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lundi 3 août 2009

[SANTE] Produits éclaircissants : Cinq Congolais interpellés à Paris et des produits d’une valeur d’un million d’euro saisis (Afriquechos.ch)

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Le quartier parisien de Château-Rouge (XVIIIe) est le haut lieu de revente des crèmes éclaircissantes

Sale temps pour ceux qui vivent du commerce des produits éclaircissants pris dans l’étau des autorités françaises et belges. Outre les descentes annoncées de la police dans les boutiques africaines en Belgique, cinq Congolais ont été interpellés dans la région parisienne par la police qui, en même temps, a saisi des dizaines de milliers de produits litigieux. La valeur des produits saisis dépasse le million d’euro.

(Source : Afriquechos.ch)

Mercredi 29 juillet dernier, Afriqu’Échos Magazine (AEM) reprenait (lire ici)un communiqué de l’autorité sanitaire belge qui annonçait une guerre sans merci contre les boutiques africaines qui revendent des produits éclaircissants dont la dangerosité multiforme pour la santé est aujourd’hui avérée. Dans notre commentaire, nous avions salué le fait que les autorités belges n’aient pas minimisé le problème sous prétexte qu’il était circonscrit dans les ghettos des communautés africaines. Aujourd’hui, l’on peut se féliciter que la traque a été également lancée en France depuis bien longtemps et c’est un grossiste qui vient de tomber.


Ci-dessous, l’intégralité de l’article du quotidien français Libération qui relate le coup de filet de la police française. On y découvre un pan de ce réseau et son fonctionnement. Édifiant. Il restera que la préoccupation principale demeure la prise de conscience des utilisateurs. À ce propos, justement, la France prévoit une campagne de prévention.

Dépigmentation : la police a eu la peau du réseau

Gros coup de chance, puis gros coup de filet. Les enquêteurs de la police urbaine de proximité ont participé à un jeu de piste pour faire tomber, un à un, plusieurs acteurs importants d’un réseau de vente de crèmes dépigmentantes, interdites en France.

Pratique à la fois courante et taboue dans la population noire, la dépigmentation volontaire de la peau s’effectue à l’aide de crèmes ou lotions contenant de l’hydroquinone, des dermocorticoïdes et des sels mercuriels mélangés à des crèmes hydratantes pour en faciliter l’application. Des actifs fortement nocifs, interdits sous leur forme cosmétique, largement distribués sous le manteau.

Du quartier parisien de Château-Rouge (XVIIIe), haut lieu de revente de ces crèmes, jusqu’au Val-de-Marne, ce sont des dizaines de milliers de produits qui ont été saisis, et cinq personnes interpellées. L’information judiciaire, toujours en cours, n’a pas encore permis de remonter jusqu’aux fabricants. Mais pour une fois, les interpellations ne concernent pas seulement les petits vendeurs, derniers maillons d’un trafic extrêmement opaque.

Import-export. Le 15 avril, les policiers du XVIIIe arrondissement interpellent une Congolaise de 34 ans en flagrant délit de vente de crèmes dépigmentantes sur la voie publique. 725 produits contenant des « substances vénéneuses », selon la préfecture de police de Paris (PP), sont saisis. Le parquet ouvre une information judiciaire, et la jeune femme est placée en détention provisoire. Elle révèle aux enquêteurs l’identité de son fournisseur. Direction une société d’import-export à Ivry-sur-Seine. L’homme, un Congolais d’une quarantaine d’années, est déjà connu des services de police pour des affaires similaires. Il est interpellé le 7 juillet. Lors de la perquisition de la société, les enquêteurs découvrent 7 000 euro et des documents sur un box en location à Choisy-le-Roi. Là-bas, des « centaines de cartons », selon la PP, tous contenant des produits blanchissants.

Alors que les enquêteurs fouillent le box, un camion s’approche. À la vue des policiers, son chauffeur tente de s’échapper. Ce Congolais de 48 ans est, lui aussi, interpellé. Il est livreur pour la fameuse société d’import-export. Les enquêteurs découvrent sur lui la clé d’un deuxième local, où dorment près de 84 000 pots et flacons de crème. Valeur marchande : plus d’un million d’euro. Les deux employés reconnaissent les faits, mais chargent aussi leur patronne, alors à l’étranger. Ils sont placés en détention provisoire.

Et la baraka continue pour les enquêteurs : se sachant recherché, un autre employé de la société, âgé de 47 ans, se présente au commissariat du XVIIIe. Il est placé en garde à vue. Son rôle dans le réseau : modifier le conditionnement des produits afin de faire disparaître la mention « contient du mercure ». Il révèle aussi l’existence d’un autre stock, à la Plaine-Saint-Denis. La police urbaine de proximité y trouve 18 000 cosmétiques supplémentaires.

Dernier épisode le 21 juillet : la gérante de la société, une Congolaise de 38 ans, est interpellée. Elle reconnaît les faits, est mise en examen et placée sous contrôle judiciaire. Elle et ses complices seront jugés pour « exercice illégal de la pharmacie », « tromperie aggravée », et « détention et transport de substances vénéneuses ». Ces produits étaient importés d’Italie, de Chine, de Côte-d’Ivoire et de la république démocratique du Congo. Ils devaient arroser toute l’Ile-de-France, Strasbourg, Orléans, et même l’Italie, l’Espagne, la Suisse et la Belgique.

« Mafieux ». « Le trafic de produits dépigmentants fonctionne comme le trafic de drogue : on a affaire à un vrai réseau mafieux » , explique Isabelle Mananga-Ossey, présidente de l’association Label beauté noire qui milite en faveur de produits cosmétiques de qualité pour les populations multiculturelles. « Les arrestations, les saisies, c’est très bien. Mais tant qu’il y aura de la demande, tant qu’il y aura des consommatrices prêtes à se cramer la peau, on n’arrivera à rien », ajoute Isabelle Mananga-Ossey.

Les autorités sanitaires et politiques sont restées sourdes au problème jusqu’à cette année. À la rentrée prochaine, la mairie de Paris lancera une large campagne de prévention. De son côté, l’agence de contrôle des produits sanitaires (AFSSAPS) travaille en collaboration avec la Direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF) pour analyser des produits trouvés sur le marché, ce qui s’accompagnera d’une campagne de sensibilisation. |Isabelle Hanne (« Libération »)

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