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dimanche 6 novembre 2011

[JUSTICE] Il se bat pour libérer son épouse emprisonnée au Cameroun (Le Parisien)

Son épouse croupit depuis près de deux ans dans une prison de Yaoundé. Michel Loyse lance un appel de détresse pour que la France n'abandonne pas l'une de ses ressortissantes, prisonnière selon lui dans une affaire au Cameroun plus politique que judiciaire. Ex-avocate de l'Etat camerounais, Lydienne Yen-Eyoum a été arrêtée en janvier 2010 au Cameroun et placée en détention provisoire pour des faits présumés de détournement de fonds, dans le cadre de l'opération anticorruption du pays, baptisée Epervier.

Son mari étant Français, cette Camerounaise née en 1959 a obtenu en septembre 2010, en détention, la nationalité française. A ce titre, elle a porté plainte en juillet à Paris, via ses avocats français, Caroline Wassermann et Christian Charrière-Bournazel, pour «détention arbitraire, tortures et actes de barbarie» visant notamment le président camerounais Paul Biya.

Contre l'avis du parquet de Paris, la juge d'instruction française Sylvia Zimmermann a décidé en septembre d'enquêter sur ces faits, le code pénal camerounais fixant à 18 mois la limite d'une détention provisoire. Mais le parquet a fait appel, douchant les espoirs de Michel Loyse. «Pourquoi donc la justice française refuse que la juge aille jusqu'au bout de sa décision d'enquêter? Je ne le comprends pas et je veux lancer un SOS», déclare cet ancien directeur général adjoint du Crédit Lyonnais au Cameroun. Un groupe de soutien à Lydienne Yen-Eyoum a d'ailleurs été créé à ce sujet.

«La justice française doit se rendre compte du fonctionnement de la justice camerounaise, des conditions de détention, de la parodie qu'est le code de procédure pénale camerounais», accuse-t-il. A la prison Kondengui de Yaoundé, Lydienne Yen-Eyoum a vécu avec 14 autres détenues, dont certaines condamnées pour meurtre, dans une pièce de 12 mètres carrés, jusqu'en mars 2011, selon son mari. Elle a alors emménagé dans une cellule pour deux rénovée aux frais de son époux. Mais le 1er novembre, elle y a été agressée par sa co-détenue, ce qui a entraîné vendredi son retour dans une cellule à 15 lits, ont indiqué ses avocats «scandalisés» par le blocage judiciaire en France. «En attendant l'examen de l'appel du parquet de Paris, Mme Yen-Eyoum crève à petit feu dans sa prison», dénonce Me Wassermann pour qui «il ne faudra pas pleurer le jour où on la retrouvera morte.»

Accusée d'avoir détourné un milliard de Francs CFA

Lydienne Yen-Eyoum, qu'il a épousée en 2006, est accusée d'avoir détourné un peu plus d'un milliard de Francs CFA, soit 1,524 millions d'euros, sur des fonds qu'elle avait recouvrés auprès de la filiale camerounaise de la Société générale (SGBC) alors qu'elle était mandatée par les Finances camerounaises pour régler un litige vieux de 17 ans.
L'avocate soutient que le ministère lui avait ordonné de conserver cette somme le temps que ses honoraires soient définis. Deux anciens ministres, Polycarpe Abah Abah et Henri Engoulou, ont également été détenus dans cette affaire. «Mon épouse est détenue pour des raisons politiques dans le cadre d'Epervier, opération qui, selon une partie de l'opinion publique relayée par la presse camerounaise et internationale, avait pour objectif d'évincer un certain nombre de candidats potentiels à la présidence jusqu'à ce que Paul Biya soit réélu», a-t-il dit.

Au pouvoir depuis 1982,le président Biya a été reconduit pour un sixième mandat le 9 octobre lors d'un scrutin dont Paris et Washington ont dénoncé les irrégularités. M. Loyse s'appuie sur une lettre de la présidence camerounaise du 29 décembre 2009, donnant au ministère de la Justice l'accord de M. Biya au «défèrement» de son épouse, une preuve selon lui que la justice camerounaise n'est «pas indépendante».
Interrogé depuis Paris, un porte-parole du gouvernement à Yaoundé s'est pour l'heure refusé à tout commentaire. Michel Loyse a donc décidé de s'en remettre aux autorités françaises.

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