Silence radio. Hospitalisé depuis deux semaines à Rabat d'une blessure à la tête, Dadis Camara, d'ordinaire si friand de tonitruantes apparitions médiatiques, n'a toujours pas donné signe de vie. Ce qui entretient d'autant plus les doutes sur la possibilité que le chef de la junte militaire revienne exercer le pouvoir en Guinée.
Pendant ce temps, à Conakry, la transition du pouvoir s'organise. Le général Sékouba Konaté a pris les commandes du pays «par intérim». Toute manifestation de partis politiques, syndicats et organisations de la société civile a été interdite «jusqu'à nouvel ordre».
Chasse à l'homme
Enfin, une chasse à l'homme s'est organisée pour retrouver Toumba, l'ancien aide de camp de Dadis, en fuite après sa tentative d'assassinat. Pour l'heure, celle-ci n'a rien donné. Toumba s'est même permis d'expliquer son geste, mercredi sur RFI.
«J'ai tiré sur lui parce qu'à un certain moment, il y avait trahison totale (...) à mon égard. (...) Il a essayé de (faire) reposer toutes les charges des événements du 28 septembre (sur moi)». Les «événements» du 28 septembre, un euphémisme pour désigner le massacre qui avait eu lieu dans le stade principal de Conakry.
Crimes contre l'humanité, pour HRW
Plus de 150 personnes avaient été tuées, ce qui avait suscité la réprobation de la communauté internationale et des pays voisins, et l'isolement croissant du pouvoir de Camara. Dans l'entretien diffusé hier, Toumba affirme même que le numéro un de la junte a fait venir au stade des «hommes infiltrés par le pouvoir», ce dont Dadis s'était toujours défendu.
Toumba reconnaît certes s'être rendu au stade, mais prétend qu'il a tenté de calmer les forces de l'ordre. «La responsabilité individuelle que j'ai prise, c'était directement pour sauver les leaders (de l'opposition)», plaide-t-il. Une version confirmée par plusieurs opposants, interrogés par RFI.
Sur cet épisode sanglant, l'organisation Human Rights Watch, a rendu un nouveau rapport ce jeudi. Principale affirmation: les actes du 28 septembre «constituent vraisemblablement des crimes contre l'humanité». «L'échelle et le niveau d'organisation de ces crimes laissent fortement penser que les attaques étaient généralisées et systématiques», écrit l'organisation, qui a interrogé 240 personnes.
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