’il soit détourné par le régime de Faure Gnassingbé. Il est temps que cela s’arrête.
Que peut-il se passer désormais ?
Ce régime doit reconnaître qu’il n’a pas gagné. Nous, nous sommes en capacité de faire bouger ce pays et sommes même prêts pour cela à gouverner avec les éléments les plus progressistes du RPT (NDLR : le Rassemblement du peuple togolais, parti au pouvoir). La communauté internationale doit aider à trouver un compromis pour que le Togo ne passe pas cinq ans de plus avec le même président, le même gouvernement, les mêmes violences et le même autisme. Faure Gnassingbé ne peut plus espérer présider. J’espère qu’il en a pris conscience.
La situation est tendue, craignez-vous pour votre personne ?
Les arrestations d’opposants se multiplient en effet. Hier une dizaine de personnes notamment ont été embarquées lors de la perquisition des locaux de l’UFC. Moi, j’ai la chance d’être médiatisé et cela me protège. Sinon je serais au gnouf depuis longtemps !
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