En 1921, déjà, le comité aux héros de l’armée noire avait lancé une souscription pour rendre hommage aux 30 000 tirailleurs sénégalais tombés pour la France. Deux sites avaient été choisis pour installer deux sculptures : Reims, donc, et Bamako, capitale de l’actuel Mali.
A Reims, le marquis de Polignac, des champagnes Pommery, avait même offert un terrain en bordure de ses vignobles pour que cette sculpture de Paul Moreau-Vauthier installée sur un socle de quatre mètres domine l’axe qui relie le fort de la Pompelle à la cathédrale. Les nazis se sont empressés de déboulonner ce symbole de la force noire pour l’expédier en Allemagne.
En guise de monument, ne reste plus aujourd’hui qu’une stèle et deux colonnes abstraites, que les Rémois appellent «les oreilles de lapin». En fait, l’œuvre d’étudiants des beaux-arts, faute d’avoir pu reconstruire la statue originelle. Dans les années 50 et 60, les anciens combattants locaux s’étaient mobilisés pour cette cause, en vain. «On était en pleine période de décolonisation», explique Jacques Cohen, adjoint au tourisme. «Du coup, raconte Cheikh Sakho, l’œuvreest tombé dans l’oubli. Aujourd’hui, seuls les anciens s’en souviennent. Ils l’appellent le "monument aux Noirs".» La mairie a fini par se rendre à Bamako pour étudier la sculpture rescapée après avoir tergiversé : «On avait peur que cette statue soit perçue comme un symbole du colonialisme» résume Jacques Cohen. Pour Cheikh Sakho, impatient : «Enfumage. Cette statue n’est rien d’autre qu’un formidable symbole de notre identité nationale, multiple.»
Quid du parallèle à faire avec la polèmique sur l'énorme statue du président Wade au sénégal ?
RépondreSupprimerStatues Totem ??