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vendredi 1 mai 2009

[Société] Droite de réponse de Najat VALLAUD BELKACEM (L. Lebrun)


Réponse aux interrogations sur la question que j’ai posée lors de la conférence consacrée à la condition noire à l’université Lyon II le 25 mars dernier aux conférenciers présents Randall Kennedy et Pape N'Diaye.

Mon propos ce soir là consistait simplement à constater combien la question de l'esclavage et de la ségrégation raciale ont occupé une place beaucoup plus centrale aux Etats-Unis qu'en France, principalement métropolitaine, dans le débat politique et dans la mémoire collective. Cela est vrai, en particulier dans la seconde moitié du XXème siècle, parce que le combat pour les droits civiques est, aux Etats-Unis, quelque chose de très récent et que nombre de ces hérauts sont encore vivants et présents dans le paysage politique américain. Je lisais d'ailleurs quelques jours avant la conférence à Lyon II, un article sur ce sujet où un ancien étudiant noir parlait de la difficulté à « vivre avec ceux qui avaient été ses bourreaux ».

A contrario, la France qui a été un pays esclavagiste (certaines de nos grandes villes côtière ont d'ailleurs fait une partie de leur richesse sur cet abject commerce), qui a aboli l'esclavage en 1848 (alors que les cahiers de doléances de 1788 le réclamaient déjà !) a fait preuve jusqu'à une date récente d'une réelle amnésie. Il est assez sidérant de constater que la commémoration de l'abolition de l'esclavage en France comme la loi Taubira ne datent que de 2001 ! Il ne s'agissait donc pas pour moi de minimiser le rôle de la France dans l'esclavage, il est éminent et dramatique, mais de souligner que la question de l'esclavage a été très longtemps ignorée du débat public et de nos manuels scolaires. Je suis la première à trouver cela scandaleux et à réclamer un véritable travail de mémoire sur ce sujet qu'il faut largement faire connaitre.

Je trouve a contrario que la question de la colonisation a été plus présente dans l'imaginaire collectif et dans le débat public, probablement du fait de la guerre d'Algérie et aussi d'une immigration récente qui a mis cette question sur la table, jusqu'à la création d'un musée de l'histoire de l'immigration.

Je ne suis pas du genre à refuser de reconnaître mes erreurs, j'admets donc volontiers avoir été sans doute maladroite dans la formulation de ma question ce soir là, à l'université Lyon II. Voulant laisser place aux réponses de N'Diaye et Kennedy et surtout à la discussion avec les étudiants, j'ai préféré ne pas être trop longue. Cette "précipitation" a sans doute nui à la clarté de mon propos, j’en suis désolée, mais je n'étais pas conférencière ce soir là, je me contentais de poser une question.

En conclusion, oui, l'esclavage est une tache indélébile dans l'histoire de France, une honte dans notre mémoire collective et il est crucial d'accorder à cette question plus de place dans le débat public.

Najat VALLAUD BELKACEM

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