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jeudi 25 février 2010

[POLITIQUE] Le maire UMP de Franconville s'excuse pour son accusation bidon contre Soumaré (Libération)

Francis Delattre avait notamment affirmé que le candidat socialiste au régionales, Ali Soumaré, était l'auteur d'un vol aggravé en 2004. Il reconnaît aujourd'hui qu'il s'agissait d'un homonyme mais maintient ses accusations sur «quatre autres événements judiciaires».

Forcé de reconnaître cette embarrassante boulette de l’«homonymie» révélée hier par la procureure de Pontoise, le maire UMP de Franconville, Francis Delattre, présente ses excuses à Ali Soumaré, tête de liste PS du Val-d’Oise pour lui avoir mis sur le dos un «vol aggravé» remontant à 2004. Une affaire dans laquelle a été condamné un autre Ali Soumaré, mineur à l’époque des faits... Mais l’élu UMP ne désarme pas, assurant que les quatre autres «événements judiciaires» qu’il avait imputés au socialiste sont «confirmés». Et ce malgré la gêne que cette affaire a suscitée au sein de l’UMP francilienne.

«Il est exact que le jugement du 8 février 2007 [...] concerne son homonyme», admet à propos d’Ali Soumaré, l’avocat du maire de Franconville, Me François Froment-Meurice, dans un communiqué . «M. Francis Delattre présente à M. Ali Soumaré ses excuses publiques pour cette erreur», ajoute-t-il.

Sans lâcher sur le reste. Le communiqué intitulé «Les réalités judiciaires» rappelle ainsi les autres affaires exhumées, par Francis Delattre et le maire UMP de Saint-Leu-la-Forêt, Sébastien Meurant, qui avaient Soumaré taxé de «délinquant multirécidiviste»: un vol de 1999 que l'intéressé assume – «J’étais encore en pleine crise d’adolescence. J’ai payé ma dette», a-t-il confié à Libération. L’affaire de juillet 2009 pour «rébellion à agents de la force publique», pour laquelle il a fait appel lundi. Et deux procédures en cours pour des faits qu’il nie: «violences ayant entraîné une ITT [incapacité temporaire de travail] de moins de 8 jours» et conduite sans permis. Pour laquelle «aucune ordonnance n’a été signifiée à M. Soumaré», a indiqué mardi Marie-Thérèse de Givry, la procureure de Pontoise.

«M. Soumaré est un personnage obscur»

Hier soir, la chef de file de l’UMP, Valérie Pécresse, a dû se démarquer, dans un communiqué, avec «l’initiative de Francis Delattre» et de Sébastien Meurant, maires de Franconville et de Saint-Leu-la-Forêt, qu’elle «condamne». Une «démarche qui ne correspond ni à sa conception de la politique, ni à ses valeurs», précise le texte.

Nouveau malaise: selon Lemonde.fr qui cite Axel Poniatowski, tête de liste UMP du Val-d’Oise, Pécresse avait «donné son accord» à l’explosif communiqué des deux élus du Val-d’Oise. Poniatowski qui avait relayé ces allégations, «outré» d’apprendre que son rival PS était «un repris de justice, multirécidiviste qui plus est», fait, ce matin, un demi-mea culpa: «Il est certain que son passé judiciaire n’est pas aussi lourd que ce que l’on pouvait penser. Il n’en reste pas moins que M. Soumaré est un personnage obscur», tente-t-il.

Plus tard dans la journée, il dément: «J’ai déclaré avoir informé Valérie Pécresse, sans requérir son approbation, que je sortais un communiqué en réaction à celui de MM. Delattre et Meurant», rattrape-t-il.

Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, ne se démonte pas. Si la justice a démenti en partie le passé judiciaire que le tandem de l’UMP imputait à Soumaré, lui n’aurait «pas pris sur une liste UMP» un candidat comme lui: «Si le parti socialiste a jugé que pour représenter, ses valeurs ce candidat en était digne, c’est sa responsabilité.» Passant vite sur la boulette commise par les deux maires, Estrosi rétorque sur RTL qu’«il y a un faux et il y a un vrai casier judiciaire».

A la manière du député de Seine-Saint-Denis, Eric Raoult qui pestait, hier soir, contre une «campagne amateur» et sans «patronne», Fadela Amara se garde bien de soutenir sa collègue du gouvernement. «On est dans des dérives et des dérapages qui ne sont pas bons pour la vie politique», regrette, sur TV5 Monde, la secrétaire d’Etat à la Ville, qui blâme une campagne «puante». Selon Amara, «une chose est sûr c’est que le fait qu’il soit noir a joué» dans les attaques contre lui «et ça ça ne sent pas bon».

«Utilisation étrange de fichiers policiers»

Soulagé par l’intervention de Marie-Thérèse de Givry, sur France Bleu 107.1, le PS se concentre, de son côté, sur le modus operandi des deux investigateurs de l’UMP: «Nous trouvons absolument intolérable qu’il y ait eu de toute évidence une utilisation étrange de fichiers policiers par un parti politique pour essayer de le salir en tant que candidat», a dénoncé Harlem Désir, numéro deux du parti, à l’issue du Bureau national, hier soir.

Le député PS, Michel Sapin, s’élève aussi contre une «méthode de malpropres» sur LCI. Notant que Pécresse avait d’abord demandé des comptes à Ali Soumaré, il ajoute: «Quand on fait de pareilles erreurs, la moindre des choses est de les reconnaître et d’aller sanctionner ceux qui ont été porteurs de ces saloperies.»

A son tour, Pierre Moscovici interpelle la chef de file de l’UMP francilienne, jugeant ses regrets un peu courts : «Il faut s’excuser parce qu’en République c’est pas comme ça qu’on fait des campagnes, c’est indigne», sermonne le député PS sur France Info, exigeant «des paroles extrêmement fermes, extrêmement dures» de la part de Xavier Bertrand, patron de l’UMP et de Valérie Pécresse.

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