Prison (Sipa)
Surpopulation banalisée
Le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly, qui a ouvert en 1998 et situé à une dizaine de kilomètres de Cayenne, est le seul établissement pénitentiaire en Guyane. Selon le CPT, le centre, qui dispose d'une capacité de 550 places théoriques, comptait 658 détenus lors de sa visite. Les taux d'occupation les plus forts étaient ceux de la maison d'arrêt pour hommes, avec un 369 détenus pour 168 places (soit un taux d'occupation de 220% ; ainsi que le quartier pour femmes, avec un taux d'occupation de 153% (26 condamnées pour 17 places).
Le CPT en appelle ainsi aux autorités françaises pour qu'elles "mettent en oeuvre une stratégie globale de lutte contre le surpeuplement fondée sur l'ensemble des principes contenus dans les Recommandations du Comité des Ministres du Conseil de l'Europe".
Selon le rapport, la délégation a également recueilli par ailleurs le témoignages de détenus, tous étrangers, alléguant que des surveillants usaient à leur égard "de comportements et/ou de termes irrespectueux, humiliants, méprisants ou provocateurs".
Climat de violence entre détenus "très préoccupant"
Le Comité se dit également "très préoccupé par le climat de violence entre détenus". Le phénomène résulte notamment de conflits entre prisonniers de nationalités différentes et "exacerbé par le surpeuplement et l'état de désoeuvrement dans lequel se trouvaient la plupart des détenus".
Des usages d'armes blanches artisanales, fabriquées avec des éléments du mobilier ont également été notés. 244 incidents avec violence du premier degré entre détenus en 2007 (janvier-octobre), et 193 en 2008 (au 31 octobre) ont ainsi été recensés.
Des matelas supplémentaires, installés pour loger les détenus en surnombre, ont été parfois posés à même le sol. Dans la maison d'arrêt des hommes, les cellules d'une dimension de 10 m², à l'origine prévues pour une occupation individuelle, étaient équipées d'un lit superposé et d'un ou deux matelas.
Manquements à l'hygiène de base
Les détenus se sont aussi plaints de quantités insuffisantes de produits de base pour l'hygiène corporelle et de produits de nettoyage pour les cellules. Les activités pour les détenus sont également insuffisantes : "Pour de très nombreux détenus (prévenus et condamnés), le temps passé hors des cellules se résume pour l'essentiel à se languir dans les cours de promenade" écrit le rapport.
Côté encadrement, les effectifs sont trop faibles, note le Comité. Pour la santé, le CPT note une situation "pas du tout satisfaisante", les postes de psychiatre, de psychologue et d'infirmière qui ont été créés étant vacants.
Des mauvaises conditions depuis déjà longtemps
L'effectif du personnel, de 187 agents, est également en trop faible, ne permettant pas d'assurer une permanence conséquente dans tous les bâtiments tout au long de la journée. "Un nombre aussi
réduit de surveillants dans les zones de détention posait des difficultés en termes de sécurité", estime le Comité. Le personnel d'encadrement n'est par ailleurs pas formé pour ce travail.
Les droits des étrangers sont également régulièrement bafoués, ceux-ci étant "placés en garde à vue suivant une instruction expresse", disposant de peu de liaisons téléphoniques à l'international, ne disposant pas avocat, et étant mal ou peu informés de leurs droits et de leur situation juridique.
Ce n'est pas la première fois que le centre pénitentiaire de Rémire-Montjoly fait parler, en de mauvais termes. En effet, en 2006, après la tentative d'évasion de trois détenus et l'agression d'un gardien, les surveillants du centre pénitentiaire s'étaient mobilisés en réclamant l'amélioration de leurs conditions de travail. Et, à travers cela, l'amélioration des conditions de détention.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire