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mardi 23 mars 2010

[ASSASSINAT] Un policier guyanais à Damaries-les-Lys tué par l'ETA (France Antilles)


Jean-Serge Nérin, « Nano » l'enfant des Manguiers, est mort en service, mardi soir, près de Paris. L'hommage est national.
Le brigadier-chef Jean-Serge Nérin espérait revenir en Guyane pour sa retraite prévue dans deux ans. Il a été tué en intervention, mardi, à Dammarie-les-Lys. Sa mère, son frère et sa fille évoquent sa mémoire.
« Nano, c'était l'enfant des Manguiers. ll jouait au foot avec ses copains de la cité comme demi. Il était très apprécié » . Avec émotion, Paul Nérin, ancien maire adjoint de Cayenne, conseiller régional sortant et directeur de l'agence BNP de Cayenne, évoque la mémoire de son frère, le brigadier-chef Jean-Serge Nérin, tombé sous les balles de l'ETA . Dans la maison familiale de la cité des Manguiers à Cayenne, la famille s'est réunie, encore sous le choc de la nouvelle du décès de celui que tout le monde appelait ici par son surnom, Nano. Paul Nérin a appris la nouvelle par sa soeur qui vit à Lyon, mardi vers 15 h 30, et dû en informer sa nièce Prisca, la fille aînée du policier qui vit et travaille en Guyane. « La dernière fois que Nano est venu, c'était en juin 2008. Il pensait profiter de sa retraite pour revenir en Guyane. Il devait la prendre dans deux ans » , note Paul Nérin.
Jeune, son frère ne comptait pas quitter sa Guyane natale mais, comme se souvient sa mère, Josette Pran-Kime, « lorsqu'il est allé en vacances chez sa soeur à Sedan, elle lui a dit de rester poursuivre ses études... L'armée l'a ensuite appelé. » Après son service militaire en Allemagne, il a passé les concours de Police et des Douanes : « Il a été reçu aux deux concours mais le résultat de la Police est arrivé en premier. Moi je trouvais le métier de policier trop dangereux, je lui avais dit, mais il m'avait répondu que c'était pareil pour les douaniers » , souligne sa mère.
Père de quatre enfants : Prisca, les jumelles Anaïs et Melissa et Florian, Jean-Serge Nérin aimait son métier et sa Guyane : « Il venait tous les trois ans. Il souhaitait finir ses jours en Guyane. Mais Il avait pris une assurance rapatriement en cas de malheur pour être enterré ici » . Aussi après un hommage national qui sera rendu à Dammarie-les-Lys, en présence du ministre de l'Intérieur et peut-être du président de la République, sa dépouille rejoindra par avion la Guyane pour un hommage plus familial. Les policiers de Guyane s'associeront à cet hommage avec la population lors des obsèques qui se dérouleront à Cayenne.

Un policier hors pair victime du devoir
Plus de 300 policiers se sont rassemblés hier soir au commissariat de Dammarie-Les-Lys pour exprimer leur « soutien » à la famille de Jean-Serge Nérin. « Un policier dynamique, expérimenté et très apprécié de ses plus jeunes confrères. Le plus ancien du commissariat, il les avait tous formés. Un excellent policier très attachant » . C'est en ces termes que l'officier de communication de la Police de Seine-et-Marne évoque la mémoire du brigadier-chef Jean-Serge Nérin. Ce Cayennais âgé de 52 ans était entré le 1er octobre 1979 à l'École nationale de police à Vannes. Stagiaire, il fut affecté le 1er mars 1980 au commissariat de Dammarie-les-Lys où il fit toute sa carrière gravissant les échelons pour devenir brigadier-chef. Il avait reçu la médaille de la Police nationale et la gestion rigoureuse de sa brigade fut à plusieurs reprises soulignée par ses supérieurs. Hier soir, plus de 300 personnes se sont réunies devant le commissariat de Dammarie-les-Lys pour témoigner leur soutien à la famille. L'Union Unité-police/SGP a appelé à une journée « police en deuil » le jour de ses obsèques. Elle demande aux policiers en service, de porter un crêpe de deuil toute la journée » , et à « une heure donnée, de marquer un temps de recueillement de trois minutes qu'ils concluront en activant leurs deux tons des gyrophares » .

Repères
Les faits
Tout commence mardi par un vol à main armée de six véhicules dans un dépôt-vente automobile, au cours duquel un employé a été ligoté à Dammarie-les-Lys en Seine-et-Marne. Vers 19 heures, sur un chemin de terre sur la commune limitrophe de Villiers-en-Bière, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Paris, une patrouille de police remarque un véhicule BMW qui correspond à l'une des voitures dérobées. Les policiers s'approchent et voient quatre personnes remplissant les réservoirs de quatre véhicules. Ils interviennent, les désarment et commencent à les menotter alors qu'un cinquième véhicule suivi d'un sixième arrivent. S'ensuit une fusillade au cours de laquelle le brigadier-chef Jean-Serge Nérin est mortellement touché au thorax malgré son gilet pare-balles. Les tireurs s'enfuient avec les personnes qui avaient été désarmées par les policiers, un seul est interpellé et présenté comme un membre de l'ETA, l'organisation séparatiste basque.
Le parquet antiterroriste de Paris est saisi des faits et a confié l'enquête à la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et à la police judiciaire de Versailles.
Les réactions
Les personnalités politiques ont été nombreuses à réagir après ce drame. En Guyane, la députée Christiane Taubira et le maire de Cayenne Rodolphe Alexandre ont rendu hommage au policier s'associant à la tristesse de sa famille. Dans un communiqué le Premier ministre François Fillon a présenté, « au nom du gouvernement, ses sincères condoléances à l'épouse et aux quatre enfants du brigadier-chef de police Jean-Serge Nérin froidement assassiné par un groupe terroriste » . Il rend hommage « aux policiers qui, par leur courage dans des circonstances d'extrême danger, ont permis d'arrêter un membre du commando » .
Le député UMP de Seine et Marne, Yves Jégo a proposé de respecter « une minute de silence » à l'ouverture des bureaux de vote dimanche : « Pour symboliser l'hommage du pays à nos forces de l'ordre, à la mémoire du brigadier assassiné » . Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero a condamné « l'action criminelle de la bande terroriste ETA » , confiant qu'il avait « ressenti cet assassinat comme s'il s'agissait de celui d'un membre des forces de sécurité espagnoles » .
Seize policiers tués en mission depuis 2002
Depuis 2002, seize fonctionnaires de police ont perdu la vie dans l'exercice de leurs fonctions.
16 mars 2010. Le brigadier de police Jean-Serge Nérin est tué lors d'un contrôle en limite de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne).
27 décembre 2009. Un policier est mortellement blessé à Montévrain (Seine-et-Marne) renversé par un 4x4 volé. 7 octobre 2009. Deux policiers de la BAC du commissariat de Cannes (Alpes-Maritimes) sont tués dans l'accident de leur voiture.
26 février 2008. À Istres (Bouches-du-Rhône), un policier est percuté par un véhicule alors qu'il effectue un contrôle de vitesse. Il décède le lendemain à l'hôpital.
9 avril 2007. Un policier est tué par le bras de la nacelle d'un manège à la Foire du Trône à Paris (XIIe) après avoir été poussé par un adolescent de 15 ans.
17 avril 2006. Jean-Richard Robinson est mortellement blessé par balle lors d'une intervention dans un squat à Cayenne.
28 octobre 2004. Un policier est mortellement blessé dans un accident après un refus de contrôle par un automobiliste à Troyes.
7 juin 2003. Deux CRS sont tués sur l'autoroute A40 en Haute-Savoie.
17 mars 2003. Trois policiers périssent dans un accident provoqué par deux mineurs sur un cyclomoteur volé à Clichy (Hauts-de-Seine).
15 décembre 2002. Un policier est fauché par un automobiliste ivre sur l'autoroute près de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne).
5 mai 2002. Un policier est fauché sur l'autoroute A31 près de Nancy par un automobiliste sous l'emprise de drogue.
9 avril 2002. Un gardien de la paix est tué dans un commissariat de Vannes par un agriculteur en état d'ébriété.

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