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mardi 1 décembre 2009

[EDUCATION] L'Unef en campagne pour la régularisation des étudiants sans-papiers (Libération)


Au nombre de 1000 à 2000 selon le syndicat, leur séjour à la fac relève du parcours du combattant.

Affiches, slogan –«Egaux dans les amphis, inégaux devant la loi»–, permanences dans les facs, lettre ouverte au ministre de l'Immigration Eric Besson, pétition déjà signée par une dizaine de présidents d'université... Le syndicat étudiant l'Unef a lancé ce lundi une campagne pour la régularisation des étudiants sans-papiers. Sur les 266.000 étudiants étrangers en France, combien sont en situation irrégulière? De 1000 à 2000 chaque année selon le syndicat, impossible à évaluer selon le ministère de l'Immigration.

Sans papiers en règle, ces étudiants subissent une «triple précarité», explique l'Unef: précarité sociale puisqu'ils n'ont accès ni aux bourses, ni au logement étudiant, ni au travail déclaré ; précarité pédagogique (manque d'accompagnement, difficultés au quotidien pour s'inscrire à la bibliothèque universitaire par exemple) ; précarité administrative enfin, de la difficulté à renouveler un visa à la menace d'expulsion.

Un étudiant étranger peut se retrouver en situation irrégulière dans trois cas de figure. Il peut s'agir de jeunes arrivés mineurs en France, qui ont passé leur bac dans un lycée français mais se retrouvent ensuite en situation irrégulière à leur majorité. Deuxième profil type, l'étudiant arrivé avec un visa étudiant d'un an, qui valide son année, veut continuer son cursus en France mais se voit refuser le renouvellement de son titre de séjour par la préfecture. Troisième cas, l'étudiant accepté dans une université française mais qui, faute d'avoir pu obtenir un visa étudiant auprès du consulat de France dans son pays, arrive en France avec un visa touriste de trois mois.

Titres de séjour calés sur les cycles d'étude

«Ces étudiants vivent la peur au ventre, dénonce Jean-Baptiste Prévost, président de l'Unef. On ne demande pas un traitement de faveur, mais le droit pour eux à étudier sereinement. Le gouvernement ne peut pas d'un côté s'enorgueillir du rayonnement international de nos universités et de l'autre faire des étudiants étrangers les victimes d'une politique de gestion des flux migratoires de plus en plus dure.»

L'Unef, qui dénonce «l'arbitraire des préfectures» en matière de renouvellement de visas étudiants, réclame «une circulaire qui définisse clairement les critères de régularisation au titre du séjour étudiant» et la mise en place de titres de séjour pluriannuels, calés sur les cycles d'étude. Ce dernier point est déjà prévu dans La loi Ceseda du 24 juillet 2006 (sur les conditions de séjour des étrangers), mais n'a jamais été suivi d'effets dénonce le syndicat. Faux, répond le ministère de l'Immigration, qui fait savoir que ce titre de séjour «bénéficie déjà à plusieurs centaines d'étudiants».

De même, se défend le ministre Eric Besson dans un communiqué, la France ouvre largement ses portes aux d'étudiants étrangers: «Le nombre d’étudiants étrangers accueillis en France a augmenté de 80% sur les dix dernières années. En 2008, 68.647 visas de long séjour pour études ont été délivrés à des ressortissants étrangers, soit une progression de 12% par rapport à 2007». Voilà pour la «tradition d'accueil».

Côté fermeté, le ministre se veut inflexible sur la question des étudiants arrivés avec un visa touriste, «l’un des cas les plus répandus de fraude au droit de l’entrée et du séjour en France», selon lui. Cette pratique «ne doit faire l’objet d’aucune bienveillance, quand bien même le fraudeur revendiquerait le statut d’étudiant.»

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