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mercredi 11 novembre 2009

[MEMOIRE] Les tirailleurs oubliés de Gironde (France Info)

A La Teste de Buch, en Gironde, un camp d’ "hivernage" a accueilli jusqu’en 1917 près de 25.000 soldats dont 18.000 tirailleurs sénégalais. Un millier d’hommes de la "troupe coloniale" a péri dans ce camp du Courneau, où les conditions d’hébergement étaient particulièrement difficiles. Enquête sur cette page oubliée de l’histoire de la Grande guerre...
France Info - L’ossuaire de Natus, seule trace visible de l’existence de ce camp, et les tombes de tirailleurs sénégalais - © RADIO FRANCE / Grégory Philipps

L'ossuaire de Natus, seule trace visible de l'existence de ce camp, et les tombes de tirailleurs sénégalais - © RADIO FRANCE / Grégory Philipps

Il ne reste plus qu’un simple monument aux morts en pleine forêt entre Cazaux et la Teste de Buch, et un ossuaire qui regroupe ici les dépouilles de 940 tirailleurs sénégalais. Hormis ce monument, plus aucune trace de ce camp du Courneau. Les derniers vestiges ont été détruits.

(Source : France Info)

Dans la région, certains habitants parlent encore de "la route des sénégalais" pour décrire une piste forestière qui passe par là, mais sans savoir pour quelle raison elle a été rebaptisée ainsi. C’est d’ailleurs pour réparer cet oubli que depuis dix ans l’Union des Travailleurs Sénégalais vient chaque 11 novembre sur les lieux pour se souvenir de ces tirailleurs oubliés.

Un camp grand comme une ville

France Info - Des membres de l’Union des travailleurs sénégalais, devant l’ossuaire de Natus - RADIO FRANCE / Grégory Philipps

Des membres de l'Union des travailleurs sénégalais, devant l'ossuaire de Natus - RADIO FRANCE / Grégory Philipps

C’est en avril 1916 que l’état major fait ériger ce camp du Courneau, pour "hiverner" les troupes coloniales. Ces soldats venus d’Afrique ou d’Indochine ne supportent pas les grands froids. On choisit donc de les "parquer" dans au moins deux campements : celui de Fréjus/Saint-Raphaël et celui du Courneau, en pleine forêt d’Aquitaine.

A l’époque, le camp s’étale sur un terrain de deux kilomètres de long sur un kilomètre de large. Quelque 400 baraques "Adrian" et un hôpital d’un millier de lits sont construits sur des marais insalubres que l’armée, à l’époque, ne parvient pas à assécher. Les conditions de vie au Courneau sont particulièrement déplorables.
Blaise N’diaye, le premier député d’origine africaine, exige la fermeture du campement dès décembre 1916. Les derniers tirailleurs quitteront les lieux en aout 1917. Mais près d’un millier de sénégalais n’ont pas survécu dans cette forêt humide et inhospitalière.

Des oubliés de la République


Visite en voiture autour du camp avec l’ex-international de rugby Serge Simon, qui prépare un documentaire sur le sujet (3'52")



France Info - Mar Fall, membre de l’union des travailleurs sénégalais et l’ancien rugbyman Serge Simon, qui prépare un documentaire consacré au Courneau - RADIO FRANCE / Grégory Philipps

Mar Fall, membre de l'union des travailleurs sénégalais et l'ancien rugbyman Serge Simon, qui prépare un documentaire consacré au Courneau - RADIO FRANCE / Grégory Philipps

Aujourd’hui, l’ex-international de rugby Serge Simon prépare un documentaire télévisé sur l’existence du camp. L’Union des travailleurs sénégalais y organise ce 11 novembre une cérémonie.

Mais au-delà de l’histoire de Courneau, un autre combat est engagé pour obtenir la revalorisation des pensions de ceux qui ont combattu lors de la seconde guerre mondiale. Le président de la région Aquitaine et député socialiste de la Gironde Alain Rousset a déposé il y a un an une nouvelle proposition de loi pour obtenir la décristallation complète des pensions et retraite militaire des anciens combattants de la troupe coloniale. Aujourd’hui encore, les anciens tirailleurs sénégalais touchent des pensions huit à dix fois moindres que celles des anciens combattants français.


Alain Rousset, président de la région Aquitaine et député PS, auteur d’une proposition de loi sur la décristallisation des pensions militaires (2'57")

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