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mercredi 18 février 2009

[Politique] Un homme tué par balles en Guadeloupe

Agé d'une cinquantaine d'années, il aurait été atteint par une balle tirée par de jeunes émeutiers, dans la nuit de mardi à mercredi à Pointe-à-Pitre. Une nuit marquée par une escalade dans la violence avec des tirs contres les forces de l'ordre. Le LKP et le gouvernement ont lancé un appel au calme.

(Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2009/02/18/01016-20090218ARTFIG00334-plusieurs-policiers-blesses-par-balles-en-guadeloupe-.php)

  • Scène d'émeute à Pointe-à-Pitre.
    Scène d'émeute à Pointe-à-Pitre. Crédits photo : AFP



    La violence franchit un nouveau cap en Guadeloupe. Alors que plusieurs membres des forces de l'ordre ont été blessés dans la nuit de mardi à mercredi, la cellule de crise installée à la préfecture du département a annoncé qu'un homme d'une cinquantaine d'années a été tué par balle. Il a été visé par un tir provenant d'un barrage tenu par des jeunes ou des immeubles de la cité Henri IV, à Pointe-à-Pitre, où il se trouvait.

    La victime, Jacques Bino, était «un syndicaliste de la Confédération générale du travail de la Guadeloupe (CGTG). Il revenait d'un meeting» et a été tué alors qu'il se trouvait à bord d'une voiture, dans la cité, une zone sensible du quartier Chanzy à Pointe-à-Pitre. «Ce n'est pas un mort lié aux forces de l'ordre», a assuré la même source. Une personne qui accompagnait la victime est actuellement auditionnée par la police judiciaire. Il a expliqué qu'ils avaient été victimes de plusieurs tirs en provenance d'un barrage de jeunes ou de la cité.

    C'est en accompagnant des pompiers venus porter secours à ce syndicaliste que trois policiers avaient été légèrement blessés plus tôt dans la soirée, par des tirs de plombs, provenant «vraisemblablement d'une arme de chasse», a encore indiqué un responsable de la cellule de crise. Les secours avaient été prévenus vers 00h18 locales (5h18 en métropole) de la présence de cette personne blessée. Mais après avoir essuyé des tirs de projectiles, ils ont demandé à la police de les accompagner. Et ce n'est qu'une fois le site «sécurisé», vers 2h50, qu'ils ont pu approcher du syndicaliste, entre-temps décédé, selon la préfecture.

    Le secrétaire d'Etat chargé de l'Outre-Mer, Yves Jégo, a estimé que le syndicaliste retrouvé mort en Guadeloupe avait été «manifestement assassiné par les émeutiers». «Il faut vraiment qu'il y ait une trève dans ces violences», a-t-il souhaité à la sortie du conseil des ministres. De son côté, Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur, de l'Outre-mer et des Collectivités Territoriales, tiendra ce mercredi à 16h une réunion consacrée à la sécurité publique aux Antilles.

    «Abandonné par la force publique»

    La nuit de mardi à mercredi a été marquée par une flambée de violence. Plusieurs magasins ont été pillés à Pointe-à-Pitre, selon la préfecture, et des barrages, dont certains enflammés, dressés sur plusieurs rues de la ville désertées par les habitants. Commentant les incidents qui avaient déjà émaillé la nuit de lundi à mardi, le maire de Pointe-à-Pitre, Jacques Bangou, a estimé que sa ville avait été «abandonnée par la force publique». «Les habitants ont vu les rues, les véhicules, les poubelles, les entreprises, les magasins livrés à des exactions commises par quelques bandes de jeunes», dont des adolescents de 12-13 ans, a-t-il déclaré mardi. «C'est un sentiment d'impuissance de ne plus appartenir à un Etat de droit, le sentiment de ne pas être en sécurité, d'avoir été abandonnée par la force publique», a-t-il jugé.

    À Baie-Mahault, une localité située à 10 kilomètres au nord de Pointe-à-Pitre, de violentes échauffourées ont opposé, dès 19h locales mardi, une centaine de jeunes à des gendarmes mobiles. Selon le maire de la ville, Ary Chalus, ces jeunes étaient présents dans une zone commerciale qui avait brièvement rouvert le week-end sous haute surveillance policière. Certains, munis de fusils à pompe, ont tiré à balles réelles en direction de la police, a-t-il également indiqué. Trois gendarmes ont été légèrement blessés, a ajouté le maire, tandis que trois jeunes ont également été interpellés. «Si ça continue, on risque d'avoir des familles endeuillées, il y a des enfants de 15 ans qui sont en train d'affronter les gendarmes : la Guadeloupe n'avait pas besoin de cela», a déclaré le maire de Baie-Mahault, en quittant les lieux.

    Les actes de vandalisme, d'incendies de commerce et de véhicules se sont poursuivis tard dans la nuit de mardi à mercredi. Outre Pointe-à-Pitre, les communes de Capesterre-Belle-Eau et Saint-François ont été touchées. La préfecture a recensé 15 commerces pillés, 7 établissements incendiés, 21 véhicules brûlés, 13 interpellations et une soixantaine d'interventions de pompiers sur l'île.

    Premier accord en Martinique

    Face à ce regain de violences mais avant l'annonce de la mort d'un homme à Pointe-à-Pitre, le «collectif contre l'exploitation» (LKP), qui mène la grève générale depuis le 20 janvier, a lancé «un appel au calme». «Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger», a déclaré le leader charismatique du LKP, Elie Domota. «Ne répondez pas à la provocation», a-t-il lancé aux jeunes, demandant dans le même temps au préfet de «retirer ses gendarmes». Un peu plus tôt son ton était pourtant différent. Vers 20h locales, sur RFO Télé-Guadeloupe, il avait appelé les manifestants à «laisser les gendarmes ‘débarrer' (retirer les barrages, ndlr) et à les reconstituer après leur départ». Appelant à «renforcer la mobilisation», Elie Domota avait aussi affirmé que «plus il y a de Guadeloupéens sur les routes, plus Sarkozy, Fillon et consorts comprendront qu'il faut satisfaire nos revendications».

    Le pouvoir et le président de la République en particulier sont la cible des protestations sur l'île.
    Le pouvoir et le président de la République en particulier sont la cible des protestations sur l'île. Crédits photo : AFP

    Mercredi matin sur RTL, il a répété cet appel au calme. Elie Domata a jugé que le secrétaire d'Etat à l'Outre-Mer et le préfet de région portent «l'entière responsabilité» des violences de la nuit. Il a aussi dénoncé les violences de certains membres des forces de l'ordre à l'encontre des manifestants et même des «propos racistes» comme «sales nègres» assénés à certains d'entre eux. Le dirigeant du LKP a estimé que la Guadeloupe représentait toujours aux yeux du pouvoir métropolitain une «colonie» traitée avec «mépris». Il a appelé Yves Jégo à «respecter ses engagements» plaidant notamment en faveur d'un plan «pour l'emploi et la formation des jeunes». Un peu plus tôt sur Europe 1, le gouvernement, par l'intermédiaire de son porte-parole Luc Chatel, a également lancé «un appel au calme». Il s'est refusé à donner des engagements, alors que le collectif qui mène la grève générale et les élus locaux insistent sur le fait qu'un pré-accord conclu avec Yves Jégo prévoyait une garantie de l'Etat à compenser par des baisses de charges une hausse des bas salaires.

    Ces violences surviennent alors que le président de la République doit recevoir jeudi à Paris les parlementaires et présidents des collectivités territoriales de Guadeloupe et Martinique.

    En Martinique, un accord a été conclu entre le «collectif du 5 février contre la vie chère et pour l'emploi» et les représentants de la grande distribution de l'île. Cet accord pourrait permettre une baisse du prix de certains produits de première nécessité. Les négociations doivent reprendre mercredi.

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