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jeudi 4 juin 2009

[Politique] Diversité: «L’effet Obama n’a pas duré longtemps» (Libération)

Rachida Dati, numéro deux de la liste (UMP) en Ile-de-France, lors d'une réunion publique dans laLe Cran (Conseil des associations noires) a réalisé une enquête sur la place donnée par les partis aux candidats représentant les minorités sur les listes aux européennes. Bilan: «Une très légère avancée», loin d'être «significative».

(Source : Libération)

Les partis vont-ils, dimanche prochain, faire rimer eurodéputés et diversité? S’il note «une très légère avancée», le Cran (conseil représentatif des associations noires), qui publie à chaque élection une enquête sur la représentation des minorités, n’en est pas à décerner un satisfecit, déplorant même que l’élection d’un président métis n’ait pas davantage coloré les listes des principales formations.

«L’effet Obama n’a pas duré longtemps», constate le Cran, qui évoque «une évolution trop faible pour être significative» et «pronostique jusqu'à 6 eurodéputés issus de la diversité» en France métropolitaine, le soir du 7 juin.

Avec, probablement, un poil de pessimisme. Outre les trois sortants, Tokia Saïfi (UMP, Nord-Ouest ) et les socialistes Harlem Désir (Ile-de-France) et Kader Arif (Ouest) seront reconduits. Numéro deux dans l’Est, Liêm Hoang-Ngoc, devrait rejoindre sur les bancs socialistes du Parlement. Et le numéro 3 sur la liste (PS) Sud-Est, Karim Zeribi, a ses chances. Pour le Modem, Chérifa Adaissi est en seconde position dans le Centre. Et Omar Slaouti conduit la liste du NPA en Ile-de-France.

Pour l’UMP, la Garde des Sceaux, un temps symbole du volontarisme de Nicolas Sarkozy en matière de promotion de la diversité, après son élection aux municipales, sera élue en Ile-de-France.

«Le PS fait mieux que l’UMP»

Première conclusion de l’enquête du Cran, réalisée sur la première moitié de chaque liste des partis dans les 7 régions hexagonales (soit 69): «le PS fait mieux que l’UMP» avec 10 candidats socialistes, contre 3 pour la majorité présidentielle.

Chargé des élections au PS, Christophe Borgel rappelle que la diversité faisait partie des principaux critères de composition des listes, comme «le rassemblement et le renouvellement». Chiffrant à 21-22% la représentation des minorités sur l’ensemble des listes, il estime que «l’objectif a été légèrement dépassé».

Saluée, en 2007, pour les nominations par Nicolas Sarkozy du trio Dati-Yade-Amara au gouvernement, l’UMP est, cette fois, pointée du doigt pour n’avoir pas transformé l’essai sur le plan électoral. «On parle beaucoup mais on agit peu», relève le président du Cran, Patrick Lozès, se déclarant «désagréablement surpris, après des prises de parole tonitruantes sur la question de la diversité» et la nomination de Yazid Sabeg, comme commissaire à la diversité.

Selon Kamel Hamza (UMP), de l’Aneld (Association nationale des élus locaux de la diversité), «ce n’est pas la diversité qu’a privilégié» le parti majoritaire. A l’inverse d’un scrutin uninominal, comme les législatives où les élus gardent la main sur leur fief, les européennes auraient pu permettre de faire émerger de nouveaux talents et de «récompenser les jeunes qui se battent dans des territoires compliqués», juge ce conseiller municipal à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

«Nomadisme électoral»

«Sur un scrutin de liste, on pourrait espérer que les choses soient plus faciles, confirme Patrick Lozès, mais c’est aussi une élection où les partis tentent de caser»... leurs apparatchiks. De manière générale, il pointe un «certain nomadisme électoral» subi par les candidats noirs, arabes ou d’origine asiatique, qui ne bénéficient guère d’«une vraie politique ancrée sur un terreau d’élus de la diversité et de responsables de partis».

Un reproche que récuse Christophe Borgel, assurant n’avoir pas recruté des candidats alibis à la dernière minute. «Si on veut, naturellement dans la vie du pays, constituer un vivier, c’est un travail de longue haleine qui ne s’entame pas quand on a le nez dans le guidon», promet-il, citant les municipales où le PS a «garanti l’entrée dans les exécutifs de candidats de la diversité. Être adjoint ou conseiller général donne plus de chances» pour les scrutins suivants.

L’impératif de placer les sortants ou autres prétendants de renom est, de fait, moins problématique pour les autres formations. «On n’est pas encombrés», plaisante Eric Azieire, chargé des élections au Modem. Le parti compterait, sur ses 69 candidats (non-suppléants), 8 centristes issus de l’immigration, dont Fadila Mehal, troisième en Ile-de-France et présidente des Marianne de la diversité.

A en croire Omar Slaouti, aussi candidat en Ile-de-France, le NPA (également à 8) a, de son côté, ouvert ses portes aux militants «des quartiers populaires» qui ne heurteraient pas aux «barrières» dressés dans d’autres partis: «Ce n’est pas que les partis n’aiment pas les arabes, mais chacun y suit sa stratégie individuelle, argumente-t-il. Chez nous, le rapport personnel au pouvoir n’existe pas.»

«Un pied à l’étrier»

Quant à Europe Ecologie (10 sur 69), Patrick Lozès, s’il juge que le compte n’y est pas, reconnaît avoir des exigences fortes, les Verts - pièce maîtresse du rassemblement - étant traditionnellement des bons élèves. Et «Cohn-Bendit a fait son autocritique, mention vérité, donc», nuance-t-il. Citant notamment Malika Benarab-Attou (Sud-Est) et Karima Delli (Ile-de-Franc), Cécile Duflot se dit «vigilante» et veut «préparer l’avenir». Une place sur une liste permettant à ces candidats de «mettre un pied à l’étrier». «C’est un paramètre important, jamais marketing, on ne va chercher personne, avant les élections, pour la couleur de sa peau», prévient la secrétaire nationale des Verts.

Reste que les efforts des partis, régulièrement rappelés à l’ordre, ne suffisent pas pour prétendre présenter aux élections des listes qui épouseraient la réalité sociologique du pays, conclut Lozès, les appelant à accentuer leur volontarisme. Non pour des raisons de «charité mais de justice». Et sous peine, avertit le président du Cran, de voir les électeurs «sortir de l’arc républicain» et bouder «les partis traditionels». Ces derniers «discréditent la parole politique en ne tenant pas leurs promesses, ajoute-t-il. Ils ne nous aident pas beaucoup à force de ne pas voir la diversité avancer.»

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