La parole est aux étrangers La mairie de Paris va créer mardi une assemblée des Parisiens non européens. Un moyen de les associer à la vie locale, avec en arrière-plan le droit de vote des étrangers.Encore une fois, Roger Yoba va prendre son bâton de pèlerin. Ce Camerounais de 56 ans, arrivé en France en 1978, est un inlassable promoteur de la citoyenneté pour tous, même pour les étrangers. Depuis 2001, il est un des pivots du conseil de la citoyenneté des résidents étrangers dans le XXe arrondissement, pionnier de ce débat à Paris.
Il est candidat aujourd’hui pour figurer dans la future assemblée des citoyens parisiens extracommunautaires (ACPE), créée mardi par la mairie de Paris. « Depuis 2001, l’impression est mitigée, analyse cet intellectuel, titulaire d’un DEA de cinéma. C’est très difficile d’intéresser, de motiver les étrangers non européens sur la citoyenneté, le droit de vote… Souvent on me demande : A quoi ça va servir ton truc ? Quel pouvoir tu as ? Qui représentes-tu ?
» Roger, lui, est persuadé de l’utilité de ces structures : « A chaque élection, je me dis : Pourquoi un Bulgare, ressortissant de l’Union européenne, peut voter aux élections locales, et pas moi, Camerounais dont l’histoire est intimement liée à celle de la France ? C’est une discrimination très dure à accepter. » Son opiniâtreté a payé. Dans le XXe, le conseil a abouti à la création d’une fête de la République « laïque et métissée », à la prise en compte de la question des foyers de travailleurs migrants, la création d’un guide d’accueil traduit en 6 langues… « Certains de nos voeux ont même été votés pas le Conseil de Paris ! » lance-t-il fièrement. La participation à ce conseil a même poussé des membres à se faire naturaliser, dont une Camerounaise devenue depuis conseillère d’arrondissement.
Mais huit ans après, il faut renouveler le conseil du XXe , et la tâche est lourde. « On veut des femmes, des représentants de toutes les nationalités, ce n’est pas facile, témoigne Danielle Simonnet, conseillère de Paris (Parti de gauche) qui a monté le conseil du XXe en 2001. On a du mal à convaincre les Chinois, les Turcs, les Tamouls, mais aussi les femmes. » Roger Yoba l’accompagne depuis plusieurs semaines dans les cours d’alphabétisation, dans les centres sociaux, pour trouver du sang neuf. « Il y a des barrières culturelles et psychologiques très fortes à briser, notamment sur la pratique démocratique, explique Roger. Pourtant, c’est une reconnaissance pour nous, ça fait partie de notre dignité. »
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mardi 9 février 2010
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