« La direction actuelle ne nous reçoit pas, ne répond pas à nos courriers », affirment les membres de l'association Equité. En forme de provocation, ces militants socialistes qui luttent pour la représentation des diversités originaires d'Afrique et des DOM donnent rendez-vous au Solférino, pas le siège du PS mais le café qui fait l'angle de la même rue.
Une provocation qui irrite puisqu'ils évoquent également des « menaces » de la même direction s'ils continuent de dénoncer leur sous-représentation dans le parti et dans toutes les listes pour les régionales, « surtout dans une région symbolique comme l'Ile-de-France ».
Pourtant, selon Louis-Mohamed Seye, adjoint au maire socialiste de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), « l'ancien premier secrétaire [les] recevait, [les] écoutait. » Ce que confirme Manuel Allamellou, conseiller municipal de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) :
« C'est sous le mandat de François Hollande que la diversité a avancé. Le travail a commencé en 2003 au congrès de Dijon. Aujourd'hui, nous avons 650 conseillers municipaux issus de la diversité. »
« Bravo encore pour Georges Frêche »
« On a pris des people, on a pris des sportifs, soi-disant des personnalités, et on n'a pas reconnu les parcours militants », poursuit Louis-Mohamed Seye, en référence à la candidature de l'ancien champion d'athlétisme dans le Val-de-Marne, Stéphane Caristan. Et d'ajouter encore : « Bravo encore pour Georges Frêche qui est reconnu en Languedoc-Roussillon. » Georges Frêche, qui a pourtant été exclu du PS en 2007. Manuel Allamellou :
« Les dirigeants nous parlent d'ascension politique, mais nous avons commencé en bas et on y reste. Il y a une sorte de plafond de verre pour nous en politique au niveau du poste de maire-adjoint. »
Les représentants socialistes d'Afrique et des DOM devraient se compter sur les doigts d'une main dans le futur conseil régional d'Ile-de-France. Les listes seront arrêtées définitivement par la convention nationale, réunie ce samedi à Tours.
Certes, il y a bien Ali Soumaré, 29 ans, l'ex-porte-parole des familles des jeunes tués lors des émeutes de Villiers-le-Bel en 2007, qui sera tête de liste dans le Val-d'Oise, « mais ça ne suffira pas ». « C'est pour ça qu'on tire la sonnette d'alarme. » (Voir la vidéo)
« Nous devons être à l'intérieur des instances »
Comment le PS en est-il arrivé là ? D'abord, « la guerre des courants vient compliquer la guerre de la diversité. (…) Chacun veut placer les siens et ça vient compliquer le jeu de la diversité », explique Louis-Mohamed Seye. D'où le souhait d'Angèle Louviers, avocate et militante socialiste dans le XVIe arrondissement :
« Nous, les militants pour la diversité, devons être à l'intérieur des instances et pour l'instant nous n'y figurons pas. Les questions sont donc chaque fois portées par d'autres et à la fin elles se diluent. »
Elle espère tout de même que le récent volontarisme du Parti socialiste aboutira. Dans le questionnaire soumis le 1er octobre aux militants socialistes, ils ont largement approuvé une proposition de la direction :
« Donnez-vous mandat au bureau national pour fixer, pour chaque élection, des objectifs de renouvellement contribuant à une meilleure représentation des diversités de la société française (sans instaurer de quotas, en visant l'accès aux responsabilités de militants issus de l'immigration, d'ouvriers, d'agriculteurs, d'employés du secteur privé, de la nouvelle génération…), et pour cela, en réservant si nécessaire, des circonscriptions électorales ? »
Ces objectifs ne seront connus que cet été au plus tôt, donc ne s'appliqueront pas pour les régionales de mars prochain, mais Angèle Louviers a déjà sa petite idée concernant la diversité :
« Dans toutes les listes, il faut qu'il y ait un objectif (…) de un sur trois : un homme, une femme, une diversité. »
Elle voit même plus loin encore et en appelle pour cela à la loi, souhaitant que la seule représentante de l'Afrique et des DOM à l'Assemblée nationale, la députée socialiste de Paris George Pau-Langevin, « porte la question sous la forme d'une proposition de loi ». Comme pour la parité. (Voir la vidéo)
« La question ailleurs est faite avec affichage »
« On ne quittera pas le parti, on ne démissionnera pas », martèle toutefois Louis-Mohamed Seye. Car ils savent que l'herbe n'est pas forcément plus verte ailleurs, même si l'UMP Rama Yade est membre du gouvernement ou le MoDem Alain Dolium tête de liste pour les régionales en Ile-de-France. Angèle Louviers :
« La question ailleurs est faite avec affichage. C'est plus visible, (…) mais quand on regarde la seule élue de la diversité [à l'Assemblée nationale], elle est quand même dans notre camp. Les choses se font chez nous lentement mais plus efficacement. Je pense que c'est encore plus difficile chez eux. »
► Un colloque intitulé « Minorités visibles en politique » est organisé jusqu'au 12 décembre à l'Ecole normale supérieure, 45 rue d'Ulm à Paris, dans le cadre de l'édition 2009 du « Pari(s) du vivre ensemble », dont Rue89 est partenaire.
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