Pages

samedi 18 juillet 2009

[USA] Obama : «les Afro-Américains doivent se prendre en main» (Le Figaro)

Le président veut responsabiliser la communauté noire, tout en continuant à lutter contre les discriminations.

Nul autre que Barack Obama n'aurait pu adresser un message aussi direct à la communauté noire : «Pas d'excuses !» Jeudi soir, à l'occasion du centième anniversaire de la principale organisation pour l'égalité raciale, la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), le président américain a retrouvé le ton de ses meetings de campagne pour évoquer le combat contre la discrimination et appeler à «une nouvelle mentalité».

(Source : Le Figaro)

«Je comprends que certains soient tentés de penser que la discrimination n'est plus un problème en 2009, a déclaré le président américain, et je crois qu'il n'y a jamais eu aussi peu de discriminations en Amérique que maintenant. Mais ne vous y trompez pas : la douleur de la discrimination est encore ressentie aujourd'hui.» Le premier Noir à occuper la Maison-Blanche n'ignore pas les défis auxquels est confrontée la communauté afro-américaine. Mais il appelle chacun à «prendre en main sa destinée».

«Nous avons besoin d'une nouvelle mentalité, de nouvelles attitudes, dit-il, parce que le legs le plus durable de la discrimination est la façon dont nous avons intériorisé un sens des limites et le fait que tant d'individus, au sein de notre communauté, attendent si peu du monde et d'eux-mêmes.»

Le gouvernement peut agir pour créer plus d'égalité, mais Barack Obama, mêlant à l'occasion l'anecdote autobiographique sur son éducation, retrouve le ton du prêcheur pour dire : «Nous devons aussi nous saisir de notre propre destin.»

Priorité à l'éducation

D'emblée, il élargit le propos, notant que les discriminations touchent les Noirs, mais aussi les Latinos, les musulmans, les gays, un état de fait inacceptable à ses yeux. Il inventorie l'action de son gouvernement pour démanteler les barrières des «inégalités structurelles» héritées du passé, une tâche rendue plus difficile par la situation actuelle d'une économie «construite non sur un roc, mais sur du sable». Dans l'action engagée depuis son arrivée à la Maison-Blanche, il dégage quelques points forts : les programmes pour sauvegarder l'emploi à court terme, les réformes engagées de l'assurance-maladie et de la politique énergétique. Mais surtout, il parle d'éducation.

«Même si on fait tout ce qu'il faut, la communauté afro-américaine sera à la traîne de la société, et les États-Unis à la traîne dans le monde, si nous n'éduquons pas nos fils et nos filles bien mieux que nous ne le faisons actuellement», affirme le président. Il rappelle que des combats historiques pour les droits civiques ont justement porté sur l'éducation : la cause de Linda Brown, qui a donné son nom à l'arrêt de la Cour suprême ayant mis fin à la ségrégation dans les écoles en 1954 ; celle des «Little Rock Nine», les neuf élèves de Little Rock, en Arkansas, qui ont défié un gouverneur et une foule hostiles pour bénéficier de cette égalité en 1957.

Or, plus d'un demi-siècle plus tard, l'éducation reste très inégalitaire. Ce n'est pas un «problème afro-américain, c'est un problème américain», dit Barack Obama. Il détaille l'action gouvernementale, relativement modeste, vu l'organisation du système éducatif qui fait la part belle aux pouvoirs locaux : ceux-ci seront incités à être compétitifs en matière de résultats scolaires, subsides à l'appui. Et il évoque la visite récente d'un curieux trio venu plaider la cause de l'éducation à la Maison-Blanche : Al Sharpton, flamboyant militant des droits civiques, Mike Bloomberg, le maire de New York, qui a imposé une obligation de résultats aux établissements scolaires de sa ville, et Newt Gingrich, l'ancien président républicain de la Chambre des représentants, héraut de la révolution conservatrice de 1994. Si ces trois hommes aux opinions si diverses sont d'accord pour dire qu'il y a urgence, Barack Obama pense que tout le monde peut en convenir.

» DOSSIER SPECIAL - L'Amérique d'Obama

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire