Pages

samedi 10 octobre 2009

[RWANDA] Génocide rwandais : un médecin de Maubeuge visé (Nouvel Obs)

L'homme, qui travaillait depuis mai 2008 à l'hôpital de Maubeuge, a été suspendu après la découverte d'un avis de recherche d'Interpol à son encontre. L'affaire relance le débat sur le rôle de la France dans le génocide rwandais.

Un médecin de Maubeuge soupçonné d'implication dans le génocide rwandais (AFP)

Un médecin de Maubeuge soupçonné d'implication dans le génocide rwandais (AFP)

Un médecin du travail rwandais, qui travaillait depuis mai 2008 à l'hôpital de Maubeuge, a été suspendu jeudi 15 octobre après la découverte d'un avis de recherche d'Interpol à son encontre pour son implication présumée dans le génocide des Tutsis au Rwanda.

(Source : Nouvel Obs)

"Devant la gravité des faits dont est soupçonné le médecin, et pour maintenir un climat serein au sein de l'établissement", le directeur de l'hôpital, Henri Mennecier, a indiqué samedi 17 octobre avoir procédé à la suspension conservatoire d'Eugène Rwamucyo, médecin qui exerçait auparavant au CHR de Lille.

Des "accusations lourdes"


Le directeur de l'hôpital, "à 10.000 lieues d'imaginer" que le médecin "pouvait faire l'objet de telles accusations", dit avoir découvert la nouvelle mercredi, lors de la visite d'une journaliste qui enquêtait sur l'histoire. "Il m'a simplement dit qu'il faisait l'objet de ces accusations lourdes et qu'il ne les validait pas, qu'il niait en bloc toutes ces accusations", indique à propos de son employé Henri Mennecier, qui estime que sa suspension est aussi protectrice pour le médecin, "le temps qu'il organise sa défense". Le docteur Eugène Rwamucyo a été recruté "de manière tout à fait régulière", selon la direction qui indique par ailleurs que ses diplômes sont en règle, ainsi que sa situation administrative.


Bénéficiaire d'une carte de séjour


Mais l'octroi par la France d'un titre de séjour à une personne recherchée par Interpol soulève quelques interrogations, notamment de la part du maire PS de Maubeuge, Rémi Pauvros, également président du conseil d'administration de l'hôpital. "Je m'interroge beaucoup sur le fait que cette personne recherchée par Interpol, classée rouge par la classification d'Interpol, puisse bénéficier de cette carte de séjour", a-t-il déclaré dimanche sur i>télé. L'avis de recherche d'Eugène Rwamucyo, soupçonné de "génocide" et de "crimes de guerre" figure en effet sur le site d'Interpol depuis 2006 et a été émis par Kigali. Il s'agit d'une notice rouge, ce qui correspond aux faits les plus graves reprochés aux personnes recherchées.

Aucune mise en examen


"C'était un idéologue, pour nous il fait partie des planificateurs du génocide des Tutsis. Ce sont des témoignages qui ont été donnés par les gens qui l'ont côtoyé", a déclaré sur France 2 Alain Gauthier, le président d'un collectif d'associations qui réclame la justice pour les victimes du génocide des Tutsis perpétré en 1994. Eugène Rwamucyo dément avoir participé à l'organisation de ces massacres qui ont fait 800.000 morts, des Tutsis mais aussi des Hutus modérés, même s'il reconnaît avoir participé à des réunions avec des génocidaires. "Je n'ai pas participé de près ou de loin au génocide. Il n'y a rien contre moi. Je ne vois pas pourquoi la justice va m'arrêter", a-t-il dit sur France 2. Il a déjà fait l'objet d'une information judiciaire ouverte le 5 février 2008 par le parquet de Paris. Aucune mise en examen et aucun contrôle judiciaire ne lui ont été notifiés. Le statut de réfugié politique lui a été refusé mais il a néanmoins obtenu une carte de séjour en France.

Le tournant politique


Vendredi, la veuve de l'ancien président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l'assassinat avait marqué le point de départ du génocide, s'est vu refuser l'asile politique en France, soupçonnée d'avoir joué un rôle central dans les tueries. Ce dossier a pris une importance politique, la France étant accusée par le régime arrivé au pouvoir à Kigali après le génocide d'avoir contribué aux crimes et protégé certains de ses auteurs en leur permettant de s'abriter sur son territoire. Les magistrats antiterroristes français ont lancé en 2006 des mandats contre neuf officiels rwandais proches du président Paul Kagame, leur imputant l'attentat du 6 avril 1994 et donc une responsabilité indirecte dans le génocide. Les relations diplomatiques entre Paris et Kigali sont rompues depuis lors.

(Nouvelobs.com avec Reuteurs)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire