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vendredi 18 décembre 2009

[MEMOIRE] Reims : Le «monument aux Noirs» de retour à Reims ? (Libération)

A Reims, on a la nostalgie d’une statue en bronze, en forme d’hommage à l’armée noire. Un groupe de cinq soldats, quatre Noirs et un Blanc, de plus de sept mètres de haut, érigée en 1924 sur la ligne de front de la Première Guerre mondiale. Depuis quatre ans, Cheikh Sakho, un professeur d’anglais d’origine sénégalaise marié à une Champenoise, remue ciel et terre pour qu’on ressuscite la mémoire commune des Français et des Africains. Les collectivités territoriales ont entendu l’appel. Aujourd’hui, la mairie de Reims planche sur la reconstruction de ce monument, démantelé par les nazis en 1940. L’Etat et la région promettent de verser 60% des 800 000 euros nécessaires pour remouler le bronze, si la mairie et l’association en charge du monument réunissent les 40% restants.

En 1921, déjà, le comité aux héros de l’armée noire avait lancé une souscription pour rendre hommage aux 30 000 tirailleurs sénégalais tombés pour la France. Deux sites avaient été choisis pour installer deux sculptures : Reims, donc, et Bamako, capitale de l’actuel Mali.

A Reims, le marquis de Polignac, des champagnes Pommery, avait même offert un terrain en bordure de ses vignobles pour que cette sculpture de Paul Moreau-Vauthier installée sur un socle de quatre mètres domine l’axe qui relie le fort de la Pompelle à la cathédrale. Les nazis se sont empressés de déboulonner ce symbole de la force noire pour l’expédier en Allemagne.

En guise de monument, ne reste plus aujourd’hui qu’une stèle et deux colonnes abstraites, que les Rémois appellent «les oreilles de lapin». En fait, l’œuvre d’étudiants des beaux-arts, faute d’avoir pu reconstruire la statue originelle. Dans les années 50 et 60, les anciens combattants locaux s’étaient mobilisés pour cette cause, en vain. «On était en pleine période de décolonisation», explique Jacques Cohen, adjoint au tourisme. «Du coup, raconte Cheikh Sakho, l’œuvreest tombé dans l’oubli. Aujourd’hui, seuls les anciens s’en souviennent. Ils l’appellent le "monument aux Noirs".» La mairie a fini par se rendre à Bamako pour étudier la sculpture rescapée après avoir tergiversé : «On avait peur que cette statue soit perçue comme un symbole du colonialisme» résume Jacques Cohen. Pour Cheikh Sakho, impatient : «Enfumage. Cette statue n’est rien d’autre qu’un formidable symbole de notre identité nationale, multiple.»

1 commentaire:

  1. Quid du parallèle à faire avec la polèmique sur l'énorme statue du président Wade au sénégal ?

    Statues Totem ??

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