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mardi 27 octobre 2009

[DISPARITION] Disparition d'un Afro-Caribéen français au Cameroun : l’Elysée répond à la famille (Bondy blog)

Le service « Afrique » de la Présidence indique avoir proposé l’aide de la France à la justice camerounaise. Proches et amis se sont rassemblés samedi.

Samedi, à 15h30, si vous passiez Place de la République, vous avez dû être interpellés par le rassemblement qui se tenait à cet endroit. Plus d'une centaine de personnes, amis et proches d'Anoman Ange Badou, un Français âgé de 20 ans, disparu au Cameroun le 14 septembre. Le groupe Drumbata, composé de jeunes filles, impose le silence avec ses tambours. Ekia (photo), la grande soeur d'Ange, est très convoitée.

(Source : Bondy Blog)

« Nous n'exigeons pas de la France une aide, nous demandons une aide, dit-elle dans un porte-voix. Notre action est pacifiste. » Applaudissements de la foule. « Ange a disparu, que fait la France ? », lit-on sur une grande banderole. Ange Badou est un citoyen de nationalité française. C’est important de le préciser car les recherches le concernant auront pris du retard en raison des incertitudes pesant sur son appartenance nationale. Selon Ekia, la situation évolue doucement. Ose-t-on dire favorablement ? Trop tôt pour l’affirmer.

Vendredi, Ekia a reçu une réponse de l’Elysée, quatre semaines après avoir écrit au président de la République, Nicolas Sarkozy, pour l’alerter de la disparition de son frère au Cameroun. Dans sa réponse par e-mail, dont le Bondy Blog a obtenu copie, l’Elysée dit, entre autres choses, que les autorités françaises sur place, à savoir l'ambassade de France et son consulat général, sont prêtes à « mutualiser » leurs efforts avec ceux du procureur de la République de Nkongsamba (ville située à 200 kilomètres au nord-ouest de Douala).

L’Elysée, dans ce courriel, par la voix du conseiller diplomatique adjoint chargé de l'Afrique, affirme que le procureur de la République de Nkongsamba, n’a pas sollicité jusqu’ici l'assistance technique ou judiciaire de la France. Il ajoute que les services français ont proposé à la justice camerounaise des conseils et de l'aide dans le domaine de la police scientifique. « Le Procureur de la République de Nkongsamba, affirme pour sa part Ekia, serait prêt à accepter l'aide française. » Le 9 octobre, le consul adjoint de la France à Yaoundé, M. Berdat, a été reçu par le procureur de la République de Nkongsamba.

Moins de dix jours après la disparition d'Ange, Ekia s’est envolée pour le Cameroun, sur un vol avec escales à 650 euros, moins cher qu’un vol direct à 1300. Elle y est restée neuf jours. Sur place l’attendait sa mère, morte d’inquiétude. « Cette disparition, ça ne lui ressemble pas », dit Ekia à propos de son frère.

Lors de ce voyage au Cameroun, elle a mené sa propre enquête. Le petit village d’où la mère est originaire, Nkongsoung, est au pied d'une immense forêt et d'imposantes montagnes. « Des branches te gênent lorsque tu pénètres la forêt, mon village, c'est comme s'il était en plein milieu du Parc de La Courneuve », compare Ekia. Près du village, le fleuve Nkam, où Ange aurait pu tomber, selon une source imprécise. Ekia ne compte pas repartir prochainement au Cameroun, « je n'ai pas l'impression de pouvoir faire bouger les choses là-bas ».

Le père d'Ange, lui, assiste au rassemblement de samedi. Il se tait. C’est Ekia qui parle pour la famille : « Nous faisons des cauchemars chaque soir car nous ne savons pas : est-il mort ? Est-il séquestré ? Ange ne peut disparaître par magie, il est humain, alors pour sa dignité, je continuerai à me battre. » Lorsqu'il a disparu, Ange était habillé « comme un jeune d'ici, jean, baskets et casquette ».

A l’ambassade de France à Yaoundé, Ekia a d’abord entendu des choses pas très belles : « Des Camerounais qui disparaissent au Cameroun, il y en a tous les jours. » On lui a dit qu'il était impossible de dégager des moyens humains et matériels pour retrouver son frère. Mais aujourd’hui, le ton a visiblement changé. Ce sont des plongeurs prêts à sonder le fleuve que la France, certainement en coopération avec les autorités camerounaise, est disposée à déployer. Ekia se dit rassurée mais elle n’est pas apaisée pour autant.

Le groupe Facebook d'Ange compte désormais plus de 7600 membres. La famille Badou est soutenu par l'association Survie et la LICRA, et une pétition intitulée « la disparition d'Ange Badou » afin de maintenir la pression sur les autorités françaises. Ekia réfléchit à la création d'un blog pour Ange.

Kahina Mekdem

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