Le président du Togo, Faure Gnassingbe à Berlin, le 16 juin (Thomas Peter / Reuters)
Le Togo a expulsé un diplomate français, entraînant mardi une mesure similaire de Paris, sur fond de nervosité politique à quelques mois de l’élection présidentielle, où le président Faure Gnassingbé devrait rechercher un second mandat.
Vendredi dernier, le ministère togolais des Affaires étrangères a signifié, par une lettre à l'ambassade de France, la décision des autorités de voir le premier secrétaire chargé du suivi de la politique intérieure, Eric Bosc, quitter le Togo dans un délai de 15 jours. Le ministère reproche notamment à ce dernier de mener des «activités incompatibles avec son statut de diplomate».
Interrogé par l'AFP, l’intéressé, qui est en poste à Lomé depuis plus de trois ans, s'est refusé à tout commentaire.
La décision togolaise a provoqué une réplique immédiate de Paris qui a décidé d'expulser un diplomate togolais. «La France a pris une mesure réciproque et a demandé le départ d'un diplomate de l'ambassade du Togo», a annoncé Bernard Valero, le porte-parole du ministère des affaires étrangères.
Selon lui, Eric Bosc «n’a pas outrepassé sa mission» et fait preuve d'un «grand professionnalisme dans ses contacts avec tous les partis légaux». Bernard Valero était interrogé sur des informations selon lesquelles les autorités de Lomé reprocheraient au diplomate des contacts trop suivis avec l'un des candidats à la prochaine présidentielle, Kofi Yamgnane.
Après une carrière politique en France, celui-ci, à 64 ans, est candidat à la présidentielle prévue le 28 février 2010. Originaire de Bassar (nord du Togo), cet ancien secrétaire d'Etat sous François Mitterrand et maire d'une petite commune de Bretagne, est détenteur de la double nationalité française et togolaise.
Il s'est manifesté, ces derniers mois, par ses critiques au régime politique togolais. «Après 43 ans de Rassemblement du peuple togolais» (RPT), le parti de l'ex-président Gnassingbé Eyadéma, mort en 2005 et auquel a succédé son fils Faure Gnassingbé, il n'y a «pas une famille togolaise qui n'ait été touchée par une violence quelconque», a lancé Yamgnane dans une récente interview à l'AFP.
Cette mini-brouille diplomatique entre le Togo et la France - l'ancienne puissance coloniale - intervient en plein débat politique sur le mode de scrutin de la présidentielle, au scrutin uninominal majoritaire à un tour, selon la constitution togolaise. Mais l'Union des forces du changement (UFC) de Gilchrist Olympio et son principal allié, le Comité d'Action pour le renouveau (CAR) de l'ancien Premier ministre, Yawovi Agboyibo, menacent depuis quelques jours de boycotter le scrutin, s'il ne s'effectue pas à deux tours. Ces deux «poids lourds» de l'opposition sont aussi soutenus par d'autres partis d'opposition et candidats déclarés dont Kofi Yamgnane.
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