Pages

vendredi 4 décembre 2009

[GUINEE] Moussa Dadis Camara blessé par son aide de camp (Le Monde)

Les autorités guinéennes ont renforcé la sécurité dans la capitale, Conakry, vendredi 4 décembre, quelques heures après l'attaque dont a été victime le chef de la junte militaire. Le capitaine Moussa Dadis Camara, 45 ans, au pouvoir en Guinée depuis près d'un an, a fait l'objet jeudi d'une tentative de meurtre par son aide de camp, Aboubacar Sidiki Diakité dit "Toumba". Ce dernier a ensuite été arrêté.

"Le gouvernement peut présenter l'assurance que la situation est sous contrôle", a déclaré un responsable de la junte dans une déclaration lue à la télévision publique. "Dieu merci, le président se porte bien", a assuré le porte-parole du chef de la junte, Idrissa Chérif, peu avant 22 h 30. Se voulant rassurant, M. Chérif a cependant refusé de dire si le président avait été "blessé à la tête", comme l'avait assuré une source militaire. Ces faits interviennent dans un contexte de crise aiguë pour la Guinée, deux mois après le massacre d'opposants qui réclamaient la fin de la "dictature militaire" et exigeaient que le capitaine putschiste ne soit pas candidat à la présidentielle.

AVION MÉDICALISÉ SÉNÉGALAIS

Le Sénégal a envoyé à Conakry un avion médicalisé "pour emmener vers Dakar" le chef de la junte guinéenne, indique un responsable sénégalais. "Il est blessé, on ne connaît pas le degré et la nature de sa blessure", a précisé ce responsable, ajoutant : "S'il peut être soigné à Dakar, il sera soigné à Dakar, sinon, il sera emmené ailleurs."

Selon les autorités guinéennes, la tentative de meurtre s'est produite au "camp Koundara", dans le centre administratif de Conakry, où des habitants avaient fait état de "tirs nourris" peu après 19 heures. Le chef de la junte a ensuite été transféré vers une autre base militaire, le camp Samory Touré, pour y être soigné, selon des témoins. La ville était alors sous forte tension, quadrillée par les militaires et survolée par des hélicoptères.

TOUMBA ET LE MASSACRE DU 28 SEPTEMBRE

"L'arrestation" de Toumba a été annoncée à la radio d'Etat par le secrétaire d'Etat guinéen Moussa Tiegboro Camara. Toumba, qui assurait auparavant la sécurité personnelle du chef de la junte, est sur la sellette depuis le massacre du 28 septembre, car il a été désigné par de nombreux témoins comme un meneur de la répression sanglante. L'organisation Human Rights Watch (HRW) avait écrit dans son rapport sur le massacre d'au moins cent cinquante opposants par les forces de sécurité : "Tous les témoignages ont indiqué que les meurtres ont été exécutés par des membres de la garde présidentielle (...) et que l'officier commandant les "bérets rouges" dans le stade était le lieutenant Aboubacar Diakité, dit 'Toumba'". Ces derniers mois, de fortes tensions étaient perceptibles au sein de l'armée guinéenne.

Diverses hypothèses ont été avancées pour expliquer la tentative de meurtre. Un responsable de la police assure que le secrétaire d'Etat Moussa Tiegboro Camara avait fait "arrêter des hommes proches de Toumba, dans le cadre de sa mission de lutte contre les trafiquants de drogue". "Toumba est allé jeudi avec quelques soldats au centre-ville pour tenter de libérer ses proches détenus" et "une bagarre" a éclaté, puis une "fusillade", a-t-il dit. "Le capitaine Dadis Camara a ensuite décidé d'aller restaurer le calme. Après explications, il s'en est violemment pris à son ex-aide de camp, qui lui a tiré dessus", a ajouté cette source policière.

De son côté, un membre de la garde rapprochée de Toumba assure qu'"il y a eu une discussion entre le président et Toumba pour 'l'affaire' du 28 septembre, le président a voulu le dénoncer en disant qu'il est l'acteur principal [du massacre] et Toumba a tiré sur lui", le blessant "à la tête".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire