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vendredi 3 décembre 2010

[GUINEE] la Cour suprême confirme l'élection d'Alpha Condé (Nouvel Obs)

L'élection à la présidence de l'opposant historique est confirmée avec 52,52% des voix, contre 47,48% pour l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo.

La Cour suprême de Guinée a confirmé, dans la nuit de jeudi à vendredi 3 décembre, l'élection de l'opposant historique Alpha Condé à la présidence, avec 52,52% des voix, contre 47,48% à l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo, après 52 ans de régimes dictatoriaux ou autoritaires.

"Le candidat du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), Alpha Condé, ayant obtenu 1.474.973 voix soit 52,52% des suffrages exprimés, est élu président de la République", a annoncé le magistrat Mamadou Sylla.

Ces résultats définitifs sont les mêmes que ceux qui avaient été annoncés le 15 novembre par le général malien Siaka Sangaré, qui présidait la Commission électorale.

Condé, 72 ans, obtient cependant 307 voix de plus que le 15 novembre, tandis que le nombre de voix de Diallo reste inchangé (1.333.666).

La Cour suprême a examiné et rejeté toutes les requêtes pour irrégularités et fraudes, en jugeant qu'elles étaient "non fondées".

La Cour suprême a ainsi validé les résultats de deux circonscriptions de Haute-Guinée, Siguiri et Kouroussa, dont Diallo demandait "l'annulation". Le candidat d'ethnie peule accusait son adversaire d'ethnie malinké d'avoir mené une campagne "basée sur l'incitation à la haine ethnique" ayant conduit à des violences contre les Peuls dans ces circonscriptions, en octobre.

La Guinée attendait anxieusement ces résultats définitifs, deux semaines après l'annonce de la victoire provisoire de Condé qui avait été suivie de trois jours de violences dans des fiefs de Diallo.



Répression

La répression avait été brutale et au moins sept personnes avaient été tuées et plusieurs centaines blessées, dans une commune de la banlieue de Conakry et dans différentes villes de Moyenne-Guinée. Plusieurs organisations indépendantes avaient accusé les forces de l'ordre d'"attaques systématiques" contre les membres de l'ethnie peule.

Depuis le 17 novembre, le pays vit sous le régime de "l'état d'urgence" qui doit normalement prendre fin avec la publication de ces résultats définitifs.

Dans la nuit, le calme semblait régner à Conakry.

Quelques centaines de jeunes militants du RPG festoyaient aux abords de la maison d'Alpha Condé, qui n'a pas souhaité recevoir la presse immédiatement.

Jeudi après-midi, les deux candidats avaient lancé, séparément, des appels au calme.

"Nous ne voulons pas qu'il y ait de la violence dans ce pays", avait déclaré Diallo, en demandant à ses militants de "rester dans leurs maisons" et ne pas manifester dans les rues, "quel que soit le résultat".

Condé avait demandé aux Guinéens "d'éviter tout comportement et tout propos susceptibles de mettre en péril la paix nationale et la cohésion sociale".

"Je serai le président de tous les Guinéens, le président du rassemblement et de la réconciliation nationale", avait-il de nouveau assuré.

Candidat pour la troisième fois à la présidentielle, Alpha Condé remporte, en fait, la première véritable élection libre de l'histoire de la Guinée, ancienne colonie française indépendante depuis 1958.

Opposant historique

A 72 ans, cet ancien professeur de droit à l'université parisienne de La Sorbonne est présenté à Conakry comme "l'opposant historique" à toutes les dictatures. En 1970, il avait été condamné à mort par contumace par le "président à vie" Ahmed Sékou Touré (1958-1984). Revenu en Guinée au début des années 90, après plus de 30 ans d'exil, il avait passé plus de deux ans en prison sous la présidence du défunt général Lansana Conté (1984-2008).

Alors que la moitié des Guinéens vivent dans la pauvreté, en dépit des immenses richesses minières du pays, il entend notamment promouvoir une "politique volontariste d'autosuffisance", sur le thème: "produire ce que nous consommons et consommer ce que nous produisons".

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