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jeudi 25 février 2010

[MALI] L'otage français libéré (Libération)

La branche maghrébine d’Al-Qaeda a libéré mardi l’otage français qu’elle détenait depuis près de trois mois dans le nord du Mali, peu après après avoir obtenu de Bamako la remise en liberté de quatre islamistes.

«Pierre (Camatte) a été libéré. Il se porte bien, c’est le plus important», a déclaré par téléphone à l’AFP l’un des principaux négociateurs maliens, sous couvert de l’anonymat, mardi en début de soirée.

Les autorités françaises ont confirmé un peu plus tard la libération de M. Camatte, 61 ans.

Lors d’une conversation téléphonique, le chef de l’Etat Nicolas Sarkozy «a remercié chaleureusement le président (malien) Amadou Toumani Touré pour la gestion de cette crise et l’a assuré du soutien de la France dans la lutte contre le terrorisme», a indiqué un communiqué de l’Elysée.

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a précisé que M. Camatte était «actuellement en route vers Bamako d’où il regagnera la France», selon un communiqué de son ministère.

Camatte avait été kidnappé en pleine nuit le 26 novembre 2009 dans un hôtel de Ménaka (nord-est) par des Maliens de la région qui l’auraient ensuite «vendu» à Aqmi, selon des sources maliennes.

Depuis, il aurait été retenu par le groupe de l’Algérien Abdelhamid Abou Zeïd, responsable de l’assassinat en juin 2009 d’un touriste britannique, l’otage Edwin Dyer.

Il a été libéré dans le grand nord du Mali, dans la région de Kidal, selon ce négociateur.

Le frère et la compagne de Pierre Camatte ont exprimé leur joie à l’annonce de sa libération.

«On a passé trois mois difficiles, mais on avait confiance. On attend juste de le retrouver», a indiqué Jacky Camatte à l’AFP.

«Je ne sais pas encore quand je vais le revoir, ni ce que je vais lui dire, mais c’est formidable», a précisé sa compagne.

La libération de l’otage français survient sur fond de crise diplomatique entre le Mali et deux pays voisins. L’Algérie et la Mauritanie ont en effet décidé de rappeler, chacun, leur ambassadeur à Bamako pour protester contre la remise en liberté de présumés terroristes algériens et mauritanien.

Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), qui retient par ailleurs toujours cinq autres otages européens, avait menacé de tuer Pierre Camatte si elle n’obtenait pas la liberté de ces quatre islamistes (deux Algériens, un Burkinabè, un Mauritanien).

Lundi, un conseiller du président malien Amadou Toumani Touré avait justifié ces remises en liberté en expliquant: «Nous étions confronté à un problème: comment tout faire pour sauver la vie du Français».

Mais, dans les pays voisins, cette attitude a été critiquée comme une faiblesse inacceptable face au terrorisme.

Comme la Mauritanie l’avait fait lundi, l’Algérie a décidé mardi de rappeler, «pour consultation», son ambassadeur à Bamako.

La décision de Bamako de libérer «des terroristes recherchés par des pays voisins est un développement dangereux pour la sécurité et la stabilité dans la région sahélo-saharienne et sert, objectivement, les intérêts du groupe terroriste s’activant dans la région sous la bannière d’Al-Qaïda», a déclaré le ministère algérien des Affaires étrangères.

En Mauritanie, le porte-parole du parti au pouvoir (Union pour la République, UPR), Saleh Ould Dehmache, a jugé que la décision malienne n’avait «pas été bien calculée», car «elle encourage et rétribue les forfaits de ces groupes hors-la-loi qui menacent la paix dans toute la région».

Les cinq otages européens toujours détenus dans le désert malien ont été capturés sur le territoire mauritanien: trois Espagnols le 29 novembre puis un couple d’Italiens le 17 décembre.

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