La décision de Laurent Gbagbo de dissoudre le gouvernement et la Commission électorale indépendante renvoie à une date inconnue l’introuvable élection repoussée depuis quatre ansAvec un art consommé du coup de théâtre, Laurent Gbagbo a pris à revers la classe politique ivoirienne et la communauté internationale en annonçant, vendredi 12 février, la dissolution du gouvernement et de la Commission électorale indépendante (CEI). Au président de cette institution, Robert Beugré Mambé, il reproche d’avoir « mené une opération illégale, visant à obtenir l’inscription frauduleuse de 429 030 personnes sur la liste électorale ».
Le parti présidentiel a exercé des pressions maximales en vue d’obtenir la démission de ce proche du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), l’ancien parti unique fondé par Félix Houphouët-Boigny : menace de poursuites judiciaires, d’emprisonnement, démission de membres de la CEI… Faute d’arriver à ses fins, le camp présidentiel a donc choisi la manière forte, avec l’objectif à peine dissimulé de « dépolitiser » une institution où l’opposition est jugée trop puissante. De fait, les membres de la CEI, quel que soit leur bord, sont loin d’avoir respecté le devoir de réserve auquel ils étaient astreints, communiquant avec leurs partis respectifs.
Laurent Gbagbo a aussi dissous le gouvernement, tout en reconduisant à sa tête son allié Guillaume Soro, leader de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN). Il l’a chargé de former « un gouvernement de sortie de crise, au service des Ivoiriens et non aux ordres des partis politiques ». C’est avec les seules FN, qui contrôlent toujours la moitié nord du pays, que Laurent Gbagbo avait signé, en 2007 à Ouagadougou, un accord de paix dont il se présente comme le garant.
Quelles sont les réactions à cette décision ?
Élu en 2000 à l’issue d’un scrutin qu’il avait lui-même qualifié de « calamiteux » et dont étaient exclus deux des principaux prétendants, Laurent Gbagbo s’est maintenu au pouvoir depuis le terme officiel de son mandat en octobre 2005. Si, comme cela semble de plus en plus probable, l’élection présidentielle reportée depuis cette date n’a pas lieu d’ici à octobre prochain, Laurent Gbagbo commencera donc virtuellement un troisième mandat. À moins qu’il ne prenne à nouveau tout le monde à contre-pied en organisant à très court terme un scrutin.
Le pays risque-t-il à nouveau de basculer dans la violence ?
L’absence de désarmement des anciens rebelles du Nord comme des anciennes milices pro-Gbagbo de l’Ouest peut faire craindre des explosions de violence localisées. Par ailleurs, la présence de soldats de la paix (7 000 casques bleus et 900 soldats français de l’opération Licorne) serait de peu d’utilité en cas de manifestations dégénérant à Abidjan.

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